ACTUSEN
Contribution

La haine et la méchanceté crasse faussent le jeu d’une compétition loyale dans le champ politique !

Il est important, voire fondamental, en ces moments d’accélération de l’histoire, de jeter un coup d’œil sur le rétroviseur, et cela en rapport avec les événements marquants de l’histoire du Sénégal.

1962, l’histoire bascule en mettant aux prises deux mastodontes de la politique sénégalaise, Dia Mamadou(DM) et Léopold Sédar Senghor(LSS). Cet affrontement finit par tourner en faveur de ce dernier. Pour les uns, il y a eu complot et pour d’autres, non ! N’étant pas historien, il ne serait pas sage de ma part de me prononcer sur une question dont je ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants. Pour autant, j’ai ma propre opinion sur la question. Mais dans le champ scientifique, les opinions n’ont pas droit de cité.

Cela dit, restons dans les questionnements et autres que suscite la problématique énoncée plus haut en titre. Et c’est pour dire que la méchanceté et la haine ont été toujours présentes dans le champ politique sénégalais. Dia Mamadou, dans son ouvrage : « Mémoires d’un militant du Tiers Monde » explique dans quelles conditions, il a perdu l’usage de ses yeux. Transporté d’urgence de Kédougou où il purgeait une peine jusqu’à Dakar, il fut admis dans un hôpital de la capitale. Senghor, informé de sa présence pour des soins d’ordre ophtalmologique, intima l’ordre de le réexpédier dare-dare à Kédougou et cela malgré l’avis contraire du médecin traitant. Ce dernier avait averti qu’un voyage en avion en haute altitude, pourrait abimer les yeux du patient. Et toujours selon Dia, quand on fit part à Senghor du diagnostic du médecin, il répondit par ces mots secs : « Qu’il rentre au plus vite sur Kédougou. Si le groupe auquel Dia appartenait avait pris le dessus sur mes amis et moi, ils m’auraient fusillé. »

Senghor voulait se venger quitte à lui faire perdre la vue. Et malheureusement pour DM, Senghor a réussi son « coup ». Et quel « coup !!!??? »

Cet épisode que je raconte et qui convoque des faits pas très glorieux pour les vainqueurs de cette lutte pour le pouvoir, donne une idée de l’animosité qui peut   prévaloir dans le milieu de la politique.

Ecoutons encore Dia Mamadou raconter ses mésaventures dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. Il nous apprend dans son livre, cité plus haut, qu’on a fait un double de sa clé pour ouvrir son bureau au niveau du neuvième étage du building qui porte aujourd’hui son nom. L’histoire a de ses ruses qui désarçonnent l’homme le plus pénétré de rationalité. Qui aurait cru que l’immeuble qui surplombe le palais, allait porter des années après le nom de Dia Mamadou ?

Après cette petite parenthèse, revenons à DM qui renseigne qu’on a volé ses papiers à en-tête et imité sa signature. Ces « amis » qui ne lui voulaient pas que du bien et qui ont visité son bureau sans son accord, ont pris soin de coucher sur les documents officiels subtilisés des mots très durs à l’encontre des guides religieux du Sénégal. Après ce forfait, chaque marabout a reçu copie du document falsifié portant la signature de DM. Cette démarche déloyale de ses ennemis, a fini par rendre exécrables les relations de DM avec certaines familles religieuses qui ont toujours cru que c’est DM qui a été à la base de cette lettre incendiaire.

Toutes ces actions et d’autres qu’il serait fastidieux de citer ici, s’inscrivaient dans une perspective d’élimination de DM de la scène politique. Après son embastillement, ce fut autour de ses amis de subir des déboires   multiformes. Débuta alors la chasse aux sorcières ! Des arrestations tous azimuts ! Des affectations dans les coins les plus reculés du Sénégal sur simple dénonciation! Des pratiques de délation à tous les niveaux de la société avec pour résultat des licenciements de travailleurs, des accusations de « collusion » avec l’ennemi. Terrible ce que la politique peut générer comme répercussions négatives dans des pays comme les nôtres.

