Le Secrétaire d’Etat à la Communication et non moins responsable de l’Alliance pour la République s’est mué en pyromane. Pour brûler le Président du Groupe parlementaire de la Mouvance présidentielle, Moustapha Diakhaté.
En effet, dans une Lettre ouverte parvenue à la Rédaction de L’Observateur, Yakham Mbaye a taxé celui-ci de tous les noms d’oiseaux. Non sans dire au maire de Guédiawaye de s’être trompé, quand il assimile certaines forces tapies dans l’ombre au Palais à des faucons.
La vérité est plus prosaïque, si l’on en croit Yakham Mbaye, qui estime que pires que des faucons, ils sont des frelons. Des scorpions. Moins que ces paons qui braillent et se dandinent au Palais. Ils ne sont que des félons ».
S’adressant au maire de Guédiawaye Alioune Sall, Yakham Mbaye lui dit : « obéis au Grand-frère, mais bats-toi ! Il te faut changer de posture, aller à l’assaut de cette opinion abusée par la perception fabriquée par ces officines que tu dénonces, pour lui parler ».
Bref, c’est avec une lame tranchante que l’ancien journaliste s’est attaqué à Moustapha Diakhaté et à tous les autres qui pensent comme lui. Voici, à cet effet, l’intégralité de la Lettre ouverte, dont s’est fendue le responsable Apr. Une Missive que nos confrères de L’Observateur ont publié en premier.
«Alioune,
mardi, 02 mai 2017, tu m’as répété l’aveu qui a le don de me suffoquer de rage : «Boy, encore, tu as eu raison sur moi.» J’aurais préféré avoir tort, me suis-je dit, après t’avoir écouté.
La veille, lundi, à la même heure, un peu après 18 heures, alors que tu étais en route pour répondre au Grand-frère, je te disais : «Ils vont encore te donner un coup de Jarnac. L’insulteur de la bande va t’insulter de manière lâche, c’est un orfèvre en la matière. Tire le premier. Sinon, laisse-moi faire.» Mon avertissement ne se fondait pas seulement sur mon flair…
Ta réplique candide fut : «Boy, s’il te plaît, n’attaques pas nommément, la bataille sera longue. Préservons des munitions.»
Sauf que d’ici à ce terme – c’était la crainte que je t’ai alors exprimée – les caves qui te servent pour entreposer tes munitions risquent d’être inondées, et tes projectiles mouillés par leurs baves haineuses. Car, ils vont tirer. Et mardi, il a tiré. Et tu as eu (encore) tort ! J’aurais préféré avoir tort, me suis-je dit, à nouveau, après t’avoir écouté.
Alioune,
tu as eu tort, autrement, le week-end dernier, d’assimiler à des faucons ceux-là. Ils sont pires. Des frelons. Des scorpions. Moins que ces paons qui braillent et se dandinent au Palais. Ils ne sont que des félons !
Alioune,
tu as fait injure au faucon qui est supérieur à ceux-là. Car, ce rapace personnifie la majesté et la virilité. Il indique la hauteur, convoque, dans les mythologies de toutes les grandes civilisations fondatrices de notre monde, une certaine idée de la grandeur et de la supériorité.
Hier, chez les Grecs, le faucon était relatif à Ouranos, le ciel, qu’il personnifiait en tant qu’élément fécond, lieu privilégié de la manifestation du sacré, du divin. Il était à l’opposé des divinités chtoniennes qui convoquaient l’obscur, les enfers, le sous-terrain, l’avaricieux. Ces attributs qui siéent véritablement à ceux-là que tu dénommes faucons. A tort.
Hier, dans la mythologie celtique, Fintan, le druide dépositaire du savoir et de la sagesse, trait d’union entre son peuple et les dieux, était faucon.
Idem dans la mythologie scandinave, avec les dieux Freya, Loki et Yggdrasil. Tous faucons.
