Depuis un certain moment, un message est largement partagé sur le réseau social WhatsApp, invitant tout citoyen, victime de torture, d’arrestation arbitraire, de séquestration et de traitement inhumain et dégradant par la police, ou la gendarmerie, sous le magistère de Antoine Diome, au ministère de l’intérieur et de Ismaila Madior Fall, à la justice, à s’approcher des sièges de FRAPP et d’Amnesty internationale pour le recueil et la confection des plaintes contre ces mis en cause et leurs complices présumés dans la hiérarchie policière et de la gendarmerie. SourceA est entré en contact hier avec le point focal de recueil de ces plaintes, Cheikh Oumar Barro, qui renseigne en être, jusqu’à mercredi dernier, date de son dernier décompte, à 220 plaintes, collectives et individuelles confondues. Sans langue de bois, il souligne que le Collectif des anciens détenus politiques victimes de tortures et de détention arbitraire, en rapport avec des avocats internationaux, et d’ONG des droits de l’homme, fait fi de la dernière loi d’amnistie votée à l’Assemblée nationale et entend donc saisir les juridictions étrangères, en France, en Suisse, en Belgique, Suède, Angleterre, entre autres.
«Tous les citoyens, victimes de tortures, d’arrestation arbitraire, de séquestration et de traitement inhumain et dégradant par la police, sous le magistère de Antoine Diome au ministère de l’intérieur, et de Ismaïla Madior Fall, au ministère de la justice, sont priés de se rapprocher des sièges de FRAPP et d’Amnesty Internationale pour le recueil et la confection des plaintes contre Antoine Diome et ses complices [présumés] dans la hiérarchie policière et de la gendarmerie. Les parents et les proches des victimes assassinées lors des manifestations sont priés de se rapprocher de ces organisations pour des plaintes individuelles et collectives contre Antoine Diome. A ce jour plus de 200 plaintes collectives et individuelles sont déjà enregistrées. Nous vous rappelons aussi que ces plaintes sont destinées à des juridictions étrangères, notamment en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas, au nom de la compétence universelle en matière de droit pénal».
Cheikh Oumar Barro : «nous sommes plus de 200 victimes autour du collectif et nous faisons fi de la loi d’amnistie. Nous allons introduire des plaintes au niveau international, en France, en Angleterre, Suisse, Belgique, Pays-Bas, Suède, pour rendre justice à toutes les victimes»
C’est le message qui se partage depuis quelques jours sur le réseau social WhatsApp et reçu à SourceA. Pour en savoir davantage, votre canard a pris langue avec Cheikh Oumar Barro, point focal de recueil des plaintes des victimes dans des faits cités par le Collectif. Anciens détenus politiques victimes de tortures et de détention arbitraire, ils sont plus de 200 individus, nous renseigne Cheikh Oumar Barro, autour de cette association. Leur objectif, c’est de voir toute personne liée de près ou de loin à leur sort de victime, payer pour son crime à l’étranger. Ils ont pris cette initiative dans la foulée de la loi d’amnistie votée dernièrement à l’Assemblée nationale, qui efface les faits mis en cause, commis au Sénégal ou à l’étranger, allant de la période mars 2021 à février 2024. «Nous sommes plus de 200 victimes autour du collectif. Nous faisons fi de la loi d’amnistie. Nous allons introduire des plaintes au niveau international, en France, en Angleterre, Suisse, Belgique, Pays-Bas, Suède, pour rendre justice à tous les gens qui ont été victimes de tortures, de traitement inhumain lors des derniers évènements notés dans notre pays», a déclaré Cheikh Oumar Barro, lui-même étant un ex détenu politique.
«On est un collectif apolitique ; même si le nouveau gouvernement décide d’appliquer la loi d’amnistie, nous allons passer outre, parce que nous ne pouvons pas laisser passer ces actes de barbarie. Nous sommes en contact avec des organisations internationales, des ONG des droits de l’homme, des avocats internationaux qui ont pour vocation de défendre le droit international en matière pénal»
A en croire notre interlocuteur, ils en sont à plus de 220 plaintes, même si leur dernier décompte remonte à mercredi dernier. «Nous n’allons pas accepter que nos droits soient violés au nom d’une quelconque loi d’amnistie. C’est pourquoi, nous avons pris la décision, la responsabilité nous-mêmes, des gens qui sont victimes de ces barbaries, de nous organiser afin de pouvoir saisir les juridictions étrangères au nom de la compétence universelle en matière de droit pénal», insiste le point focal de recueil des plaintes.
D’ailleurs, selon Cheikh Oumar Barro, d’autres plaintes sont attendues à l’intérieur du pays. «Il y a aussi des gens qui sont à Saint-Louis, à Ziguinchor, à Bignona, et à Kaolack qui ne peuvent se déplacer à Dakar. Ils nous ont demandé de venir en commission ad-hoc pour recueillir leurs plaintes sur place. Nous sommes en train de nous réorganiser pour ça, pour pouvoir faire les déplacements au niveau de ces localités pour recueillir toutes les plaintes», dira-t-il.
Plus de 220 plaintes reçues et d’autres attendues à l’intérieur du pays
Très en verve, il ajoute : «on est un collectif apolitique. Même si le nouveau gouvernement décide d’appliquer la loi d’amnistie, nous allons passer outre, parce que nous ne pouvons pas laisser passer ces actes de barbarie. C’est vous dire que nous ne comptons pas sur l’Etat. Au contraire, nous sommes en contact avec des organisations internationales, des ONG des droits de l’homme, des avocats internationaux qui ont pour vocation de défendre le droit international en matière pénal, je préfère ne pas les citer pour le moment pour voir comment nous allons nous organiser davantage afin de faire parvenir toutes nos plaintes devant ces juridictions.»
«Nous avons été arrêtés, humiliés et torturés. Nous avons été touchés dans notre dignité et notre honneur. Nous n’allons pas faire passer cela par pertes et profits»
Pour le moment, le point focal dit être très occupé à centraliser les plaintes qui pleuvent sur ses épaules. Avant d’accepter la plainte, il vérifie d’abord si le plaignant a bel et bien été détenu quelque part ou torturé à l’aide des documents qui peuvent l’attester. «Nous avons été arrêtés, humiliés et torturés. Certains ont été libérés sans aucune notification au terme de leur durée légale de garde à vue. Nous n’allons pas faire passer cela par pertes et profits. Nous avons été touchés dans notre dignité et notre honneur. Il faut que les responsables paient au niveau de la hiérarchie policière ou de la gendarmerie et leurs commanditaires à savoir Antoine Diome et Ismaïla Madior Fall, les principaux accusés», assure-t-il.
Amadou DIA (SourceA)