Le substitut du procureur a requis, ce vendredi, contre les prévenus cités dans l’affaire des passeports diplomatiques débusquée au ministère des Affaires étrangères. Ils comparaissaient devant le tribunal militaire de Dakar.
Telle une malédiction, le trafic de passeports diplomatiques est une activité en cascade au Sénégal. À peine que le tribunal de Dakar a clos l’affaire des faux passeports diplomatiques impliquant deux députés qu’un autre dossier similaire s’est ouvert, ce vendredi. Dans cette affaire, les protagonistes sont des hommes d’affaire Limamoulaye Seck, cerveau du trafic, et Aly Ndao, des agents au ministère des Affaires étrangères, en l’occurrence Badara Sambou et Cheikh Ibnou Araby Samb et deux gendarmes.
Il s’agit d’Assane Ndione, en service au Bureau des passeports diplomatiques du ministère des affaires Etrangères. Ce pandore facilitait l’enrôlement et le retrait des documents après leurs confections. Il y a également l’adjudant-chef Mamadou Lamine Bâ, en service à la Présidence. Il glissait les demandes dans le courrier de l’aide de camp qui devait être soumis, pour approbation, au président de la République.
Tous les six (6) comparaissaient, ce vendredi, au tribunal militaire pour répondre des faits d’association de malfaiteurs, de migration clandestine, de complicité de faux et usage de faux en écriture privée et faux dans un document administratif. Dépeint comme le présumé cerveau de ce vaste trafic qui a secoué la présidence et le ministère des Affaire étrangère, Limamoulaye Seck a avoué au tribunal qu’il gagnait 500.000 francs pour chaque passeport.
À l’en croire, sa mission était de collecter les cartes d’identité des clients et récupérer leurs passeports auprès de l’adjudant-chef Ba. Toutefois, il précise qu’il n’avait aucune relation particulière avec celui-ci à qui on lui demandait souvent de lui remettre de l’argent. Il renseigne que même le joueur de l’équipe nationale Kara Mbodj a bénéficié de ces passeports.
Interrogé à son tour, Badara Samb précise qu’il n’est pas un agent recruté au ministère des affaires étrangères mais juste un volontaire. Reconnaissant les faits qui lui sont reprochés, il explique avoir saisi Limamoulaye Seck après que des personnes l’ont contacté pour des passeports diplomatiques. «Sachant que c’est un business florissant, je lui ai fait la proposition. Je lui ai soufflé qu’il y’avait la possibilité de se faire de l’argent en délivrant des passeports diplomatiques à des citoyens qui donnaient 3, 4 jusqu’à 5 millions de francs».
Il a aussi conforté les déclarations de Cheikh Ibnou Araby Samb qui dit avoir été intégré par lui dans le groupe. «Je travaille aux affaire étrangères. Il m’a dit qu’il avait la possibilité de sortir des passeports diplomatiques. Badara Samb m’a dit de l’informer une fois que je trouve des clients. Ainsi, j’aurais ma part sur chaque passeport», confesse Cheikh Ibnou Samb.
Pour Aly Ndao, il soutient avoir gagné 500.000 francs sur les 4.500.000 francs. Selon la plaignante Marème Ba, c’est elle qui a payé ledit montant à Aly Ndao. À l’en croire, elle voulait que le passeport soit à son nom et pas à celui de la femme du directeur de Dubai port word.
Entendus à leur tour, les gendarmes Mamadou Lamine Ba et Assane Ndione ont plaidé non coupables. L’agent judiciaire de l’État a demandé que les intérêts civils de l’État soient réservés. «Nous ne savons pas le nombre de passeports qui ont été donnés et le préjudice que l’Etat a subi».
Pour le représentant du ministère public, il y’a eu des passeports diplomatiques qui ont été confectionnés et délivrés. «En amont, il y’a eu une procédure qui commence par une demande. Dans cette chaîne de transmission, il y’a quelqu’un qui est l’auteur de la demande d’obtention de passeport diplomatique. Cette lettre a été confectionnée en dehors des personnes qui ont sollicité le passeport. Il y’a donc une falsification des documents dans ses écritures mais également dans sa signature. Il y’a eu faux qui a permis l’établissement de ce passeport diplomatique».
De l’avis du parquet, tous ceux qui ont intervenu dans ce dossier veulent de l’argent. « La quête de l’argent. Il s’agit bien d’une association de malfaiteurs. Il y’a également eu corruption dans cette affaire parce que des sommes ont été distribuées. Les faits renferment également les faits d’escroquerie». À cet effet, le Procureur a invité le tribunal à tirer la conclusion qu’il y’a bien association de malfaiteurs parce que c’est un réseau. Pour la répression, il a requis contre chacun une peine ferme d’un (1) an.
À la suite de la défense qui a plaidé la relaxe, le tribunal a mis l’affaire en délibéré au 25 novembre. La demande de mise en liberté provisoire introduite par les conseils de assane Ndione est également rejetée par le juge.
Adja Khoudia THIAM (Actusen.sn)