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Conférence co-animée par Ousmane Sonko et Mélenchon à l’Ucad : le Rectorat déplore la tournure politique de la rencontre

Le passage d’Ousmane Sonko et Jean Luc Mélenchon à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, jeudi dernier, continue de susciter des commentaires. Le dernier en date porte la signature du porte-parole du Recteur Ahmadou Aly Mbaye, Pr Mbaye Thiam, qui renseigne que l’attitude des militants du Pastef, évitant de les nommer comme étudiants à l’UCAD, a transformé la conférence en un meeting politique. «Ce qui a naturellement créé beaucoup de frustrations parmi les membres de la communauté universitaire», dira-t-il.

La dernière conférence publique co-animée par Ousmane Sonko et Jean Luc Mélenchon fait l’objet de débat même au sein de l’Université Cheikh Anta Diop Dakar, ou le rendez vous a eu lieu. Pour cause, le recteur n’a visiblement pas apprécié sa tournure. En effet, d’après son porte-parole, Pr Mbaye Thiam, «la demande faite à l’Ucad était d’autant plus recevable que ce genre de manifestation autour des relations Europe Afrique figure dans l’agenda de toute université respectable, sous le chapitre de l’animation scientifique et culturelle.»

«Ce qui devait être une activité républicaine s’est transformé en meeting politique dès lors que M. SONKO, au moment de prendre la parole, a fait observer qu’il s’exprimait en sa qualité de responsable d’un parti politique»

Seulement, «elle provenait par ailleurs de l’État et non d’un quelconque parti politique», ajoutera-t-il, avant d’embrayer en ces termes : «Toutefois, ce qui devait être une activité républicaine s’est transformé en meeting politique dès lors que M. SONKO, au moment de prendre la parole, a fait observer qu’il s’exprimait en sa qualité de responsable d’un parti politique. De plus, le grand amphithéâtre de l’UCAD 2 a été très tôt pris d’assaut par des militants dont la qualité d’étudiant n’est pas forcément établie, excluant l’accès à la salle à beaucoup d’étudiants qui voulaient participer. Ce qui a naturellement créé beaucoup de frustrations parmi les membres de la communauté universitaire (étudiants, enseignants comme PATS).»

«Si dans cette affaire une faute a pu être commise, elle ne serait certainement pas imputable au rectorat»

Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, Pr Mbaye Thiam de poursuivre : «Je précise que c’est de manière officielle que les instances compétentes de l’Université ont été saisies par les services de l’Etat, et que la salle a été mise à la disposition du Premier ministre du Sénégal qui représente en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances l’État du Sénégal. Ceci relève non seulement d’un principe intangible de notre administration publique mais également d’une tradition bien établie au sein de l’université depuis sa création. Si dans cette affaire une faute a pu être commise, elle ne serait certainement pas imputable au rectorat. Toutes les règles et procédures gouvernant l’affectation de l’amphithéâtre ont été rigoureusement respectées. »

«Il est en effet inadmissible de vouloir empêcher le recteur d’assumer le rôle imparti à lui par l’État du Sénégal d’une part et d’autre part par sa fonction de premier responsable de l’université »

S’il y en a qui se demandent aussi ce que le recteur est allé faire dans cette conférence, le porte-parole du Pr Ahmadou Aly Mbaye tient à souligner que «la présence du Président de la République ou du Premier Ministre sur le campus oblige le Recteur à lui dérouler le protocole académique (accueil par le Conseil restreint de l’université, allocution de bienvenue, etc.).» Ainsi, «le recteur de l’UCAD se devait d’être présent aux côtés du premier ministre pour une conférence à l’adresse de la communauté et particulièrement des étudiants.» Seulement, déplore Pr Mbaye, «une partie du public a voulu empêcher le recteur de prononcer son discours de bienvenue et il a fallu l’intervention du premier ministre Ousmane Sonko pour calmer la situation.»

«Ce qui s’est passé est l’expression d’un esprit d’intolérance incompatible avec les valeurs et missions de l’Université. De telles manifestations risquent, si l’on n’y prend garde, de précipiter le déclin de l’université.»

Mieux, pour lui, c’est une attitude particulièrement déplorable dans une université. «Il est en effet inadmissible de vouloir empêcher le recteur d’assumer le rôle imparti à lui par l’État du Sénégal d’une part et d’autre part par sa fonction de premier responsable de l’université. Le danger que présentent de tels actes est aussi grave que celui auquel l’Ucad a été exposée avec les violences physiques qui, depuis quelques années, menacent gravement la sécurité des membres de la communauté universitaire, dans leurs personnes comme dans leurs biens», regrette le Pr Mbaye Thiam. Non sans prévenir : «Ce qui s’est passé est l’expression d’un esprit d’intolérance incompatible avec les valeurs et missions de l’Université. De telles manifestations risquent, si l’on n’y prend garde, de précipiter le déclin de l’université.»

«Sous le rapport de ces observations et de la tournure des événements, nous déplorons ce qui s’est passé et espérons que les prochaines séquences d’animation scientifique et culturelle à venir se dérouleront dans de meilleures conditions.»

Il rappelle que «partout à travers le monde, les institutions universitaires qui se respectent veillent tout à la fois à garantir à leurs membres l’autonomie académique nécessaire pour satisfaire la quête des différents savoirs, les entretenir et les diffuse». Car, «les universités sont à cet égard des espaces où la liberté intellectuelle des membres est garantie, et le devoir d’objectivité, de tolérance et de mesure assuré à tous » en ce sens que « lorsque l’Université cesse d’assurer sa mission particulière et constante de sauvegarde de l’objectivité du savoir et la libre expression des pensées et des opinions, elle est condamnée à la déchéance.» Il conclura par ce ton : «Sous le rapport de ces observations et de la tournure des événements, nous déplorons ce qui s’est passé et espérons que les prochaines séquences d’animation scientifique et culturelle à venir se dérouleront dans de meilleures conditions.»

Amadou DIA (Actusen.sn)

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