Elhadj Sangoné Traoré ne fait pas partie des fils dont les parents se glorifient. Il a été attrait à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar par sa propre mère. Cette dernière l’a poursuivi pour menace de mort, injures publiques, violence et voie de fait à ascendant. Il a été condamné à 6 mois de prison ferme.
Un fils est censé apporter bonheur et plénitude à ses parents. Mais Elhadj Sangoné Traoré fait l’exception. Hier, il a été attrait à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar par sa mère. Il est poursuivi de menaces de mort, injures publiques et violence et voie de fait à ascendant, en l’occurrence, sa mère Codou Guèye Diène. Un fait assez rare, mais selon la mère, elle n’a pu trouver une autre solution. Son fils lui menait la vie très dure en l’humiliant tous les jours devant ses semblables.
Devant la barre des flagrants délits, la mère a relaté les misères que lui cause son fils. Incapable de se tenir debout, c’est avec des béquilles que la septuagénaire s’est présentée à l’audience. «C’est mon fils. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je l’ai trainé devant la justice. Si je l’ai fait aujourd’hui, c’est parce que je n’en peux plus. Chaque jour que Dieu fait, il ne cesse de semer la terreur dans la maison. Il insulte et se bagarre avec ses frères et sœurs. Moi, il ne m’insulte pas mais à chaque fois qu’il passe devant moi, il me lance des ‘’tchips’’ », déplore sa mère qui ajoute : « Maintenant je suis fatigué. Je suis allée me plaindre chez son marabout et partout où je pensais trouver de l’aide. Je suis la risée de mon quartier, à la Médina, où je ne vaux plus rien à cause de lui. Quand j’ai de la visite, il se comporte pire. Il claque les portes et injurie tout le monde.»
Elhadji S. Traoré, prévenu : «Je suis âgé de 37 ans mais je n’ai même pas de chambre dans la maison alors qu’il est temps pour moi de me marier et fonder une famille. Ce qui me fait le plus mal, c’est le mari de ma petite sœur qui est venu s’installer à la maison»
Prévenu d’avoir proféré des injures envers sa mère et de l’avoir menacée de mort, Sangoné a réfuté les faits. À l’en croire, il souffre d’un manque de considération dans la maison. Mais, d’après son récit, ses soucis avec sa famille ne sont pas une chose nouvelle. Car, son père, de son vivant, l’avait expulsé de la maison. » Mon père m’avait fait sortir de la maison parce qu’il disait qu’il ne voulait pas que j’aie un marabout. Ce n’est que 9 ans après qu’il m’a ramené à la maison. Je suis la dernière personne à qui il a parlé avant sa mort « , renseigne-t-il. La tête baissée, Elhadj renchérit : « Je suis âgé de 37 ans mais je n’ai même pas de chambre dans la maison alors qu’il est temps pour moi de me marier et fonder une famille. Ce qui me fait le plus mal, c’est le mari de ma petite sœur qui est venu s’installer à la maison. ». Pour les insultes, il déclare n’avoir jamais insulté sa mère ni ses sœurs. Pour lui, si sa mère l’a attrait à la barre, c’est parce qu’elle est influencée. Mais ce n’est pas de sa faute. À la question du juge de savoir s’il buvait de l’alcool ou fumait du chanvre indien pour se comporter ainsi, il répondit par la négative. Mais sa mère, assise sur le fauteuil car ne pouvant plus se tenir, lance : « Ce n’est pas vrai ! Il fume. C’est mon fils et je le connais mieux que quiconque! Si je vous dis qu’il fume, c’est parce qu’il le fait! » Toutefois, elle fait savoir que son fils ne boit pas d’alcool.
Venu apporter son témoignage, le frère du prévenu, Moussa Traoré déclare que son frère ne montre ce mauvais comportement que quand sa mère a un hôte. D’après lui, si son père avait fait sortir son jeune frère de la maison c’est parce qu’il voulait y imposer le mouridisme.
À la suite du procureur qui a requis 6 mois d’emprisonnement ferme contre El Hadji Mangoné, ce dernier a demandé à ce qu’on le laisse pour qu’il aille chercher un autre logement et déménager. « Si vous m’emprisonnez, je vais être fatigué. Il n’y a personne pour m’apporter son soutien. La preuve, depuis que je suis en garde-à-vue, personne n’est venu me rendre visite et s’enquérir de ma situation », implore-t-il.
À l’issue des débats, le tribunal a suivi le réquisitoire du parquet en déclarant Elhadj Sangoné Traoré coupable. Ainsi, il retourne à la citadelle du silence pour un séjour de 6 mois.
Adja Khoudia Thiam, Stagiaire-Actusen.sn