15 ans de réclusion criminelle, c’est la peine requise par le Ministère public contre le chauffeur Saër Diop. Poursuivi pour trafic international de drogue, il a fait face, hier, au juge de la Chambre criminelle. Les faits remontent au courant de l’année 2017. L’affaire est mise en délibéré au 10 janvier prochain.
Le 28 janvier 2017, la section de recherches de la gendarmerie a reçu un renseignement faisant état de l’arrivée imminente, à Dakar, d’un camion avec, à bord, une importante quantité de drogue en provenance du Mali. Ainsi les éléments de l’unité d’enquête ont mis en place un dispositif pour repérer le véhicule. À l’arrivée du camion, ils l’ont suivi jusqu’à Poste Thiaroye où le conducteur s’est garé pour remettre les colis aux destinataires. Ainsi, 2 scootéristes sont venus prendre les caisses.
L’interpellation n’ayant pas permis d’interpeller les mis en cause qui ont pris la fuite, les gendarmes ont saisi le camion chargé de 80 kg de chanvre indien. Ainsi, l’exploitation des documents du véhicule a permis aux enquêteurs d’entrer en contact avec le nommé Samba Ndao Sarr Diop, propriétaire dudit véhicule, qui a convaincu le chauffeur du nom de Saër Diop de se présenter à la section de recherche.
Interrogé sur les faits, ce dernier a reconnu être le conducteur du véhicule tout en déclarant qu’il ignorait le contenu de ces caisses appartenant à un certain Fallou, sans autre précision, pour le compte de qui il assurait le transport de la marchandise du Mali au Sénégal moyennant 6.000 francs par carton. Poursuivant ses propos, il a souligné que le colis devait être réceptionné à Dakar par une personne inconnue qu’il a appelée au téléphone à partir d’un numéro que lui a donné l’expéditeur mais selon lui, après avoir descendu 3 cartons, le destinataire a été suivi par les gendarmes qui n’ont pas réussi à le rattraper.
Entendu en qualité de témoin, Samba Ndao Sarr a fait savoir qu’il a appelé son chauffeur qui avait abandonné son véhicule en le convaincant de se rendre s’il n’était, comme il le prétend, qu’un transporteur de bonne foi.
Accusé de trafic intérieur de drogue, Saër Diop a contesté les faits à la barre de la chambre criminelle de Dakar tout en déclarant que le nommé Fallou lui a fait croire que les colis contenaient du savon et des boubous basin (Thioub). Il informe que c’est la deuxième fois qu’il transportait de la marchandise pour le compte de Fallou en précisant qu’à la première fois, il avait pris le soin de vérifier, ce qui lui avait permis de s’assurer qu’il s’agissait bien de savon. Par ailleurs, il indique qu’en raison de la confiance qui régnait entre Fallou et lui, il n’avait pas trouvé nécessaire de vérifier les colis lors du deuxième voyage. « Je suis chauffeur depuis 2005 mais c’est en 2016 que j’ai commencé à faire le trajet Sénégal-Mali. Je suis allé 4 fois au Mali », renseigne-t-il. Sur les faits, l’accusé, âgé de 40 ans, raconte avoir rencontré Fallou au marché où il avait une place. Ainsi, narre l’accusé, le tailleur Fallou lui a proposé de lui transporter des savons et des basins Thioub. « C’est la 2ème fois qu’il me donnait les caisses. Il ne m’a pas payé parce qu’il était mon compatriote. C’est à 23 heures que les gendarmes ont débarqué », soutient-il. Alors que sur pv les enquêteurs ont indiqué être intervenus à 02 heures du matin. Interrogé sur les raisons de sa fuite, Saer Diop rétorque : « Si j’ai fui c’est parce que je voulais appeler les propriétaires des colis. »
De l’avis de la représentante du ministère public, les faits reprochés à l’accusé sont constants. « Beaucoup de drogue passe par le corridor Dakar-Bamako. Il reconnaissait que Fallou lui avait payé la somme de 6.000 francs par carton. On ne va pas discuter sur la propriété de la drogue parce que les faits de trafic international de drogue sont constants. Lui-même, il déclare qu’il savait transporter de la drogue lorsque les scootéristes ont tenté de prendre la fuite. Fallou n’existe qu’à travers ses propos. On se demande même s’il n’est pas propriétaire de cette drogue.» Par conséquent, la parquetière a demandé à la chambre de déclarer l’accusé atteint et convaincu et le condamner à 15 ans de réclusion criminelle. Ordonner aussi la confiscation et la destruction de la drogue saisie. Les conseils de la Défense, Me Khadim Cissé et Me Ousseynou Ngom, ont sollicité l’acquittement pur et simple de leur client ne serait-ce qu’au bénéfice du doute. Le délibéré est fixé au 10 janvier.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)