 Pour la conservation et la préservation d’avantages indus, les politiques dans nos pays sont prêts à mettre à rude épreuve la cohésion nationale.  La preuve par cette affaire que nous vivons présentement et qui polarise toutes les attentions dans le pays. Et j’ai comme l’impression que l’histoire est entrain de bégayer !

Après la querelle, Dia/Senghor, venons-en à quelques péripéties douloureuses nées du combat titanesque, Diouf/Wade. Le successeur de Senghor et son équipe ont tout fait pour piéger Wade et le faire plier définitivement. Dans un dossier réalisé – c’était dans les années 80- par le journal Le Politicien, alors dirigé par feu Mame Less Dia, Directeur de publication du dit journal, il est fait mention des multiples complots dont le PDS a été victime sous le régime de Diouf. Le titre même de l’article est assez révélateur : « Voyage au cœur du PDS … »

Retour en arrière sur ce fameux « voyage au cœur du PDS » : vous vous rappelez sûrement les fameuses armes libyennes !!!??? On a accusé Wade de préparer une guérilla et d’avoir introduit des armes libyennes dans le pays. Ce complot ourdi par Jean Collin avec la complicité d’un guide religieux fort en gueule, visait à détruire Wade. Heureusement pour lui, la machination a été éventée grâce à la vigilance de la femme de Ousmane Ngom qui travaillait à l’époque dans une compagnie d’aviation africaine. Les billets d’avions qui mettaient en cause la complicité des autorités du pays furent mis à la disposition du magistrat devant juger cette affaire fort sensible.

Il y a eu aussi l’affaire, Maître Sèye avec des arrestations tout azimut dans les milieux proches du PDS. Et jusqu’à présent, cette affaire n’a pas encore révélé tous ses secrets. Ce qui est constant, la mort brutale du magistrat Sèye a installé le pays et pendant longtemps dans une crise sociale et politique assez grave. Et selon, le journal panafricain de l’époque, Jeune Afrique, c’est le président, François Mitterrand lui-même qui a désamorcé la bombe dont la déflagration pourrait exploser les fondements de l’Etat sénégalais. Il aurait demandé à son homologue sénégalais au cours d’une entrevue à l’Elysée de trouver une solution à l’amiable à ce dossier qui risquait de plomber durablement la vie sociale et économique du pays. Mitterrand, en vieux baroudeur de la politique, lui suggérait de mettre le tout sur le compte de la raison d’Etat. Et Le président Diouf, en politique à la fois responsable, lucide et intelligent, a suivi les conseils de sagesse de Mitterrand. La décrispation est venue après. Elle finit par accoucher d’un gouvernement de majorité présidentielle élargie avec Wade comme ministre d’Etat.

Les temps ont changé ! On ne pourrait pas reproduire ce même schéma, mais il est possible au génie sénégalais de trouver une formule dans laquelle tout le monde trouverait son compte. Et c’est là où on attend le Président Macky Sall.

En vérité, l’arène politique sénégalaise est un milieu où l’adversité politique prend souvent des tournures dramatiques. Wade, à plusieurs reprises, a échappé à des guet-apens dans lesquels il pouvait perdre la vie.

Son expérience du combat politique féroce, au cours duquel les armes non conventionnelles, ont souvent pris le dessus sur toutes les autres considérations, l’a amené à donner ce conseil fort judicieux à Sonko : « Soyez prudent dans vos déplacements ! Même quand vous devez voyager, faites-vous accompagner par votre femme. Faites attention à ce que vous buvez ou mangez : on peut même vous empoisonner ! »

Terrible ! Empoisonner quelqu’un parce qu’il gêne vos desseins politiques. C’est le comble de la cruauté et de la bêtise humaine. Mais bon, cela ne doit pas surprendre dans un pays où on traque des albinos pour des …sacrifices humains. Wade dixit !