Hier, en Egypte, Rê, le soleil levant, revêtait l’aspect du faucon, sceau des pharaons. Il symbolisait Horus, principale divinité avec Isis et Osiris. Ici, qui tuait un faucon, était mis à mort, nous apprend Hérodote.
Dans le Rig-Veda, hymnes de louanges, partie des textes fondateurs de l’indouisme, il y a plus de 3 500 ans, le faucon était soleil. Il allait porter le soma, breuvage sacré, au dieu Indra.
Hier, les Incas ne furent pas en reste, chez qui cette majesté ailée, toujours solaire, diurne et virile, donc ante femelle, nocturne et lunaire, donnait son surnom, Roca (faucon), à leur empereur, Sinchi.
Alioune,
en un mot, le faucon c’est la hauteur et le relief, c’est-à-dire le contraire de la fosse et du fossé. Même si nous faisons l’effort de sortir du passé, de la mythologie, pour voyager dans le temps, vers le présent, dans le but d’apprécier, à l’ère contemporaine, la réputation seigneuriale de ce rapace, absolument rien ne l’affecte. Au contraire !
Hier, compris comme le synonyme d’un passé récent, lors de la Deuxième Guerre, le faucon a symbolisé l’esprit guerrier et de sacrifice de l’armée impériale japonaise dont le redoutable chasseur, Hayabusa (faucon), fut à la pointe de ses percées sanglantes et dominatrices.
Aujourd’hui, qu’est-ce qui illustre mieux l’hyper-puissance américaine que le F-16 Fighting Falcon (le faucon) ?
Alioune,
vois-tu à quel point ta comparaison est une injure faite à ce rapace ? Absolument rien dans les événements qui ont cours chez nous ne reflète les vertus qui sont siennes. Rien n’autorise qu’on convoque cette majesté ailée dans nos débats. Si ce n’est, peut-être, pour illustrer, dans cette grande pagaille digne de Capharnaüm – nos adversaires et ennemis diraient la cour du roi Pétaud –, la condition des militants et des responsables de second rang.
Ces authentiques républicains, qui ont pris part, hier, aux combats fondateurs, renvoient l’image de faucons encapuchonnés. Captifs vivants dans les ténèbres. Rêvant de l’espérance en la lumière, car, laissés à eux, sevrés de leur chef. Résignés, ils tirent du Livre de Job leur devise : «Post tenebras spero lucem» (Après les ténèbres, j’espère la lumière). Parfois, n’en pouvant plus, ils piaulent, faisant retentir un insoutenable cri strident qui fend le cœur, mais laisse indifférents ceux qui peuvent et doivent les affranchir.
Après, à leur indicible peine, ils ajoutent ce questionnement, empruntant à André Malraux son éloge à la Résistance française : qu’est devenu «ce désordre de courages» fondateur de l’Apr ? Un désordre d’ambitions, j’ose dire.
Aujourd’hui, à leur questionnement viennent en écho les insultes d’un de ses félons d’hier, qui stigmatise leur chef et sa famille : «Alioune Sall est un menteur. Il est impoli. C’est un ingrat. Il n’y a pas de comploteur au Palais. Si quelqu’un a comploté contre lui, c’est son frère. Lorsque ce dernier traversait le désert, à la quête du pouvoir, il avait fait défection.»
Alioune,
une partie de son propos – les insultes, la mise à l’index de notre Président – a choqué, outré et révolté plus d’un républicain. Jusque dans les rangs de l’opposition, qui, c’est un euphémisme de le dire, compte en son sein des Sénégalais dignes, viscéralement attachés à cette République qu’il nous arrive de malmener, sciemment ou inconsciemment.
L’autre partie constitutive d’un opprobre à ton égard – car il est encore question d’une félonie de ta part lorsque ce fut incertain – tu es seul à pouvoir la laver, même s’il est vrai qu’elle relève fondamentalement d’un vulgaire mensonge, qui est le père de la perception, laquelle agit tel un stupéfiant sur l’opinion, pour finalement tuer la vérité.
