Après avoir été sélectionné par un club en France, Cheikh Tidiane s’est rapproché de son grand, pour requérir des conseils. Mais celui-ci était loin de se douter qu’il rejoignait sa mort. Au cours de cette soirée, Adama Cissé à étranglé à mort son ami avant de l’abandonner en pleine route.
Dans la nuit du 16 septembre 2021, Adama Sadio a été réveillé par les cris de ses filles qui l’annoncent le décès de son fils unique, Cheikh Tidiane Sadio. Trouvant son enfant, inerte, à même le sol, sur une ruelle à Mermoz, l’adjudant-chef en retraite réalise que celui-ci est arraché de son affection à jamais. Les pompiers ont embarqué le corps sans vie de Cheikh Sadio pour les besoins de l’autopsie qui révèle une mort par strangulation. Il n’a fallu que quelques heures pour que les limiers mettent la main sur l’auteur présumé de cet acte ignoble. Il s’agit de Adama Cissé. Marié et père d’une petite fille de cinq ans, le monsieur faisait partie du cercle loyal de la victime. Le jour des faits, le défunt l’a contacté afin de célébrer sa signature de contrat dans un club de football en France. Les deux acolytes ont passé au moins trois heures à se saouler. À court de cigarettes, ils ont décidé d’aller se refaire un stock.
À la sortie de la station Elton, Cheikh est entré dans une colère noire. Il succéda insultes et injures. À bord de la voiture de son ami, la tension pesait entre les deux. Vu l’état d’ébriété de celui-ci, Cissé lui a proposé de l’amener chez lui. Chose qu’il refusa catégoriquement. S’en est suivie une discussion très houleuse avant qu’ils commencent à se bagarrer. Adama Cissé raconte que Cheikh Tidiane l’a craché en pleine figure avant de se jeter sur lui. Il commet l’irréparable et l’étrangle jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Le quarantenaire l’abandonnant ainsi au bord de la route avec une note intitulée : « he is note dead », (il n’est pas mort). Rentré, il continue naturellement à mener sa vie quotidienne. Après avoir amené sa fille à l’école, il retourne à la station, loin de se douter que les agents de la gendarmerie étaient sur la scène du crime, au même moment.
Appréhendé, Adama Cissé est placé en détention préventive le 16 septembre 2021, l’accusé est présenté aux juges de la chambre criminelle du tribunal d’instance de Dakar. On lui reproche le chef de meurtre. À la barre comme à l’enquête, Cissé conteste les faits qui lui sont reprochés et indique n’avoir jamais eu l’intention de tuer son ami. Selon sa version des faits, au cours de cette nuit, il y a eu plusieurs éléments qui ont gangrené cette colère. « À un moment, il s’est jeté sur moi. Je me suis défendu en l’étranglant avant de l’abandonner. Je pensais même qu’il allait venir donc je suis resté dans la voiture pendant une demi-heure devant chez moi. Puis, je me suis résigné à rentrer. Je suis retourné au quartier, prendre un café avant d’aller à la station Elton. J’ai pris des cigarettes au moment de rentrer, deux voitures de la gendarmerie se sont garées derrière moi. Lorsqu’ils m’ont pointé une arme, c’est là que j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’un contrôle de routine. À bord de son véhicule, l’adjudant m’a annoncé le décès de Cheikh », ajoute-t-il avant de marteler : « cette affaire a détruit sa famille, la mienne. Ça a chamboulé beaucoup de choses. L’alcool c’est fini pour moi ».
Même s’il regrette son acte odieux, la déclaration du témoin vient chambouler sa ligne défensive. Le gardien de la station estime que le prévenu prenait son pied à côté de la vie de son ami. D’ailleurs au moment du drame : « je me suis rendu à la voiture garée au bord de la route mais il m’a acculé et m’a menacé de quitter les lieux. J’ai pris en photo la plaque d’immatriculation pour alerter les limiers. Lorsque je suis revenu, il l’avait déjà abandonné sur le bord de la route avant de prendre la fuite », raconte le témoin. Ainsi, l’avocate de la partie civile, persuadé de la culpabilité du prévenu, réclame la requalification des faits de meurtre en assassinat. La robe noire demande 500 millions en guise de dommages et intérêts.
Même si le ministère public n’est pas d’avis à requalifier les faits, il demeure convaincu que Cheikh est décédé à la suite de violence perpétrées sur sa personne par Adama Cissé. Ainsi, il requiert de le déclarer coupable de meurtre avec une peine de 10 ans de récrimination criminelle. La défense évoque l’accident et demande la requalification des chefs en homicides involontaires compte tenu de l’état d’ivresse des deux parties. Le tribunal statuera le 7 mai prochain.
Aissata TALL (Actuden.sn)