Au demeurant, je dois dire que cette violence, dans les propos, dans les faits et gestes, voire dans les sentiments, est allée, hélas crescendo, avec l’avènement des alternances, 2000 et 2012.

Dans l’affaire des chantiers de Thiès, il se susurre qu’on a demandé à Bara Tall, polytechnicien et brillant capitaine des BTP de mouiller Idrissa Seck en l’accusant d’avoir procédé à des surfacturations. Mais Bara, en homme d’honneur, a refusé le marché qu’on lui proposait :sa liberté contre une éventuelle dénonciation de Idrissa Seck. Résultat des courses, il se retrouve en prison. Son entreprise bâtie à la force de son poignet, finit par péricliter au grand dam des milliers de travailleurs qui y gagnaient leur vie. On a sacrifié un joyau du secteur privé sénégalais pour des raisons de politique politicienne.

Diombass Diaw, ça vous dit quelque chose ! Ce jeune cadre de Dagana s’est vu filmer par une jeune dame dans une chambre d’hôtel.              Ses camarades de parti à la base du piège dans lequel il est tombé, voulaient le faire chanter. Et dans cette cabale, on a cité un ministre de la république et d’autres membres de son cabinet. Le but poursuivi dans cette manœuvre criminelle : briser à jamais la carrière politique d’un adversaire.

2012, survint une nouvelle alternance porteuse de promesse de ruptures fondamentales dans la gouvernance du pays. On a promis au peuple qui a applaudi à tout rompre de nouvelles perspectives : « gouvernance sobre et vertueuse ! La patrie avant le parti ! »                    A l’épreuve des faits, on s’est rendu compte que ce discours de rupture ne traduisait nullement une réelle volonté de changer le cours des choses.

Et pire, on a perdu plusieurs années dans des querelles de clochers sur fond de reddition des comptes qui n’en était pas une. La cible, c’était Karim Wade. Ce qui eut l’heur de mettre Wade dans tous ses états.      Et Wade qui aime se battre décida de faire mal. TRES MAL ! Qui ne l’a pas entendu dire à la face du monde ces mots innommables en traitant les parents de son successeur d’……… ?  Une déclaration qui a poussé beaucoup de sénégalais à se pincer le nez, étant entendu qu’il est des déclarations qu’on ne doit jamais, jamais au grand jamais et quelle que soit l’adversité politique, tenir. Mais allez comprendre les schémas mentaux de nos hommes politiques actuels !

Avec ce mot de trop, on se rend compte que toutes les digues qui devraient encadrer la bienséance et la civilité se sont effondrées. Figurez- vous : cette injure publique est sortie de la bouche d’un ancien chef d’Etat qui a bien préparé et bien organisé sa riposte. Je le cite de mémoire : « Khalé bou yaradiko, dina dégue loumou waroula dégue ! » i.e un enfant mal éduqué pourrait entendre des choses qu’il n’aimerait pas ouïr. Tout cela pour vous dire le degré de décrépitude que notre société a atteint en termes de perte des valeurs morales.

Et je n’en ai pas fini avec ces libéraux à la petite semaine. Arrêtons-nous un peu sur ce député de la majorité, connu pour ses coups de gueule ravageurs. Beaucoup de responsables de ce pays qui n’étaient pas en odeur de sainteté avec lui, en ont eu pour leur grade. Un directeur d’une société nationale qui n’a pas échappé à la furie de son camarade de parti, a dit qu’il a fondu en larmes quand on a accablé d’injures ses parents. Poursuivons avec cette danse qui fait dans la « folie » meurtrière ! C’est important voire fondamental pour l’histoire de revisiter ces faits et gestes afin que nul n’en ignore. Cela permet de comprendre avec le recul ce que nous vivons aujourd’hui.

Tout compte fait, la haine dans sa face la plus hideuse, s’est emparée des esprits pour donner de la politique une image peu rassurante pour l’avenir de ce pays connu pour ses pratiques de civilité qui forçaient le respect de par le monde.

