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Société civile, mouvance présidentielle et de opposition au sujet de la date des élections locales fixée au 23 janvier 2022 : une mésentente à la peau dure

La date du 23 janvier fixée pour le 23 janvier 2022 ne fait pas l’unanimité. Même s’ils reconnaissent que le décret est, en soi, légal, il n’en demeure pas moins que le directeur exécutif de l’Ong 3D, Moundiaye Cissé, ainsi que Saliou Sarr du Front de résistance nationale (Frn) déplorent l’absence de consensus. Toutefois, cet avis n’est pas partagé par le camp de la Majorité qui, d’après Cheikh Sarr, estime que, le désaccord qu’ils ont eu avec l’opposition n’est pas politique, mais technique.

Le chef de l’Etat a fini par trancher. Ayant fait l’objet d’un désaccord entre opposition et pouvoir dans le cadre du dialogue politique, la date du scrutin local a finalement été rendue publique. Le président Macky Sall a, par décret du 10 mai 2021, fixé la date du prochain scrutin pour le renouvellement général du mandat des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022. Une décision qui ne semble pas surprendre certains acteurs, même si elle ne souffre d’aucune illégalité. En effet, d’après la figure de proue de l’Ong 3D interpellée en ce sens par ‘’Source A’’, «le décret est conforme à la loi électorale. Le code électoral détermine le rôle de chaque partie prenante aux élections. Les députés qui représentent le pouvoir législatif, disposent du pouvoir de proroger le mandat des élus locaux tout en fixant la période de plafond. Maintenant, il revient au président de la République, qui est le pouvoir exécutif, de fixer par décret, la date des élections. C’est de ce point de vue que je dis que le décret du 10 mai ne souffre d’aucune illégalité.»

Moundiaye Cissé : «le décret est conforme à la loi électorale, mais l’absence de consensus est à déplorer»

Moundiaye Cissé déplore «l’absence de consensus». «Le décret a été pris en marge de tout consensus. C’est dommage qu’il en soit ainsi. Et il faut le regretter», dit-il. Pour lui, le seul point positif de cette décision, c’est la tenue des élections. «Parce que la volonté des populations a été, pendant longtemps, kidnappée par les élus locaux. Sur ce point, au moins, cette décision soulage les citoyens.» À présent que le vin est tiré, M. Cissé demande qu’il faut, maintenant, que le calendrier électoral soit respecté.

Moundiaye Cissé : «le seul point positif de cette décision, c’est la tenue des élections. «Parce que la volonté des populations a été, pendant longtemps, kidnappée par les élus locaux» 

Outre le manque de consensus entre opposition et pouvoir qu’il déplore, Moundiaye Cissé met en garde contre toute tentative de reporter la date de la tenue des élections législatives, la même année. «Le fait de fixer le scrutin au 23 janvier 2022 ne doit pas être un motif pour repousser les Législatives. Il est tout à fait possible d’organiser deux élections (locales et législatives) en une seule année.

D’ailleurs, cela s’est produit plus d’une fois au Sénégal. En 2007, on a assisté à deux élections : la Présidentielle et les Législatives. En 2012 également, il s’est passé la même chose. On a organisé trois élections cette année-là : les deux tours de la Présidentielle en février et mars, et les Législatives quelques mois plus tard. Donc, qu’on écarte toute idée de report des élections législatives!» Pour le directeur exécutif de l’Ong 3D, c’est pour écarter cette éventualité que l’opposition a tenu que les élections locales se tiennent en décembre 2021.

Quid d’un éventuel impact du projet de redécoupage administratif de la région de Dakar sur la tenue du scrutin en janvier 2022 ? Le directeur exécutif de l’Ong 3D estime que s’il s’agissait d’une élection présidentielle, ce projet n’aurait aucun impact. Mais là, il s’agit d’élections locales. Donc, l’électeur vote pour l’élection de conseillers départementaux et municipaux, donc la circonscription à laquelle appartient l’électeur est importante vu que sa voix ne compte pas au niveau national, mais au niveau local. La carte électorale va changer.» Il ajoute : « Pour cela, il y aura une période de révision des listes, une production de nouvelles de nouvelles cartes d’électeur et leur distribution. »

Saliou Sarr, Frn : «en fixant la date du scrutin au 23 janvier 2022, il n’a fait qu’adopter la proposition des représentants du pouvoir au dialogue»

Moundiaye Cissé n’a pas, cependant, manqué de fustiger le redécoupage sélectif, limité à la région de Dakar. Deux questions le taraudent à cet effet. «Pourquoi limiter le redécoupage seulement à la région de Dakar ? Et pourquoi justement porter ce projet maintenant et non il y a deux ans ? Si c’est pour corriger des incohérences territoriales, Dakar n’est pas la seule région concernée. On peut citer Thiès, Ziguinchor, Fatick et même Kaffrine.»

Même son de cloche du côté du Saliou Sarr du Front de résistance nationale (Frn). Pour ce dernier qui précise ne donner que son point de vue personnel et non celui du Front (qui ne s’est pas encore réuni pour s’épancher sur la question), «c’est avec regret» qu’il a constaté la décision du président de la République. «Le président a la latitude de prendre des décisions, mais il ne faut pas oublier que c’est lui qui a appelé au dialogue. En fixant la date du scrutin au 23 janvier 2022, il n’a fait qu’adopter la proposition des représentants du pouvoir au dialogue. Nous avions proposé le mois de décembre de cette année, mais finalement il a choisi la proposition faite par son camp», a-t-il déploré.

S’agissant de l’impact que peut avoir le projet de redécoupage administratif de la région de Dakar sur le déroulement du scrutin, Saliou Sarr préfère parler d’un processus de découpage non participatif et non inclusif. «L’adoption d’un tel projet devait inclure les représentants des populations locales. Malheureusement, cela n’a pas été fait. Dès lors, il faudra penser à revoir la carte électorale et redéfinir les circonscriptions. Tout cela peut se faire dans le temps. Nous sommes dans les délais.»

Cheikh Sarr de ‘’Benno Bokk Yakaar’’ : «Le désaccord  entre l’opposition et le pouvoir est plutôt technique et non politique»

Au moment où certains acteurs déplorent le manque de consensus, le camp de ‘’Benno Bokk Yakaar’’, lui, se félicite de cette décision prise ce lundi 10 mai par le président de la République. Cheikh Sarr soutient, à cet effet, que le désaccord entre l’opposition et le pouvoir était plus technique que politique. Pour ce plénipotentiaire de la Majorité présidentielle, la date du 23 janvier a été proposée sur la base d’un planning bien défini qui prend en compte les délais de révision et d’inscription sur les listes électorales, sans oublier l’achèvement de la mission d’audit.

Ndèye Aminata Sagar DIAHAM (SourceA)

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