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Egypte: la campagne pour l’élection présidentielle s’ouvre ce samedi

Le scrutin doit se dérouler du 26 mars au 28 mars, pour le premier tour, puis du 24 au 26 avril s’il y a un second tour. Mais le vote semble joué d’avance puisque le président sortant Abdel Fattah al-Sissi, candidat à sa propre succession, n’a qu’un seul adversaire, Moussa Mostafa Moussa, jugé peu crédible.

« Un poids plume ». C’est ainsi que Tewfik Aclimandos, enseignant à l’Université du Caire, résume la stature du candidat Moussa Mostafa Moussa. Le chef du parti libéral Al-Ghad s’est présenté au dernier moment à l’élection présidentielle, alors qu’il a toujours soutenu la candidature du président Sissi. Il jouera donc les figurants. Ces dernières semaines, plusieurs prétendants sérieux ont été écartés ou ont jeté l’éponge.

« Deux hauts gradés, Sami Anan et Ahmed Konsowa, ont été tout bonnement arrêtés », rappelle Ahmed Benchemsi, porte-parole pour le Moyen-Orient de Human Rights Watch, une des 14 organisations de défense des droits de l’Homme qui ont dénoncé le 13 février dernier « une élection ni libre, ni équitable, une farce ». D’autres candidats, comme l’ancien député Mohamed Anouar el Sadate [neveu de l’ancien président] ou l’avocat défenseur des droits de l’Homme Khaled Ali ont renoncé à se présenter, dénonçant des « pressions insoutenables ». Les appels au boycott se sont multipliés.

Le président a laminé toute forme d’opposition

Abdel Fattah al-Sissi, ancien chef de l’armée devenu président en 2013 après avoir chassé l’islamiste Mohamed Morsi du pouvoir, a non seulement réprimé les Frères musulmans mais il a aussi laminé toute forme d’opposition libérale, en ordonnant nombre d’arrestations. Sa réélection s’annonce comme une formalité mais le fait qu’il se soit débarrassé de tout adversaire crédible « témoigne d’une certaine inquiétude », analyse Robert Solé, journaliste-écrivain spécialiste de l’Égypte, auteur de Ils ont fait l’Égypte moderne (Editions Perrin). « Il veut s’assurer d’être élu car il est moins populaire qu’il y a quatre ans, les Égyptiens sont déçus, ils souffrent ».

Sur le plan économique, le président Sissi a lancé des réformes drastiques en 2016 pour redresser le pays en crise, des réformes jugées nécessaires par nombre d’experts. Mais la dévaluation de la monnaie et la réduction des subventions d’État sur les carburants notamment ont entraîné une paupérisation de la population. L’inflation est galopante. « Officiellement, l’inflation est passée de 33% l’an dernier à 25% cette année, selon Tewfik Aclimandos. Au quotidien les prix ont été multipliés par deux ou trois. Ce que vous payiez 10 livres, vous payez 30 et les salaires n’ont pas augmenté ! Les Égyptiens n’arrivent plus à joindre les deux bouts ».

Contexte économique et sécuritaire difficiles

Le contexte économique est difficile, le contexte sécuritaire aussi. L’Égypte est placée sous état d’urgence depuis avril 2017 après des attentats meurtriers contre des églises coptes, revendiquées par l’organisation État islamique. Une attaque contre une mosquée fin novembre a fait plus de 300 morts. Le pays est engagé dans des combats très violents contre des jihadistes dans le Sinaï. Il perd des soldats régulièrement et mène des contre-attaques comme début février où une quarantaine de jihadistes ont été tués et plus de 500 arrêtés, selon les autorités.

Bien que le président Sissi n’ait pas réussi à enrayer ces violences, ce contexte sécuritaire lui sert dans sa mainmise sur le pouvoir, selon Robert Solé : « Le président joue là-dessus en se présentant comme le rempart aux attentats, au terrorisme et c’est comme cela d’ailleurs qu’il est perçu par les États occidentaux ». Cet argumentaire sécuritaire devrait être mis en avant par le président Sissi lors de la campagne électorale pour sa réélection qui s’ouvre donc ce samedi 24 février en Égypte.

Rfi.fr

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