De nos jours, les choses sont à l’envers. Avec ces libéraux-là, les sénégalais en ont vu de toutes les couleurs. Et malheureusement pour nous, ce n’est pas encore fini !

Le discours des officiels, de certains hommes politiques de l’opposition comme du pouvoir et de certains citoyens dans les réseaux sociaux, suinte la haine dans sa manifestation la plus bestiale. Tu te demandes à force de réfléchir aux insanités débitées sur les plateaux de télévisions et autres radios, dans quel pays sommes –nous ?

Et quand la haine avec tout ce qu’elle comporte d’irrationalité, d’émotions morbides, parasite le discours des politiques et cela au plus haut niveau, alors là bonjour les dégâts. Et les dégâts, si nous n’y méprenons pas, pourraient prendre des proportions incalculables que nous aurons tous à regretter.

Dans le cas d’espèce que nous vivons, l’affaire Sonko/ Adji Sarr, lourd de menaces pour la paix sociale et la cohésion nationale, est-il besoin de recourir aux discours éculés qu’aiment emprunter les pires dictateurs en Afrique chaque fois qu’ils sont acculés ? Et un journal de la place ne s’y est pas trompé en reprenant certains mots aux accents guerriers du ministre de l’Intérieur : « Le champ lexical utilisé est lourdement chargé. Terrorisme, insurrection, conspirations, banditisme »

Quand tu lis, écoute ce qui se dit dans cette affaire, Sonko/Adji Sarr, tu sens la haine sourdre au détour des mots, des gestes de celles et de ceux-là qui prennent position pour l’une ou l’autre partie. On a même vu le ministre Antoine Diome convoquer dans cette affaire, un mot qui fait peur : « Terroriste !!! ». Cela peut faire sourire ! Et c’est certainement ce qui a poussé, madame Yakhara Gassama, ancienne directrice des études à l’ENTSS, diplômée des universités canadiennes à faire ce rappel au ministre : « Je suggère à Antoine d’aller demander à nos voisins maliens et burkinabé (pour éviter d’aller au Proche et Moyen-Orient!) qu’on lui définisse ce qu’est un terroriste…

« Ils » devraient se méfier de cette jeunesse qui semble gorgée d’une forme de citoyenneté émergente plus consciente. Les casses et autres actes de vandalisme doivent être compris comme des manifestations de ras-le-bol, de lassitude, de rage et de désespoir face à des décideurs arrogants et méprisants à leur endroit, face aux difficultés de la vie dans le contexte actuel et face à l’avenir qui semble résolument sombre pour beaucoup.

« Ils » devraient s’en méfier, les écouter à défaut de leur parler avec respect…. sinon la situation ne va pas s’apaiser facilement, ou si c’est le cas, ça n’en sera que plus intense et violent la prochaine fois. »

Ces précisions fort utiles sont venues à point nommé. Mais que voulez-vous madame ? Quand on est obnubilé par une obsession, on perd tout contrôle de soi. Et quand on perd tout contrôle de soi, on perd ses mots ; on perd sa sérénité ; on se perd même si on cherche à masquer par différents subterfuges son aveuglement. Ah…la nature humaine !

La politique, c’est l’art du Bien, le Bien dans toute sa plénitude, mise au service de la collectivité. Cette belle vision que j’ai de la politique, me faisait alerter dans mon dernier papier : « De la classe et de la retenue, messieurs de l’APR : un pays on ne le dirige pas n’importe comment ! » Cette mise en garde, malheureusement, est tombée dans l’oreille d’un sourd. Et le résultat est là sous nos yeux. Triste ! Désolant !

Mais bon, quand la haine et le désir de nuire, obscurcissent les consciences, tout reflexe de sagesse et de discernement désertent les esprits. Du reste, l’homme clairvoyant doit se convaincre d’une chose : la haine et la méchanceté sont mauvaise conseillère. Tout cela est à fois triste pour un pays qui se targue d’être le champion de la démocratie en Afrique.

