Le président du Conseil militaire de transition, le général tchadien Mahamat Idriss Déby s’est exprimé pour la première fois depuis sa prise de fonction en avril dernier. Dans une interview donnée à Jeune Afrique, le fils de feu Idriss Déby est revenu sur la mort de son père ou encore la transition. Une prise de parole qui n’a pas laissé sans réaction l’opposition.
C’est en officier que Mahamat Idriss Déby a vécu la mort de son père. « J’étais encore en plein combat à quelques kilomètres au Sud », raconte-t-il lorsque le « Maréchal » – c’est ainsi qu’il appelle son père dans toute l’interview – a reçu la blessure qui allait lui être fatale. « Ce n’est que vers midi, après avoir écrasé les mercenaires, que j’ai appris son évacuation par hélicoptère sur Ndjamena. C’est au cours de mon retour que j’ai été informé de son décès. »
« Un choc violent, reconnaît-il. Pour moi, pour notre famille, pour les Tchadiens, pour l’Afrique. Mais le chaos que prévoyaient les soi-disant tchagologues ne s’est pas produit », souligne-t-il. La transition est devenue militaire parce que le président de l’Assemblée nationale, à qui revenait le pouvoir, a refusé de prendre cette charge, insiste Mahamat Idriss Déby, qui refuse toute comparaison avec le putsch militaire au Mali.
Des élections sont prévues dans 18 mois, un délai qui sera respecté à deux conditions, souligne-t-il : que les Tchadiens s’entendent et que le pays reçoive l’aide indispensable, selon lui, à l’organisation du scrutin que le Trésor tchadien ne peut supporter seul.
« Les Africains sont tout à fait capables de se défendre »
Toujours dans cette interview, Mahamat Idriss Déby prend acte de la fin annoncée de l’opération Barkhane par le président français. « Je crois que les Africains sont tout à fait capables de se défendre eux-mêmes contre le fléau jihadiste, commente-t-il. Les engagements du Tchad seront maintenus au sein de la Minusma et du G5 Sahel. »
Avec la libération d’opposants et une transition qu’il souhaite inclusive, l’heure est à l’apaisement, reconnaît-il, après les affrontements meurtriers du 27 avril sur lesquels une enquête est en cours. Mais il n’est pas question de reconnaître ceux qu’il qualifie de mercenaires tchadiens en Libye, le Fact (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad), qu’il ne nomme jamais.
Enfin, Mahamat Idriss Déby nie toute dissension au sein de sa fratrie comme du CMT dont l’objectif est, insiste-t-il, de rendre le pouvoir au civil et de se retirer dans les casernes. Mais il laisse aussi une place à la providence : « Dieu décide du destin et du pouvoir ».
Rfi.fr