Quand on vous disait que Cheikh Yérim Seck n’est pas dans la posture et la position d’un journaliste d’investigations, qu’il s’est perdu entre sources à protéger légitimement et preuves tangibles qu’il n’arrive pas à livrer pour donner du crédit à de «ses révélations». Mais émettre une musique autre que celle de la bien-pensance aveuglée par ce genre de petits héros ravageurs sur les réseaux et autres plateaux, tenter des analyses autres que celles de romanciers spécialistes des fictions fabriquées à partir de menus bouts de vérités, de faits perclus de toute objectivité et de toute neutralité que l’on veut tenir pour investigations journalistiques, c’est passer pour un méchant, un jaloux et autres on ne sait quelles joyeusetés. Seuls les esprits faibles succombent à ces salmigondis, ces broutilles et roupies de sansonnet.
Or, ainsi que le dit une vérité proverbiale bien de chez nous, «la vérité peut s’attarder en brousse, mais elle n’y passera jamais la nuit». Si noirs que soient les ténèbres, ils finiront par céder aux lueurs. Et c’est cela qui, progressivement et de mieux en mieux, se dégage déjà de l’attitude de Cheikh Yérim Seck, aujourd’hui ersatz de journaliste reconverti en homme aux ambitions politiques et en subit samaritain de la citoyenneté, en parangon du patriotisme, génie protecteur des intérêts du Sénégal.
Oyez bien la «déclaration» de Cheikh Yérim Seck, après sa mise en liberté assortie d’un contrôle judiciaire, déclaration dont il avait annoncé que la primeur sera réservée à son site ! On n’est mieux servi que par soi-même ! Une manière subtile de faire la promotion gratuite de son yérimpost. Oyez surtout les mots utilisés, changés ou enflés, le vocabulaire ampoulé et les dits et les non-dits qui indiquent une espièglerie pour masquer l’emballage politique enrobant ses récentes accusations jusque-là sans preuves tangibles.
Cheikh Yérim Seck décrète qu’il est dans un combat citoyen. Qu’il est dans une posture patriotique et s’auto-auréole défenseur des intérêts du Sénégal. Que c’est bien charmant ! Oh que c’est donc émouvant venant de cet homme ! Sortons donc nos mouchoirs ! Applaudissons, à nous rompre les phalanges, au son du clairon ! Le messie est…Seck ! Pas à sec de petites ruses pour emballer dans un combat qui a, hélas, du mal, à masquer des relents politiques. C’est le nouveau Cheikh de la bonne morale qui rappelle qu’il détient un mouvement citoyen comptant des élus municipaux un peu partout à travers le pays. Ce mouvement, annonce-t-il, sera invité d’honneur dans la bataille qu’il mène. Qui avait dit et crû que ce qui était en jeu, ce sont des faits d’un journaliste, tout ce qu’il y a de neutre ? Et qui n’a comme sacro-saint sacerdoce professionnel que la rage d’informer ?
Comme dans bien d’autres domaines, l’imposture fait des ravages dans les médias où, avec des fausses valeurs qui ont la cote, sous des prétextes professionnels, certains se faufilent, tels des envahisseurs new-look, dans les télévisions, les téléfilms, l’univers du show-biz, avec des proses envoûtantes, en virtuoses des apparences ou encore comme disait l’autre, «éponges des valeurs de leur temps». Ils espèrent ainsi que des voix peuvent arriver à voter pour eux car les «imposteurs vivent à crédit», pour reprendre l’expression du journaliste à Marianne, Elodie Eméry (voir article «Comment les imposteurs ont pris le pouvoir» paru dans Marianne du 19-25 janvier 2013). Yérim pense donc sûrement aux prochaines élections. C’est dire !
Pour le reste, le combat pour les journalistes, les vrais qui sont dans les labeurs du métier, doit s’adosser à des postures principielles fondées sur le refus de la tyrannie de l’imposture que favorise par le déficit de sens. De bon sens.