Nogaye Gning et Oumy Sy Diop ont été appelées, hier, à la barre de la Chambre correctionnelle du Tribunal de Dakar pour répondre des faits de diffamation. Elles sont attraites par leur voisine Astou Guèye qui leur reproche de l’avoir traitée d’anthropophagie.
Nogaye Gning et Oumy Sy Diop vont à l’avenir remuer sept fois leurs langues avant de taxer quelqu’un d’anthropophagie. Toutes les deux domiciliées à Rufisque, sont traduites à la barre de la chambre Correctionnelle du tribunal de grande Instance de Dakar par leur voisine Astou Guèye. Selon l’économie des faits, en 2021, la dame Astou Guèye a constaté que tous ses voisins l’évitent. Ses conditions de vie devenant de plus en plus compliquées, elle questionne Fatou Sembène sur les raisons de l’attitude des gens de son entourage. C’est ainsi que celle-ci lui apprend qu’on l’accuse d’anthropophagie. En effet, elle la renseigne que tout est parti d’une accusation faite par Oumy Sy Diop.
Cette dernière, qui était alitée de décembre 2020 à avril 2021, avait consulté un marabout qui lui avait remis un encens. Celui-ci lui aurait dit qu’après utilisation, la première personne qu’elle verra en rêve est à l’origine de sa maladie. A l’en croire, Oumy Sy Diop a soutenu que c’est leur voisine qu’elle a vue en rêve. De bouche à oreille, la nouvelle s’est répandue dans le quartier. Par ailleurs, au cours d’une cérémonie où il y avait la présence de tout le quartier, Astou Guèye a eu la confirmation sur les allégations distillées partout dans le voisinage. C’est suite à une dispute que la nommée Nogaye Gning lui a ouvertement dit qu’elle est une anthropophage. C’est ainsi qu’elle a déposé une plainte contre Nogaye Gning, Oumy Sy Diop et Fatou Sembène au commissariat de Rufisque pour diffamation.
Étant les seules à venir comparaître, Oumy Sy Diop et Nogaye Gning contestent les faits qui leurs sont reprochés. Selon Oumy Sy, elle n’a jamais taxé sa voisine d’anthropophage. « Je n’ai jamais discuté avec Fatou Sembène sur les raisons de ma maladie. Je ne sais pas où elle est allée chercher de tels propos », s’est-elle défendue.
Sa coprévenue, Nogaye Gning, a adopté la même stratégie de défense. A l’en croire, Astou Guèye n’arrêtait pas de lui dire qu’elle l’évitait. Lasse de ses suppositions, elle lui a signifié : « Tant que tu ne nous a pas tués mon enfant et moi, je n’ai pas de raison d’avoir peur de toi! » Cette déclaration n’emporte pas l’assentiment du président de l’audience. «Ce n’est pas ce que tu lui as exactement dit. Nous avons un enregistrement audio qui atteste le contraire. En plus, tu as refusé de t’excuser auprès d’elle devant le délégué de quartier », lui a signifié le juge. Persistant dans ses dénégations, Nogaye Gning jure n’avoir jamais traité sa voisine d’anthropophage.
A la suite du maître des poursuites qui a requis l’application de la loi, le conseil de la défense, Me Oumar Gaye, estime que rien ne prouve que ce sont ses clientes qui ont propagé cette accusation. En plus, il rejette l’audio versé dans le dossier car étant obtenu de façon illégale. La robe noire a ainsi sollicité la relaxe de ses clientes. Celles-ci seront édifiées sur leur sort le 16 juin prochain.
Adja K. THIAM (Actusen.sn)