N’est-il pas temps de réfléchir sur ce qu’est la politique et de chercher à délimiter ses contours?
Notion devenue banale et anodine en raison des innombrables significations, mais souvent galvaudées qu’on lui attribue, la politique est finalement devenue un fourre-tout dans lequel ne s’agglutinent que des anti-valeurs: duperie, fourberie, mesquinerie ou encore hypocrisie.
Pourquoi quand un homme ment honteusement, spolie son peuple sans scrupule, fait preuve de perfidie, de déloyauté vis-à-vis de ceux qui l’ont élu et n’a aucun sens de l’honneur, on dit de lui qu’il est un grand politicien, un fin homme politique?
Pourtant dans les faits, ces messieurs que l’on qualifie de grands hommes politiques excellent particulièrement dans la tromperie, la malversation ou encore la gabegie. Ils n’ont ni pudeur ni éthique. Rien ne les intéresse à part leur égo propre, leur ascension personnelle, aidés en cela par les journalistes qui leur tissent des lauriers en les dépeignant comme des génies politiques.
Mais comment reconnait-on un génie politique ? Une élucidation notionnelle paraît nécessaire.
Par définition la politique est l’art de gouverner la cité nous apprend-on. Donc être un génie politique c’est faire preuve de maîtrise dans cet art. Or comment sait-on que quelqu’un est maître dans un domaine ? Il faut qu’il donne satisfaction à ses interlocuteurs c’est-à- dire à ceux pour qui il exerce dans le dit domaine. De la même manière qu’un bon médecin se reconnaît au nombre de patient qu’il parvient à guérir, un homme politique, s’il est réellement un génie doit être apte à faire avancer le pays qu’il dirige. Les patients du médecin seront les juges les mieux indiqués pour dire si leur soignant est un génie ou pas. Pour le cas des politiciens, seule la société peut dire s’ils ont donné satisfaction ou pas. Pourtant tout le monde sait que le peuple dans sa majorité écrasante n’est pas du tout content. Et nul besoin d’aller loin pour découvrir les causes d’un tel mécontentement qui sont toutes évidentes et qu’on peut résumer par la mal gouvernance.
Cette société mal gouvernée, ne peut pas dire de ceux qui la dirigent qu’ils sont des génies parce qu’elle juge en fonction des performances dont font montre ces dirigeants. Cette performance permet au peuple de s’épanouir.
Le peuple est-il vraiment réellement épanoui? La seule réponse objective qui s’offre à nous est de dire non.
Donc dire de nos hommes politiques qu’ils sont des génies est un abus grossier de langage qu’il urge de corriger.
Et quiconque le dit en connaissance de cause devient complice des bassesses et ignominies dont nos hommes politiques sont passés maîtres.
Voilà donc prouvé que loin d’être des génies politiques, des virtuoses, ces pauvres gens, dépourvus du sens de l’honneur et qui s’auto-glorifient en rusant avec le peuple ne sont que de petits hommes ; et par ce fait n’ont rien de génial.
Ibrahima Diagne professeur de Philosophie au Lycée Malick Sall de Louga