Après son premier week-end, le carnaval de Rio bat son plein. Avec chaque année des baisers volés et des mains baladeuses dont sont victimes les femmes, dans les rues, lors des défilés des groupes de musiciens. Mais depuis septembre 2018, le harcèlement sexuel est considéré comme un crime dans le Code pénal brésilien, passible de un à cinq ans d’emprisonnement. Une campagne de prévention contre le harcèlement a lieu, dans les cortèges, pour qu’hommes et femmes prennent conscience de la législation, de leurs droits, et des limites de leurs comportements.
Raquel Fialho joue du saxophone dans un bloco féministe, un groupe de musique de rue qui défile pendant le carnaval. Chaque année, elle et ses amies sont victimes de harcèlement. « Je ne me sens pas à l’aise au carnaval. On développe certaines stratégies pour se protéger, notamment en évitant d’être seules. Par exemple, si je veux aller aux toilettes je me fais accompagner par deux amies. Il y a certains blocos où je ne préfère pas aller parce que je sais qu’il y a plus de harcèlement… »
« Non c’est non, mon déguisement n’est pas une invitation, mes paillettes ne sont pas là pour attirer ton attention »… Des slogans que les femmes vont parfois jusqu’à se tatouer sur le corps, le temps du carnaval. Des messages qui paraissent être évidents… et pourtant c’est loin d’être le cas.
Renata Rodrigues est la fondatrice de Mulheres Rodadas, le premier bloco féministe de Rio, créé il y a cinq ans.
« Une étude a été faite en 2016 qui montre que la majorité des hommes pensent que si vous êtes une femme et vous êtes dans la rue, pendant le carnaval, vous ne pouvez pas vous plaindre d’être harcelée… et que le carnaval n’est pas un endroit pour les femmes « honnêtes ». Je pense qu’au Brésil il existe encore une certaine confusion par rapport au corps de la femme, entre ce qui est public et ce qui est privé. Ce n’est pas parce que votre corps est dans l’espace public que votre corps est un bien public, nous explique t-elle. Vous ne pouvez pas être touchée, embrassée, si vous n’en n’avez pas envie ! Et c’est très étrange, mais il faut rappeler que la loi vaut pendant le carnaval comme pour le reste de l’année ! »