Il n’y a pas de doute : l’homme d’affaires ivoirien aura laissé, au Sénégal, des marques indélébiles contre l’oubli.
En effet, en plus du fameux contrat de 12 milliards F Cfa signé par le ministre de l’Intérieur d’alors Mbaye Ndiaye et qui dispensait Adama Bictogo du versement de 50% pour chaque visa biométrique et visa d’entrée au Sénégal délivrés, Actusen.com a appris de sources généralement bien informées que l’Ivoirien a pu se «tailler» avec plusieurs autres millions de F Cfa, dans le cadre des véhicules de l’Administration territoriale, dont il avait raflé le marché par entente directe.
Pour ce faire, la Société Snedaï d’Adama Bictogo devrait, après avoir convoyé, à Dakar, les 182 véhicules alloués aux 14 Gouverneurs, aux 45 Préfets et à l’ensemble des sous-préfets du Sénégal, les doter de tous les accessoires nécessaires. Dont des pare-chocs, des baguettes pour porte-bagages, des dispositifs de la géolocalisation des véhicules, entre autres.
En d’autres termes, selon les termes du contrat, il revenait à l’homme d’affaires ivoirien d’équiper les véhicules de tous les accessoires adéquats. Seulement, Actusen.com a appris, selon toujours ses mêmes sources, que l’homme d’affaires ivoirien n’a pas finalement équipé, jusqu’ici, les véhicules en question de tous ces accessoires.
Ce qui constitue, à n’en point douter, une manne financière digne du nom pour le contribuable sénégalais. D’ailleurs, certains représentants de l’Etat ont été contraints à saigner pour se doter de tout ce matos, notamment du dispositif de la géolocalisation.
Lequel dispositif est d’une utilité capitale, notamment pour les représentants de l’Exécutif en service dans la partie Sud du Sénégal. Où, parfois, il est très facile pour un Préfet ou un sous-préfet de se perdre dans la brousse ou de finir sa course sur un bastion contrôlé par des éléments du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance.
Autres fonctions du dispositif de la géolocalisation : permettre aux représentants de l’Administration territoriale de recueillir, quasiment en temps réel, des données sur la position de leurs véhicules, mais également sur la durée des trajets, les secteurs d’activité. Surtout lorsque les voitures sont conduites par leurs chauffeurs personnels.
Le même dispositif contribue à la sûreté ou la sécurité du conducteur, lui-même ou du véhicule dont il a la charge, en particulier la lutte contre le vol de celui-ci.
On se souvient que le Gouvernement avait invoqué, dans le partenariat signé avec la Société Snedaï, que c’est au regard de la situation d’insécurité sous-régionale caractérisée surtout par l’action de nombreux mouvements djihadistes dans la bande du Sahel, que l’Etat du Sénégal avait initié un important projet de modernisation et d’équipement des services de sécurité et de l’administration territoriale.
A cet effet, il avait conclu, le 25 mars 2014, un contrat de partenariat avec la société Snedai, concessionnaire de services publics pour la production de visas biométriques.
Pour rappel, le 7 juin 2016, Actusen.com avait révélé en exclusivité que c’est le ministre de l’Intérieur d’alors, Mbaye Ndiaye qui avait signé le fameux contrat avec Adama Bictogo. Et que, joint par téléphone par Actusen.com, l’ancien maire des Parcelles assainies avait vite fait de passer à table. Non sans tenter, à sa manière, le Premier ministre d’ alors Abdoul Mbaye.
« Je l'(Ndlr : le marché de 12 milliards ) avais signé, au nom de l’Etat« , dit-il. A son avis, « le Sénégal devait se féliciter de la signature de ce contrat car il visait à se prémunir contre le terrorisme, c’était pour des raisons de sécurité... » a-t-il tenté de se justifier.
Refusant de « tomber » tout seul, l’actuel ministre d’Etat embraie en ces termes : « Si j’ai signé le contrat, c’est parce que j’agissais au nom et pour le compte de l’Etat. Donc, l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, ne peut pas fuir ses responsabilités« .
Gaston MANSALY (Actusen.com)