Alioune,
aujourd’hui, après toutes ces années de sacrifices, à la bourse de l’opinion, qu’est-ce que tu vaux, qu’est-ce que je vaux ? Presque «nada, tuss, rien», comme on disait au Populaire ?
Toi, tu es privé de décret, ensuite interdit de suffrage, parce que tu es la calamité qui risque de perdre le Grand-frère ! Moi, ne suis-je pas perçu «simplement» et «seulement» comme l’inventeur de la «Dynastie Faye-Sall», étranger à toute l’histoire de l’Apr avant-alternance, le mercenaire de la plume, le terroriste du verbe, finalement bâillonné grâce aux vertus du décret qui en a fait ministre ?
L’autre, à côté, ce satané insulteur professionnel trône au panthéon des héros de 2008 – 2012. Mensonge ! Car, en l’espèce, c’est la falsification, la félonie et la roublardise qui cimentent son palmarès.
Jetons un rapide coup d’œil dans le rétroviseur…
Entre 2008 et 2009, cet éternel chômeur et vadrouilleur, fut l’implacable théoricien de la démobilisation. «Macky va tous les trahir et retourner à Wade ; il n’est pas solide», prêchait-il.
Son premier flirt avec l’Apr débuta bien après les Locales de 2009, qui consacrèrent le baptême du feu éclatant de la bannière de Dekkal Ngor, scrutin au cours duquel l’indécrottable insulteur avait encaissé une magistrale bastonnade électorale (416 voix) avec sa liste Beug Beug Askanwi, chez moi, à Dakar-Plateau.
Alors, à la frontière de Rebeuss, mon quartier, et de Niayes Thioker, sur la rue Armand Angrand, il vivait dans une bicoque en tuile, plus branlante que la cabane de bord de mer d’un pêcheur, qui naturellement n’a rien à voir avec son manoir d’aujourd’hui aux Almadies.
Moins de deux ans plus tard, courant 2011, ce fut sa démission de l’Apr, qu’il rendit publique, le 06 janvier 2012, dans une interview au quotidien Enquête. Il y débita un argumentaire fallacieux qui ferait honte à ses supporteurs qui auraient le courage de visiter ce lien http://www.leral.net/Moustapha-Diakhate-demissionne-de-l-Apr_a25213.html#.
Avant de reprendre sa vadrouille, il insultera (chassez le naturel…) tout le proche entourage du Président de notre Parti, disant que ses membres composent un «Fan’s club Macky Sall» (vois-tu, chacun est inventeur de quelque chose !). Les oreilles de Luc Sarr et Mor Ngom vibrent encore, eux qui étaient allés le rencontrer à hauteur du cimetière Saint-Lazare pour le dissuader. En vain !
Seulement, moins de deux mois après, toute honte bue, rampant tel un reptile, l’insulteur reviendra adhérer au… «Fan’s club Macky Sall» qui, entre-temps, avait fondamentalement changé de consistance. Le 25 mars 2012 était passé par là !
Depuis, son ascension fut fulgurante. Mis en réserve comme vice-président de la Fondation Servir le Sénégal, il sera, quatre mois plus tard, investi député, puis fait président du groupe parlementaire de la majorité. A ce jour, dans les rangs de notre Parti, ils sont légion ceux qui ressentent ces faits comme une agression. La deuxième, après la désignation de Abdoul Mbaye comme Premier ministre.
Pis, cet insulteur ne ratera aucune occasion pour cirer ses babouches sur les habits de nombreux militants et responsables qui s’étaient donnés en holocauste pour tenir la maison, lorsqu’il nous avait tourné le dos. Comme cela ne suffisait pas, c’est ce bonhomme dont le jeu favori revient à vendanger l’autorité de notre Président, qui nous dicte, aujourd’hui, la ligne du Parti, désigne ceux qui doivent être couronnés, ceux qui méritent l’échafaud, le bagne, l’exil, après avoir souillé leur honorabilité avec sa bave.
