Le KwaZulu-Natal est la province qui a été la plus touchée par la spirale de violences qui a secoué, ces derniers jours, l’Afrique du Sud avec 180 morts sur un total de plus de 200 tués dans le sillage de l’emprisonnement de l’ex-président Jacob Zuma. C’est dans cette région que s’est rendu le président Cyril Ramaphosa, vendrdedi 16 juillet, pour évaluer les dégâts. Le ministre de la police était également sur place, ce samedi 17 juillet, ainsi que des figures de l’ANC, le parti présidentiel.
Maintenant que le calme est revenu, c’est l’heure du bilan. En arrivant à Durban, une forte odeur de plastique brûlé se diffuse dans l’environnement. Elle provient d’une usine chimique qui a été incendiée lors des pillages. C’est l’une des huit usines qui ont été détruites au cours des émeutes dans le pays. Cette destruction pourrait avoir provoqué la pollution en cours du littoral.
Ailleurs, les ruines des centres-commerciaux incendiés laissent entrevoir l’étendue des dégâts. 160 ont été vandalisés à travers le pays. Il faudra attendre de longs mois pour qu’ils puissent rouvrir.
Dans le township d’Inanda, au nord de Durban, les habitants sont mobilisés pour déblayer les gravats d’un centre-commercial et d’une station-service. En reportage au même endroit, il y a deux semaines, on ne reconnaît plus ce qui était alors un poumon économique avec ses centaines de clients, ses magasins et ses petits vendeurs de rue.
Pour des raisons de sécurité, le centre commercial de Bridge City doit être inspecté avant d’autoriser les travaux de nettoyage. Nic Lourens, le propriétaire du supermarché, sait déjà que les dégâts sont très importants. « Ils ont complètement saccagé le magasin, tout a été volé, le matériel, la réserve… Apparemment ici à Bridge City, ils ont incendié une partie du centre-commercial. Tout le monde est à bout en ce moment et on ne sait pas quand les choses vont revenir à la normale », explique-t-il.
Dans le sillage du président Cyril Ramaphosa présent vendredi à Durban, plusieurs membres du gouvernement sont dans le KwaZulu-Natal ce weekend. Parmi eux, Nocawe Mafu, adjointe au ministre des Sports. « La ville de Durban est durement touchée, admet-elle. Il suffit de se promener dans les alentours pour le constater. Parmi la centaine de centres commerciaux vandalisés, on sait que la grande majorité l’a été dans le KwaZulu-Natal. On a surement les pris les choses trop à la légère, à la fois le Congrès national africain et le gouvernement et voilà où nous en sommes aujourd’hui, assis au milieu du désastre ».
À travers le pays 160 centres commerciaux ont été pillés, 11 entrepôts, 8 usines et une centaine de magasin d’alcool.
Dans les quartiers résidentiels épargnés par les pillages, les habitants ne baissent pas la garde. Ils restent mobilisés 24h/24 sur des checkpoints. Si la situation s’est calmée dans le pays, la peur des pilleurs est toujours très forte.
Rfi.fr