Le Président de la République Française, Emmanuel Macron, sera l’hôte de notre pays, à partir de ce vendredi 01er Février 2018. Cette visite est historique à plus d’un titre : c’est la première fois que le plus jeune Président de l’ancienne Métropole vient au Sénégal ce, depuis son installation officiel en tant que numéro 1 de chez Marianne. Historique aussi, par ce que le Sénégal et la France ont toujours entretenu des liens séculaires qui datent de l’esclavage avec le commerce odieux d’êtres humains (15ème siècle) , suivi de la colonisation avec tous ses agents noirs, tous azimuts.
Au nom d’une mission civilisatrice, la France nous avait envahis, démantibulant notre économie et notre vécu qui, pourtant, marchaient comme sur des roulettes. Qui ne se souvient pas du fructueux négoce (surtout le système de troc) entre les empires avec l’or massif du Galam, de la Mésopotamie, de la Nubie, des empires du Ghana, du Gao et du Mali. Qu’avant l’arrivée du blanc colonisateur, les africains croquaient bien la vie à belle dents ! Mais comme le disait le Poète-Président Léopold Sédar Senghor, la colonisation est un mal nécessaire car, elle a participé à la prise de conscience des noirs d’Afrique avec l’implantation de l’école française et, sur certains cas, avec l’évangélisation des peuples d’Afrique.
Durant ces siècles de domination, les africains en général ne sont pas restés là, passifs comme des vaches qui regardent passer le train. Une résistance farouche, opiniâtre s’était organisée à travers le continent noir pour briser les chaînes : Béhanzin, Raba, Koli Tenguela, Kankan Moussa, Soni Ali Béer dit Ali le Grand, Samory Touré, Thierno Souleymane Baal ,Lat Dior Ngoné Latyr Diop, Lat Soucabé Fall, Samba Yaya Fall, Alboury Ndiaye, El hadji Omar Al Foutyou Tall, Maba Diackou Ba,Ndatté Yalla Mbodj, Aline Sitoé Diatta, Bour Sine Coumba Ndoffane Diouf, El hadji Mamadou Lamine Dramé et plus récemment, les Cheikh Ahmadou Bamba, El hadji Malick Sy, Cheikh Islam Cheikh Abdallah Niass, Seydina Limamoulaye,etc. s’étaient distingués dans cette lutte pour sauver les apparences .
Après des siècles marqués par des heurts avec la Grande Métropole, survint la décolonisation des colonies d’Afrique. Après avoir vécu d’exterminations de toutes sortes, de pressurage, d’écrémage, de pogrom, de guerres fratricides, l’Afrique, dans toute sa complétude, avait voulu être alors la maîtresse de son destin. D’où la vague des indépendances notées dans les années 58-60 que l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma caricaturait sous le nom d’une «nuée de sauterelles» ( cf. Le Soleil des Indépendances).
Que remarque-ton après ces accessions de ces pays du Tiers –Monde (leur ancienne appellation) à la souveraineté internationale ? Cinquante- huit(58) ans après, l’on a comme l’impression qu’on avance à reculons. Le colon noir a remplacé le colon blanc car, nos populations continuent à être exploitées par l’Occident, d’une autre manière. Prenant pour seul exemple le Sénégal. Ce pays qui abritait la capitale de l’Afrique Occidentale Française(A.O.F) au point d’être décrit comme le Quartier Latin de l’Afrique (il a bénéficié d’édifices publics, d’infrastructures routières, le Palais du Gouverneur Fédéral à Saint –Louis du Sénégal) services de base, écoles comme William Ponty, etc.) , qui avait le même niveau de développement en 1960 que la Tunisie et la Corée du Nord est, aujourd’hui, à la remorque. Il fait partie de ces «postiches inutile» où l’âge des besoins élémentaires n’a pas encore trouvé définitivement satisfaction, où la pauvreté sévit, atrocement.
Le Président Macron sera dans nos murs, prochainement. Il va, nous en sommes sûrs, découvrir bien des facettes de notre Téranga légendaire mais, force est de reconnaître qu’il est grand temps de rebâtir nos relations d’avec l’ancienne Métropole. La France a une dette morale envers l’Afrique et, notamment le Sénégal qui, l’a si aidée dans des théâtres d’opération (contre l’Allemagne, avec la bravoure des Tirailleurs Sénégalais). Le führer Adolf Hitler avait, quand même, reconnu et chanté notre apport à l’effort de guerre (1939-1945), lorsqu’ ‘il s’exclamait : «Si ce n’étaient pas les Noirs nombreux comme des fourmis, braves comme des lions ; je bombarderais la France en 24heures et je mettrai Paris dans une bouteille.» Fin de citation.
Aujourd’hui, il est clairement établi que le développement part des mains de ceux qu’il concerne ; autrement dit, ce n’est pas à la France de venir nous montrer les clefs qui vont nous ouvrir les larges boulevards qui mènent à l’épanouissement de notre peuple. « On ne développe pas ; on se développe », disait, avec nuance, l’historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo. Pour faire figurer le Sénégal dans le peloton restreint des nations émergentes, il urge que ses propres fils s’approprient les vrais instruments de sa souveraineté. Que le Président de la République son Excellence Macky Sall se le tienne pour dit ! Il est temps de décomplexer nos relations d’avec la France !
Et pour le Président Macron, pinçons tous nos Koras et frappons nos balafons… au nom de la vérité historique !!!
Ibrahima NGOM Damel
Journaliste