En août 2015, parce que le président de la République a été houspillé à l’Ucad, il a traité de «vermines» les étudiants qu’il faut «exterminer». L’année suivante, 815 655 Sénégalais qui avaient voté «Non» au Référendum étaient, à ses yeux, des «ânes». En janvier dernier, il s’immisçait dans une lutte de tendances au sein de l’Apr, en prenant fait et cause pour un nouveau venu dans la majorité présidentielle, le Directeur des Domaines, Mamour Diallo, contre Moustapha Diop, ministre, membre du gouvernement, un «âne» à ses yeux, parce que ce dernier ne satisfaisait pas ses desiderata.
Alioune,
je ne t’apprends rien en te disant n’avoir pas vécu au Moyen-âge. Mais, à la lueur de ce qui se passe chez nous, je me dis : quelle aubaine manquée ! Les faits d’aujourd’hui rapportés en ce temps du droit féodal, auraient sans nul doute constitué un crime de félonie, c’est-à-dire de rupture du contrat de vassalité : injurier, maltraiter ou attenter à la vie de son seigneur, de son épouse ou de ses enfants ; déshonorer l’épouse, le frère, la sœur ou la fille du seigneur ; révéler les secrets du seigneur à l’ennemi de celui-ci.
Ah ! Imagine la sentence qui se serait abattue sur l’auteur de tel crime ! Imagine l’insulteur à qui on aurait coupé la langue, cousu la bouche, avant de le pendre haut et court ou écartelé ! Le Moyen-âge, ça avait du bon pour certains.
Plus sérieusement, à l’évocation de tous ces faits, ces souvenirs exaltants et douloureux, me vient à l’esprit une phrase saisissante de notre aîné et parmi nos formateurs en journalisme, Babacar Justin Ndiaye – il t’a perdu de vue ; par contre, moi, je m’abreuve toujours à la source : «Jeune homme, l’histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. En dehors des dates et des faits bruts, le consensus n’y fleurit pas.»
J’ose ajouter qu’elle devient tout bonnement une énorme escroquerie, si la fable se substitue aux dates et faits bruts, victimes de braquages permanents orchestrés par des félons. Alors, les alternances deviennent ces révolutions qui sont imaginées par des prophètes, conduites par des héros, récupérées par des zéros.
Alioune,
cher frère et ami, je te souhaite d’avoir du courage, mais ça ne suffira pas ; de l’audace, ce sera nécessaire ; le sens de l’offensive, c’est indispensable.
Obéis au Grand-frère, mais bats-toi ! Il te faut changer de posture, aller à l’assaut de cette opinion abusée par la perception fabriquée par ces officines que tu dénonces, pour lui parler. Explique et contextualise ton premier «exil», nos échanges au restaurant Gallard, à la Médina, en 2005. Gratte ces énormes couches de perception qui encagoulent la vérité.
Je sais et sens qu’en finissant de lire mes mots, il te viendra à l’esprit mon sort. Rassure-toi ! Non que je sois à l’abri des sales coups que ces félons, qui pullulent en notre sein, n’ont eu de cesse de m’asséner depuis près de dix ans, et qui ont culminé lorsqu’ils m’ont collé cette bande audio fabriquée, après s’être immiscés dans ma vie conjugale pour la détruire. D’autres coups vont pleuvoir.
Mais, rassure-toi, parce que tout simplement, j’ai fait mienne la harangue du Maréchal Foch à ses troupes à la bataille de la Marne : «Ma droite est enfoncée, ma gauche cède, tout va bien ; j’attaque !» Ils attaqueront. Ils m’attaqueront. Je riposterai. Je leur laisse le choix des armes. Je n’ai pas peur de tomber sous leurs coups de boutoirs ; la seule crainte que je peux nourrir, c’est de n’avoir pas assez de forces pour me relever. Que Dieu m’en garde ! Que Dieu te garde !
Par devoir, loyauté et amitié
Yakham Mbaye
Citoyen sénégalais