Son séjour à la citadelle du silence lui a rafraîchi la mémoire. Évoqué pour la seconde fois ce vendredi, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, Outaz Omar Sall fait son mea culpa. Il est traduit en justice par le collectif International des Talibés Cheikh Officiel. Les disciples de la confrérie Tidiane lui reproche d’avoir tenu des propos de nature à dénigrer la confrérie religieuse «Tidiania». Le prêcheur est relaxé du chef d’incitation à la haine. Le tribunal l’a condamné à une peine d’emprisonnement de 6 mois assorti du sursis pour le fait d’insulte via un réseau informatique.
Le tribunal des flagrants délits a condamné ce vendredi, Oumar Sall à une peine d’emprisonnement de 6 mois assorti du sursis. C’est suite à une plainte du Collectif International des Talibés Cheikh Officiel que Oustaz Omar Sall a été convoqué à la cybercriminalité. Selon toujours les plaignants, le nommé Omar Ahmed Sall à travers des enregistrements vidéo et audio, a tenu des déclarations au contenu totalement infondé car, non conforme aux enseignements du saint homme. Les plaignants ont également soutenu que, le prêcheur a qualifié la façon dont les talibés Tidiane pratiquent la «Wazifa» et la «Hadaratoul Jummah» : de «folklore», car ne relevant pas de la «Souna» du prophète.
Attrait à la barre pour les chefs d’insultes via un réseau informatique envers un groupe de personnes, provocation d’actes d’intolérance envers des sectes, le prévenu dégringole d’emblée. Comme à l’enquête, il nie avoir particulièrement visé les talibés Tidiane car la pratique du «Zikr» était adoptée par d’autres communautés notamment les iraniens, les indiens et les Pakistanais, entre autres pratiquants.
Pour une défense plus musclée, il dit avoir articulé ses déclarations car il était « yallah yallah », à l’époque. Le prêcheur ajoute avoir passé 9 ans dans la confrérie avant de se retourner vers le Souna. Poursuivant, il dit : «Je n’ai cité personne dans mes vidéos. Il y a beaucoup de confréries dans ce pays donc on ne peut pas attribuer mes propos à une partie spécifiquement». Acculé par le procureur, il brandit ces excuses : «je suis prêcheur depuis plus de 25 ans et je regrette amèrement d’avoir tenu ses propos. Je présente mes excuses à toutes les personnes qui se sont senties offenser».
Le procureur revient sur la question relative au destinataire de ses propos. Il dira : «je n’ai cité personne. Offenser n’était pas mon intention. Si c’était le cas, il n’est pas possible de me condamner sur la base d’une intention ». Le procureur de poursuivre : «donc tu te déclines», « délo na avance », rétorque le prêcheur.
Cependant, les plaignants foulent au pied ces excuses. Assane Kandji, Demba Niang, Moussa Gaye et Cie réitèrent leur détresse. Leurs conseils qui s’alignent à leur désarroi n’ont guère étaient tendres à son endroit. Me Yéri Bâ qui ouvre le bal regrette la dégringolade du prévenu en plus de ses excuses jugées hypocrites. Me Alpha Omar Diallo et sa consœur clament la postérité. Me Ousseynou Gaye qui conclut les hostilités indique : «ça ne prêche pas, ça pêche». La robe noire estime qu’en prêchant, le sieur dénigre la croyance des autres. Ce qui est formellement interdit par la religion. «Le wahhabisme qu’il défend est un projet politique. Ces gens qui se regroupent invoquant le nom d’allah au moins ils prient pour les autres», balance l’avocat.
Déçu du comportement du prévenu devant la barre, le substitut du procureur a déclaré coupable le mis en cause des chefs qui lui sont reprochés. Le ministère public pour sa part ne croit pas aux excuses brandies par le prêcheur avec un sourire sournois. Il a requis une peine ferme de 3 mois tout en précisant : «donnons-lui une seconde chance. Je suis sûr qu’il comparaîtra devant la barre de cette juridiction», souligne le parquet. Les avocats de la défense clament la relaxe. Me Abdoulaye Tall et Cie crient à l’acharnement. Finalement, le tribunal a condamné Oumar Sall à une peine d’emprisonnement de six mois assorti du sursis. Le juge relaxe le prévenu du chef d’incitation à la haine et le déclare coupable du fait d’insulte public.
Aïssatou TALL (Actusen.sn)