«Attaquer une église, tuer un prêtre, c’est profaner la République qui garantit la liberté de conscience. C’est semer l’effroi. Car ce que veulent les terrorristes, c’est nous diviser, nous séparer, nous opposer, nous déchirer. Notre pays doit éviter les surenchères, les polémiques, les amalgames, les suspicions. »
Par ces mots prononcés mardi soir à Paris, le chef de l’Etat a fait allusion aux attaques dont son gouvernement et lui-même sont de nouveau l’objet depuis l’attaque au couteau d’une église en Normandie, qui s’est soldée par la mort par égorgement d’un prêtre, mardi 26 juillet. Comme après l’attentat de Nice, l’exécutif est en effet ciblé par une large partie de la droite et par l’extrême droite.
Marine Le Pen ouvre la valse
Marine Le Pen est sans doute l’une de celles qui ont cogné le plus fort, renvoyant gauche et droite dos à dos, et ciblant plus particulièrement le gouvernement actuel, accusé de ne « pas agir ». « Les Français demandent, et je me fais leur porte-parole : quand enfin le pouvoir va-t-il prendre les mesures qui s’imposent et mettre fin aux décennies d’aveuglement et de laxisme qui ont conduit la France là où elle est ? », accuse la présidente du Front national dans un communiqué.
Une critique également formulée par Nicolas Sarkozy. Le président du parti Les Républicains appelle l’exécutif à adopter « sans délai » les propositions défendues par sa formation politique. En l’état, certaines semblent inconstitutionnelles, mais pour l’ancien président, « les arguties juridiques, les précautions, les prétextes à une action incomplète ne sont pas admissibles ».
Nicolas Sarkozy mène la danse
Cette ligne politique, et ce ton très offensif, François Fillon et Jean-François Copé, deux autres candidats à la primaire de la droite, les ont également adoptés. Mais c’est bien Nicolas Sarkozy qui renchérit au lendemain du drame, dans un entretien accordé au quotidien Le Monde ce mercredi 27 juillet, intitulé « Nicolas Sarkozy : face à la » barbarie « , » la gauche est tétanisée » ».
« Toute la lumière devra être faite sur le parcours judiciaire de ces terroristes, sur les moyens de surveillance et sur l’appréciation de la dangerosité de ces individus », attaque Nicolas Sarkozy. « Le gouvernement devra répondre à la question : comment des individus fichés, dont l’un sous contrôle judiciaire pour avoir essayé d’aller faire le jihad en Syrie, ont été laissés libres de commettre un tel attentat ? »
Très peu pour le duo exécutif
L’exécutif a cependant fermé la porte dès mardi : il n’entend pas durcir la législation. Hors de question, pour François Hollande, de s’aventurer sur ce terrain-là. « Restreindre nos libertés, déroger à nos règles constitutionnelles, n’apporterait pas d’efficacité et affaiblirait à coup sûr la cohésion nécessaire à notre nation », estime le chef de l’Etat, pour qui l’idée de placer en rétention administrative les personnes radicalisés doit par exemple être écartée.
« Nous n’allons pas inventer une nouvelle loi à chaque attentat », explique pour sa part le Premier ministre Manuel Valls. Car les deux têtes de l’exécutif l’assurent : la France dispose de tous les outils législatifs pour mener sa « guerre » contre le terrorisme. Une affirmation qui ne devrait cependant pas suffire, loin de là, à apaiser les tensions, alors que le pays vient de connaître sa troisième attaque terroriste en un peu plus d’un mois, et que l’élection présidentielle se rapproche à grands pas.
Actusen.com avec Rfi.fr