ACTUSEN
A LA UNENewsSociété

Tribunal des flagrants délits de Dakar : les dénégations des 12 personnes arrêtées lors du procès opposant Sonko à Mame Mbaye Niang

Poursuivies pour participation à une manifestation interdite, les douze personnes qui ont été arrêtés à Mermoz et à la cité Keur Gorgui le jour du procès opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang ont comparu, ce lundi, à la barre du tribunal d’instance des flagrants délits de Dakar. Malgré leurs dénégations, la déléguée du procureur de la République a requis six mois d’emprisonnement ferme contre certains parmi eux. Ce, au moment où les avocats de la défense se sont inquiétés sur les garanties du droit de circuler librement dans ce pays à chaque fois que Sonko est convoqué par la justice.

Ils étaient douze personnes à comparaître, ce lundi, à la barre du tribunal d’instance des flagrants délits de Dakar. Âgée entre 20 à 37 ans, elles répondaient du délit de participation à une manifestation non déclarée. Arrêtés le 2 février près de la cité Keur Gorgui, les prévenus ont tous clamé leur innocence au prétoire.

Ce jour-là, devait se tenir le procès qui oppose le leader du Pastef Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang. Comme d’habitude, la zone où habite l’opposant Ousmane Sonko jusqu’au palais de justice de Dakar est quadrillée par les forces de l’ordre. Ceux-ci veillant au moindre débordement n’hésitent pas à appréhender les plus téméraires. Mais ils sont nombreux à fustiger cette méthode alléguant que leur droit de circuler librement est bafoué. Comme l’ont décrié avec ferveur les avocats des comparants lors de leurs plaidoiries.

Estimant que la détention de ces individus est arbitraire, ils ont sollicité le renvoi de ceux-ci des fins de la poursuite. Selon les avocats, la déléguée du procureur de la République qui a requis six mois d’emprisonnement contre six des prévenus a même des difficultés pour articuler l’infraction retenue à l’encontre de ces prévenus.

D’ailleurs, l’un d’eux, en l’occurrence Abdoulaye Daouda Kébé soutient avoir été malmené par les gendarmes lors de son arrestation. «Je me suis même évanoui. Alors que je me rendais chez des élèves à qui je dispense des cours coraniques à domicile que j’ai été appréhendé. J’ignorais qu’il y avait une manifestation à cet endroit», a-t-il raconté. Donnant ainsi raison à Me Moussa Sarr qui se demande où s’est tenue une manifestation à cette date du 2 février.

Quant à Cheikh Dièye, le prévenu le plus jeune car étant âgé de 20 ans, il renseigne qu’il a été alpagué à Mermoz. «J’étais au milieu des journalistes et des gendarmes. Je ne revenais du travail. Pourtant ma mère m’a défendu de m’approcher de cet endroit car il y aurait probablement des échauffourées», a-t-il dit. En outre, si Kébé et Dieye n’ont pas été longtemps auditionné lors de l’audience, ce ne fut pas le cas pour Fakéba Cissé, El Hadji Badji et Alpha Moussa Sow.

Leur présence aux endroits où ils ont été appréhendés a suscité beaucoup d’interrogations du côté du ministère public. El Hadji Badji qui a quitté la banlieue dakaroise pour se rendre au tribunal avant de rallier Mermoz où il a été arrêté a laissé la représentante du ministère public sur sa faim. Pour répondre à celle-ci, il s’est limité à dire : «j’accompagnais mon grand Laye et les gendarmes m’ont arrêté devant chez lui à Mermoz. Il a réussi à les échapper contrairement à moi».

Moussa Sow pour sa part renseigne qu’il cherchait une pièce détachée. Ayant quitté le quartier Boun, il a préféré sillonner à pied les boutiques de Mermoz jusqu’à Dakar. Parmi les prévenus qui ont le plus été questionnés par la représentante du ministère public, se trouve également Matar Cissé. Soutenant être journaliste, il renseigne qu’il a perdu sa carte de presse au moment de son arrestation. «Es-tu vraiment un journaliste ? Je ne peux pas concevoir que tu sois arrêté. N’as-tu pas montré ta carte ? Tu n’étais pas en service que faisais tu là-bas ?», tant de questions que lui a posé la déléguée du procureur de la République. Tergiversant, le prévenu lui rétorque qu’il devait effectuer un dépôt de dossier pour l’obtention de sa carte de presse nationale. Réponse qui n’a pas convaincue la représentante du ministère public qui lui a asséné : «tu n’es même pas en mesure de prouver ta qualité de journaliste».

Au terme des débats qui ont duré près de deux tours d’horloge, le tribunal a mis l’affaire en délibéré. La décision sera rendue le 16 février prochain. En attendant cette date, tous les prévenus qui n’ont pas obtenu une liberté provisoire, retournent à la citadelle du silence.

Adja Khoudia THIAM (Actusen.sn)

Leave a Comment