Ça suscite les commentaires les plus fous ! Et il est quasi-impossible de convaincre les spéculateurs de fermer les yeux sur le fait et d’aller vaquer à autre chose. Il s’agit de ce bâtiment sous la forme d’une véranda, devant faire office de marché.
S’il cristallise toutes les attentions dans la Commune de Thiamène-Pass, c’est parce que, non seulement, l’infrastructure ne peut pas abriter dix marchands.
Mais aussi, parce que le Conseil municipal l’avait budgétisé à dix millions F Cfa. Sans blague, alors ! D’ailleurs, le fait est si insolite que, lors du «Magal» de Mélakh, situé à dix kilomètres de la Commune de Dahra, les pèlerins étaient nombreux à s’arrêter devant l’édifice, pour épiloguer sur son véritable coût.
«Comment cette véranda a-t-elle pu valoir 10 millions F Cfa ? Non, ce n’est pas possible. C’est invraisemblable. L’équipe municipale ne peut pas ne pas nous dire que, certes, ce sont dix millions qui ont été budgétisés, mais qu’à l’arrivée, elle a dû économiser des sous. Car l’infrastructure ne saurait lui coûter cette bagatelle», étouffe de nervosité un citoyen, venu assister au «Magal».
Et vous savez quoi ? Le marché ne fait même pas l’objet de terrasse. En d’autres termes, la toiture est faite de zinc. Mieux, c’est ce 21 décembre, au moment même où ces lignes sont en train d’être couchées, que des ouvriers s’affairent autour de la bâtisse pour poser la toiture en zinc.
Comme si cela ne suffisait pas, il n’y a pas-ou du moins, jusqu’à la rédaction de l’article, aucune toilette prévue à côté du marché de la controverse. Une préoccupation de taille pour les populations et qui garde tout son pesant d’or. D’autant que le marché ou supposé comme tel est situé en dehors du village de Mélakh.
Souleymane Dieng, Entrepreneur et habitué à l’exécution de marchés : «c’est ahurissant. Elle ne peut même pas avoir coûté 4 millions F Cfa, en temps normal»
Commentaire de Souleymane Dieng (c’est de la sorte que Actusen.com l’a baptisé), un entrepreneur qui a l’habitude de gagner et d’exécuter des marchés : «c’est ahurissant, si, véritablement, la construction du bâtiment a coûté cette manne financière. Elle ne peut même pas avoir coûté 4 millions F Cfa, en temps normal».
Se tordant de rire, notre interlocuteur glisse : «en 2001, nous avions gagné un marché autour de la construction de bureaux d’une superficie beaucoup plus grande que celle du marché et qui ont été en terrasse. Mieux, il y avait des toilettes et autres accessoires. Mais le marché était loin d’avoisiner les dix millions F Cfa».
La clôture de l’Hôtel de Ville budgétisée à 7 millions F Cfa et filée à une Entreprise venue d’ailleurs
Autre marché qui défraie la chronique au sein de la Municipalité de Thiamène-Pass : le mur de clôture de l’Hôtel de Ville. Là aussi, certaines populations ont été parcourues de frissons, lorsqu’elles ont appris après l’érection du mur que celui-ci leur a coûté 7 millions F Cfa.
«Compte-tenu de la longueur et de la largeur dudit mur, nul ne peut faire gober aux populations l’idée, selon laquelle le prix de la clôture du Siège de la Mairie a atteint le montant avancé», soupire un conseiller sous le sceau de l’anonymat.
L’interlocuteur de Actusen.com regrette, également, que pour exécuter le marché, une Entreprise, venue de Louga ou de ses environs, ait été privilégiée au détriment des Entreprises locales.
Malheureusement, ce n’est pas seulement l’infrastructure qui défraie les supputations les plus folles. En effet, renchérit un autre conseiller : «il y a un petit magasin en zinc qui ne fait pas 20 mètres carrés, et qui a coûté deux millions F Cfa».
Un Parc à vaccination sous la forme d’un enclos à 4 millions francs ; un petit magasin en zinc à 2 millions
Autre édifice sur fond de controverse : l’érection de l’embarcadère sous la forme d’un Parc à vaccination pour les animaux. Faite de barres de fer surplombant un petit mur, l’infrastructure est estimée à 4 millions francs, si l’on se fie, évidemment, au budget qui a été voté.
Ainsi, va la vie dans cette Collectivité locale dirigée par l’Alliance pour la République, pourtant très encline à chantonner les refrains «la gestion sobre et vertueuse ; la patrie avant le parti».
Le Chargé de Com’ de Moussa Ndiaye : “le maire est d’avis que toutes ces infrastructures ont été votées par le Conseil municipal. Et qu’à ce titre, leurs réalisations engagent tous les conseillers»
Nos tentatives d’entrer en contact avec le maire Moussa Ndiaye sont restées vaines. Or, lorsque nous avons pu joindre son Chargé de communication, celui-ci a réussi à le câbler et à lui détailler les différents marchés de la controverse.
A cet effet, «le maire est d’avis que toutes ces infrastructures ont été votées par le Conseil municipal. Et qu’à ce titre, leurs réalisations engagent toute l’équipe municipale», confie à Actusen.com le chargé de communication de l’édile de Thiamène-Pass.
Poursuivant, celui-ci renchérit : «selon le maire, les conseillers, qui émettent des réserves sur l’exécution des différentes infrastructures avaient, pourtant, la possibilité d’évoquer leurs préoccupations, lorsqu’il s’est agi de voter les budgets des réalisations décriées».
N’importe quoi, lui flanquent, volontiers, certains des conseillers. L’un d’eux fulmine : “nous pouvons voter un budget pour l’érection d’un édifice. Mais nous n’avons aucune emprise sur le produit final. Car quiconque savait que les budgets consentis allaient donner ces résultats, se serait opposé à ce que ces infrastructures sortent de terre”.
Dans la foulée, le Chargé de communication de Moussa Ndiaye souligne : «n’empêche, le maire dit attendre votre coup de fil». Ainsi, Actusen.com de s’empresser de l’appeler, mais en vain.
Désireux, coûte que coûte, de recueillir sa version des faits, Actusen.com est entré en contact avec le frangin de l’édile de Thiamène-Pass, qui se trouvait, à ce moment-là, à l’état-civil de la Municipalité. A Actusen.com, ce dernier lâche : «mon frère (Ndlr : le maire Moussa Ndiaye) est à la maison».
Le maire Moussa Ndiaye est, aussi, le Secrétaire général du Conseil départemental de Linguère
Pour ceux qui ne le savent pas, le maire de Thiamène-Pass, Moussa Ndiaye, est, également, le Secrétaire général du Président du Conseil départemental de Linguère, Me Amadou Ka, par ailleurs Président du Conseil d’Administration du Port autonome de Dakar.
Lequel Conseil n’a pu capitaliser que 12,09% d’investissements, soit environ 34 millions F Cfa, au moment où les Cabinets du patron de l’Institution et du Secrétariat général se tapent, respectivement, 11 millions et 6 millions 800 mille F Cfa de carburant.
Actusen.com