Cette détestation des concurrents dont j’ai fait mention plus haut, est en train de dénaturer totalement la politique au Sénégal. Et cela depuis l’avènement de ces fameux libéraux, made in Sénégal. Les cas Karim Wade et Khalifa Sall sont là pour illustrer mes dire.

Pourquoi, parmi tous ceux dont les noms ont été cités dans des affaires de corruption, seul Karim s’est retrouvé en prison ?

Et le cas, Khalifa Sall ? Les anciens maires, Mamadou Diop, Pape Diop, venus témoigner, ont dit haut et fort qu’ils faisaient la même chose que Khalifa du temps de leur magistère. On les a laissé partir !

Que retenir enfin de ce long développement ? La politique sous nos lugubres cieux, est le lieu de tous les abus pour celles et ceux-là qui exercent le pouvoir. Celui-ci reste un lieu de jouissance, de faveurs, de prébendes, de privilèges de toutes sortes pour soi, les siens, les copains, les coquins. Et pour tout ce beau monde, il n’y a qu’une logique qui vaille, la logique d’accaparement pour reprendre l’heureuse formule du sociologue Malick Ndiaye. S’engager alors dans une entreprise de contestation de la gouvernance en cours dans le pays, c’est courir le risque de se retrouver d’une manière ou d’une autre en …prison.

Tout compte fait, il y a nécessité de revenir au plus vite aux fondamentaux qui font le charme et la beauté de la politique : fair-play, sens du pardon et du dépassement, générosité mais aussi et surtout don de soi au service exclusif de la collectivité. Toutes ces belles dispositions qui font la grandeur d’un homme d’Etat, semblent avoir déserté malheureusement le cadre politique sénégalais. Ce qui se donne à voir, c’est une arène dédiée aux gladiateurs. Ici il faut tuer l’adversaire, que dis-je, l’ennemi avec tous les moyens possibles et inimaginables. L’essentiel, c’est d’arriver à ses fins.

La politique censée réconcilier l’homme avec la Grandeur dans toutes ses expressions, mérite-t-il le destin à lui assigné dans notre pays ? QUE NON !!!

Invité dans une radio de la place pour débattre de cette problématique : l’affaire Sonko et ses conséquences, MbayeThiam, historien et archiviste, n’a pas manqué de marteler certaines vérités : « nos hommes politiques ne s’aiment pas ; ils ne se vouent pas de respect mutuel. » Poursuivant son discours de haute facture, il appelle le chef de l’Etat à faire en sorte qu’il n’y ait pas d’hiatus entre son discours et les actes qu’il pose : « Li ngay wakhak li ngay déf, nga maté ko » ; autrement  dit l’engagement solennel pris devant les sénégalais ce lundi 8 Mars doit se concrétiser par une posture qui rassure à tout point de vue, surtout que la jeunesse d’aujourd’hui n’est plus prête à accepter comme par le passé qu’on  lui inflige des brimades et autres restrictions contre ses droits et libertés sans réagir.

 L’éminent professeur sera-t-il entendu ?

Je ne saurai conclure sans soumettre à la réflexion de TOUS ces propos fort justes de l’EXCELLENT universitaire, Abdoulaye Sokhna Diop. Ce mot écrit en 1981 n’a pas pris une seule ride. Pas une seule ! Et comme j’ai l’habitude de dire, les grandes idées ont une durée de vie illimitée. C’est pourquoi je vous invite à écouter et à méditer ces mots-vérité, que dis-je, ces mots-sagesse pour nous sortir enfin de cette médiocrité qui dure depuis plus de 60 ans, exceptée la parenthèse Dia Mamadou.

