En Turquie l’opposition a réussi son pari, celui de rallier Ankara à Istanbul à pied, en plein état d’urgence, pour dénoncer « l’injustice » du régime « dictatorial » de Recep Tayyip Erdogan. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont attendues dimanche soir à Istanbul pour accueillir le leader du parti kémaliste, le CHP, à l’origine de cette marche. Une manifestation géante de l’opposition qui se déroulera dans un contexte très tendu et sous très haute sécurité.
Avec notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette
Après 24 jours de marche, 450 kilomètres de route, et entouré de près de 50 000 sympathisants, le chef du CHP Kemal Kiliçdaroglu est arrivé à Istanbul avant de tenir dimanche soir un grand rassemblement, « pour la justice », pour lequel les organisateurs prévoient la venue de plus d’un million de personnes, du jamais vu pour un rassemblement de l’opposition depuis le putsch raté de juillet dernier.
La manifestation se déroulera sous très haute sécurité, alors que des menaces d’attentats ont été évoquées contre les « marcheurs », tout comme d’éventuels provocateurs qui pourraient vouloir s’en prendre aux manifestants. Kemal Kiliçdaroglu semble donc avoir remporté son pari, celui de dénoncer le pouvoir qu’il qualifie d’arbitraire et d’autoritaire. Si la foule est au rendez-vous ce soir, il pourra revendiquer le statut d’opposant en chef face à Recep Tayyip Erdogan. Mais il reste quand même à voir comment l’opposition entend tirer profit de cette « grande marche » et si elle est prête à poursuivre, dans la rue, sa campagne contre le pouvoir turc.
Rfi