Je suis venu. J’ai vu. J’ai compris. Mais je ne suis nullement surpris par ce qui s’est passé, jeudi, à l’Assemblée nationale. Une parlementaire lâchement violentée au sein de l’hémicycle. La scène est tout simplement surréaliste. Elle n’honore ni le Sénégal ni l’Institution dont vous êtes censés représenter.
Chers parlementaires,
Revoyez votre copie. Il y va de la concorde nationale. Les graines de la division sociale que vous êtes en train de semer au nom de la politique, vont pousser. Mais gare à vous. Si leurs fruits sont amers, vous ne serez pas épargnés. Vous y goûterez. Vous et vos proches. Comme une dose contre le coronavirus, vous en prendrez. Forcément. Inéluctablement. Alors ressaisissez-vous pendant qu’il est encore temps. Le 3e mandat du Président Macky Sall, objet de tout cet imbroglio au sein de la classe politique, n’en veut pas la peine. Les Sénégalais savent voter. Ils sont les seuls à même de décider le moment opportun de qui va être à la tête de leurs destinées politiques et administratives. Les urnes de partagent en bien dans ce pays. Ne dites-vous pas qu’on ne peut plus voler des élections dans ce pays ? Eh bien, en voilà une raison valable d’accepter toute candidature validée par le Conseil constitutionnel. Le président Wade avait « forcé » sa candidature en 2012. La suite, on la connaît. Diantre pourquoi alors tous ses serpents qui sifflent sur nos têtes.
Vous êtes tous interpellés. Le pays vit un moment crucial où tous les clignotants sont au rouge. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, le fossé de la fracture sociale n’a été si profond. Le débat dans la rue fait état de questions ethniques à longueur de journée. Des politiques accusés à tort ou à raison de connivence avec des mouvements insurrectionnels, des djihadistes et des forces occultes. Pendant ce temps et comme par enchantement, des journalistes trempent leur plume dans du fiel et soulèvent des idées « séparatistes ». Sans risques. Que personne ne se paie le luxe permissif de jouer avec le feu dans ce pays.
Voilà les débats de fond pour lesquels votre contribution est attendue. On vous attend sur la sécurité militaire, économique et alimentaire à l’heure où les Sénégalais peinent à assurer les trois repas quotidiens. On vous attend sur les contrats et la gestion du pétrole et du gaz pour sortir ce pays de la pauvreté chronique dans laquelle elle est plongée depuis. On vous attend surtout, chers honorables, sur la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable, les infrastructures notamment dans les zones les plus reculées comme le département de Goudomp qui présente encore les stigmates de la guerre, Kédougou, Salémata où l’or fait plus de malheureux, Matam où le phosphate n’est pas signe de richesse. Bignona où des enfants déplacés traînent en Gambie faute d’écoles. Louga ou le sable marin extrait par GCO fait plus de poussière et déplace les populations de leurs terres. Mboro ou le village de Gad Ngomène risque de disparaître de la carte nationale. La liste noire est loin d’être exhaustive…Voilà le Sénégal qui mérite débats et discussions chers Ho-no-ra-bles.
Aux députés de l’opposition,
Sachez qu’il advient en une heure ce qui n’arrive pas en une année. Vous étiez bien partis en 2022. A part les violences notées à l’installation du bureau de l’Assemblée, vous avez adopté un comportement responsable commençant même à faire un bon travail. Présents dans les commissions, donnant des avis au point de saisir le président par « lettres écrites » pour la clarification de certains points concernant la bonne marche du pays. L’espoir commençait à renaître pour une assemblée de rupture. Hélas. Par cet acte perpétré sur Amy Ndiaye, vous avez jeté en pâture toutes vos bonnes actions présentes et futures. On ne retiendra de vous que cette agresson sur une dame, une femme, une parlementaire de surcroît au nom de la politique et d’un homme fût-il guide religieux. Pourtant, vous étiez avertis. Mais comme on dit, les colombes ne tombent pas toutes rôties. Auréolés de bonnes victoires dans certaines grandes villes du pays notamment la capitale lors des élections locales et Législatives, vous saviez bien que les gens que vous avez en face, ne vous feront pas de cadeau. Par manque d’expérience, vous avez prêté le flanc. Cette inexpérience dont parle souvent, Farba Ngom a votre endroit. En politique, il faut savoir donner et encaisser des coups. Vous en savez donnez là ou ça fait mal. Pour en recevoir, il faut avoir le dos rond. Autant je ne cautionne pas les sorties incessantes de la parlementaire de Kaffrine, Amy Ndiaye autant je condamne cette violence exercee sur elle. N’oubliez pas que vous êtes à l’Assemblée nationale. Le siège du débat politique contradictoire. Si on ne peut accepter la contraction ici alors, on y a pas sa place. C’est clair. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Soit on est député du peuple. Soit on est député d’un guide religieux ou d’un président de parti politique. Et c’est là que commence la confusion de genres. Et le conflit d’intérêt. Qui a donc intérêt à voir se pays brûler. Aucun parmi vous. Je suppose.
Ce temps où tout vous était permis, est révolu. Comprenez-le ainsi. Et acceptez les choses telles qu’elles vous arrivent. Comme un sage stoïcien. Aujourd’hui, vous n’avez plus cette majorité « jouissant ». Et ne pensez plus que tout vous sera désormais donné sur un plateau d’argent. Non. Ce n’est plus possible. Et vous l’avez compris. Sinon les plus avertis. Mêmes les ministres qui passent l’ont compris. Ils se rendent compte les uns après les autres que leur « pouvoir » au sein de l’Assemblée nationale lors du vote du budget du département dont ils ont en charge, s’est effrité. Ils sont pour certains fouettés et bombardés de questions par les députés de l’opposition. Qui, chiffres à l’appui, relèvent des incohérences sur certains programmes. Ce n’était pas arrivé -à tout le moins- lors de la 13e législature. La majorité dite mécanique, monopolisait les débats devant une opposition très minoritaire avec des budgets adoptés sans débats et des ministres ménagés. Mais ce n’est plus le cas. Et vous en êtes conscients au point que certains parmi vous jadis aux abonnés absents lors des sessions, sont obligés à présent, d’être là tous les jours jusqu’aux heures tardives.
A vous tous,
Députés du pouvoir comme de l’opposition. Ce pays ne vous appartient pas. C’est notre mère patrie. Vous n’avez ni le choix de le protéger ni le droit de le détruire au nom et pour le (seul) compte de vos (petits) intérêts partisans. Autant pour les députés incriminés dans l’affaire Amy Ndiaye qu’aux 165 parlementaires, sachez une chose : « L’office fait l’homme ». Toute considération autre que celle-ci, n’est que vue de l’esprit…
Gaston MANSALY Journaliste