Professeur, vous avez la parole : « Tout comme les représentants de l’ordre colonial avaient confisqué la souveraineté du pays, par le biais de la légalité coloniale, les représentants de l’ordre post-colonial extraverti, ont accaparé tous les attributs de la souveraineté nationale, en particulier, l’appareil d’Etat et toutes ses structures parallèles. Usant et abusant des droits et prérogatives que favorise cette confiscation, les représentants de l’ordre colonial extraverti, ont tendu à se démarquer de plus en plus nettement des masses victimes de leur domination sous les diverses formes connues depuis l’avènement de la souveraineté nationale. Ce sont ces représentants qui, depuis la disparition de l’ordre colonial, ont créé sur les cendres de cet ordre révolu, une société à l’image de ce qu’ils ont incarné : la force débonnaire, inconsciente et irresponsable, servie par l’appareil d’Etat. Et c’est cette société qui a été à la base de la destruction systématique de toutes les valeurs par lesquelles s’identifiait le Sénégal traditionnel. Tous les grands maux sociaux et moraux, les fléaux dont le Sénégal souffre aujourd’hui, depuis l’injustice et l’arbitraire érigés en système jusqu’au pillage du patrimoine de l’Etat sous toutes ses formes, en particulier le vol qualifié et l’irresponsabilité, ont eu leurs origines lointaines dans l’émergence de la classe des successeurs de l’ordre colonial. De la sorte, la faillite de la moralité et des vertus morales n’est due qu’à ces mêmes responsables…En effet, on ne peut nier que dans le monde contemporain, la conduite et les comportements des hommes dans toute société, quelle qu’elle soit, obéissent à un déterminisme que suscite et entretient la volonté politique de ceux qui ont la responsabilité des destinées de cette société. De façon plus évidente, quand les responsables politiques et moraux d’une société assument pleinement leurs responsabilités vis-à-vis de cette société et de ses différentes composantes, celle-ci et celles-là reflètent immanquablement, ce que sont ces responsables. Bien sûr, si ces responsables agissent en assumant leurs responsabilités de façon négative, à terme, la société et ses composantes dont ils ont la responsabilité des destinées se « négativise ». Inversement quand ceux-là le font de façon positive, la société et ses composantes reflètent la positivité de ses responsables. « In Ethiopiques, revue socialiste de culture africaine : Les valeurs traditionnelles sénégalaises et le problème de leur intégration dans les systèmes modernes d’éducation…Actes du Colloque organisé par le Secrétariat d’Etat à la jeunesse et aux Sports, du 27 au 30 Octobre 1981, publiés avec la collaboration de la « Fondation Léopold Sédar Senghor »

Plaise à Dieu que cette réflexion lumineuse, agitée par cet intellectuel émérite, fasse réfléchir toute la classe politique, religieuse, intellectuelle sénégalaise.

Plaise à Dieu, dans Son infinie Bonté, que la Sagesse visitât tous les hommes politiques de ce pays afin qu’ils comprennent que les temps ont changé et que ce peuple dans son immense majorité aspire à vivre autrement ; à être gouverné autrement.

Vivement que tous s’inscrivent dans une logique d’apaisement et de réconciliation, rêve de tout un peuple, meurtri dans sa chair et son mental. Ce grand peuple n’en peut plus d’être malmené depuis plus de 60 ans par une gouvernance qui surfe dans l’insignifiance. Et résultat des courses : le peuple n’a plus confiance en ceux qui le dirigent. D’où cette défiance ! Une défiance lourde de conséquence !

Et dans ces moments de doute, de peine, de peur, d’incertitude, il revient au chef de l’Etat en exercice de donner un signal fort pour ramener la paix des cœurs et des esprits. Ce n’est pas signe de faiblesse pour un chef d’Etat de reculer, de poser des actes de réconciliation. Au contraire ! Une telle posture ne fait que le grandir !

Aux yeux des hommes !

Aux yeux de l’histoire !

DIEU SAUVE LE SENEGAL !

Pikine, le 11 Mars 2020

Signé, Madi Waké TOURE, Conseiller en Travail Social

                                                                   tmadi70@yahoo.fr

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