7 coups de couteau et un incapacité temporaire de travail de 45 jours est le bilan de l’agression de Aida Ndiaye. Lamane Diognue est désigné être l’auteur de ce crime. Tailleur de son état, il était considéré comme le fils de la dame qu’il connaît depuis plus de 10 ans. Lamane risque 5 ans ferme.
Après cette histoire, les liens entre Lamane Diongue et Aida Ndiaye s’estomperont à jamais. Ces deux qui se sont liés d’amitié depuis au moins 10 ans, ont laissé l’argent s’interférer. Lamane, 33 ans, qui considérait la dame Aida comme sa propre mère ne peut plus se la voir. Vice versa. Devant la barre de la chambre criminelle du tribunal d’instance de Dakar, ce mardi, c’était sa parole contre celle de son ancienne tutrice qui l’accuse de tentative de meurtre. En tout cas, à l’issue des débats d’audience, il est acté que Aida Ndiaye a reçu 7 coups de couteau. Selon sa version des faits, la cinquantaine, gérante d’une tontine de 6 millions, a fait participer Lamane Ndiaye qui devait lui verser 100 000 F Cfa par mois. Le tailleur voulait poursuivre les constructions de sa maison. Mais depuis que celui-ci a reçu son argent, 3.000.000 de francs Cfa, il daigne cotiser. Ce, malgré les multiples mises en demeure de la dame.
Le 26 février 2021, Lamane s’est pointé à 9 heures chez sa voisine. Alors qu’elle était sur le point de se rendre à la boucherie, elle lui a demandé de l’attendre au rez-de-chaussée. De retour chez elle, plus aucune trace du monsieur. Elle monta alors les escaliers avant de sentir une présence derrière elle. C’était Lamane Ndiaye. Les deux ont rejoint l’appartement. Quelques minutes après, les voisines Alima sont alertées par des cris provenant de la demeure de Aïda, qui, en pas pourchassés, sortent de la pièce. Ensanglantée, elle se réfugie au troisième étage pendant que son agresseur quitte l’immeuble.
À la police de Dieuppeul, la plaignante est revenue sur les détails de ce massacre. En effet, lorsqu’elle a accueilli Lamane Ndiaye dans son appartement, elle a tenté de lui faire entendre raison afin qu’il soit assidu quant à la cotisation. Le monsieur qui n’a pas digéré la pilule, a sorti son couteau avant de le poignarder. Elle s’est défendu comme elle pouvait en esquivant les coups de couteau qui, dans la majeure partie, ont atterri sur ses bras et son aisselle. Celui-ci ne s’est arrêté que lorsque l’arme s’est cassée en deux. Toujours selon la plaignante, il est entré dans la chambre, défoncé l’armoire avant de se tirer avec une partie de l’argent de la tontine. Au regard de ces faits, Lamane Ndiaye est placé en détention provisoire.
Présenté aux juges de la chambre criminelle, l’accusée livre à son tour sa version des faits. Ainsi il dira : « entré dans son appartement, elle a commencé à me faire des avances que j’ai refoulé d’emblée. Face à ce refus catégorique, elle est entrée dans sa chambre avant de ressortir avec un couteau. Elle a visé ma poitrine. Je l’ai stoppé de justesse avant de récupérer l’arme et lui asséner des coups. Je ne peux pas dire le nombre de coups de couteau que lui ai donnés. J’étais sous le choc. Lorsqu’elle a ouvert l’appartement, j’ai pris la poudre d’escampette. Je me suis rendu à la police afin de déposer une plainte ».
Ces propos sont loin de convaincre l’avocat de la partie civile qui réclame 20 millions en guise de dommages et intérêts. Me Diallo a l’ultime conviction que l’accusé visait à liquider en catimini la dame. «Le crime pour lequel il est attrait ici est incontestable. Heureusement la voisine est venue à son secours. Ensanglantée, elle l’a amené dans son appartement », ajoute la robe noire. Le ministère public requiert 5 ans ferme. De son avis, le sieur Ndiaye, « avait le choix et la possibilité de ne pas se livrer dans ces actes de violence mais il a suivi sa colère et son egos afin de faire autant de mal ».
Me Mouhamadou Bamba Bousso et Me Ndiaye pour la défense soulignent les contradictions de la déclaration de la plaignante. D’après eux, si on fait la chronologie des faits, on se rend compte que la version donnée par la partie civile n’est que amalgame. Pis, les blessures sur ses mains confirment qu’elle a saisi le couteau. Mieux, le certificat médical fait état de blessures aux bas mais en aucun cas fait trace de coup donné sous l’aisselle. Ainsi, la défense demande la disqualification du chef de tentative de meurtre et retenir les chefs de coups et blessures volontaires donnés sous l’effet de la provocation. Délibéré le 21 mai.
Aïssatou TALL (Actusen.sn)