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Apologie de femme suppliciée et vouée à la vindicte populaire

Une formule sarcastique américaine aime à rappeler que l’homme qui a envoyé des hommes sur la lointaine lune (Kennedy) a été effacé de la surface de la terre et envoyé six mètres sous terre par une balle de quelques millimètres. Ce sarcasme, comme tout sarcasme, cache une profondeur philosophique : la puissance du mal ne doit jamais être minimisée lorsqu’on est dans la voie du bien. Le mal est malheureusement si espiègle et perfide qu’il lui est souvent facile de prendre le dessus sur le bien.

C’en est également ainsi du mensonge face à la vérité : celle-ci est souvent fragile et désarmée face aux sombres intrigues du mensonge. Le menteur est tellement habile et rusé qu’il prend les habits de l’apôtre attitré de la vérité pour commettre ses forfaits. Quand les artifices de la mise en scène médiatique sont au service du menteur, c’est alors désormais un supplice de Sisyphe pour les véridiques que d’éclore et d’obtenir justice.

Au 21e siècle, dans un pays qui s’appelle Sénégal, un ministre accusé de viol ou de violence par une femme n’est nullement inquiété, ni même interpellé par les institutions ou les contre-pouvoirs de ce pays. C’est à croire qu’il n’y a plus de citoyens dans notre pays : les actes les plus ignobles peuvent être étouffés ou banalisés, pourvu que leur auteur soit influent. L’affaire opposant Madame Baroso née Seynabou Touré et Arona Coumba Ndoffène Diouf est, dans ce sens, un scandale dans un pays civilisé, de surcroit dans un régime démocratique. Et ce, non pas seulement parce que les faits incriminés sont graves, mais par l’omerta totale qui a frappé cette affaire : on dirait une omerta sicilienne !

Le ministre conseiller est, de façon quasi mystérieuse, passé d’accusé à accusateur : « Elle s’est présentée à mes bureaux le vendredi 10 juin 2016 pour réclamer le paiement de services qui n’étaient pas livrés tout en me menaçant de me « détruire médiatiquement » si je ne lui donnais pas de l’argent. C’est alors que je lui ai demandé de quitter mon bureau où elle a refusé, en continuant ses menaces et injures. Ainsi, je l’ai traînée jusqu’à la porte pour la mettre au dehors » dit-il.

Or à supposer que la version du ministre-conseiller soit exacte, l’aveu de maltraitance nous semble suffisant pour écarter ce dernier du gouvernement.  Un homme normal, de surcroit un ministre ne pas se permettre de se faire justice de façon si arrogante. Ce monsieur doit comprendre que tant qu’un homme n’est pas capable de noyer sa force et sa colère dans un océan d’indulgence pour mettre en confiance une femme, il n’est pas encore un homme.

Rudoyer une femme est un acte de lâcheté, une barbarie, quelle que soit la faute qu’on peut lui reprocher. Un ministre-conseiller doit être suffisamment nanti de bon sens et de moyens humains pour congédier une intruse hors de son bureau sans avoir besoin de faire usage de sa force physique. Viol ou violence, peut importe : l’essentiel c’est que la république ne soit pas embarrassée par des comportements fourbes. Faire d’une telle personne la garniture de la république est une insulte pour notre pays, un mépris pour la dignité de la femme.

L’impunité et l’injustice sont les incubateurs de la révolte et de l’anarchie. Or le régime de Macky Sall a désormais choisi d’accélérer la cadence d’une impunité impudique et arrogante. Heureusement que la victime est déterminée et restée digne malgré les tentatives de diabolisation : « Je mènerai ce combat jusqu’au bout pour ma dignité en tant que femme et mère avant tout, pour qu’il ne recommence pas avec d’autres », assure-telle. Madame, vous pouvez être persuadée que vous ne serez jamais seule si vous faites partie des véridiques. Le mal peut momentanément triompher, le mensonge peut retarder la vérité, mais ils ne peuvent s’imposer indéfiniment. Et la grandeur n’est pas dans le nombre de victoires remportées, mais dans la dignité dont on fait preuve dans l’échec et dans la persécution.

Femmes violées, femmes violentées, femmes victimes d’ostracisme dans tous les pays du monde, vous pouvez mûrir votre courroux dans la vertueuse patience de l’amour libéral que vous portez à toute l’humanité. Les mâles peuvent s’arroger le rôle controversé du sexe fort, mais ils ne pourront jamais occulter le rôle que DIEU vous a confié : vous portez la vie et donnez l’amour éternel et inoxydable aux enfants. On vous a longtemps écartées des chemins de l’école et, par conséquent, de la science et du pouvoir, mais votre abnégation et votre persévérance sont les espoirs d’un renouveau dans l’histoire actuelle de l’humanité.

Alassane K. KITANE, professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès.

 

 

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1 commentaire

lili 01/08/2016 - 12:43 at 12:43 PM

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