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Denis Shapovalov, le gamin qui n’a peur de rien

US OPEN 2017 – La tornade Denis Shapovalov est en train de souffler sur le circuit depuis quelques semaines. Après sa demi-finale à Montréal, le jeune Canadien de 18 ans est en train de bluffer son monde à Flushing. Mais au fond, rien d’étonnant. Car s’il dégouline de talent, “Shapo” a aussi cette faculté à se bonifier quand l’enjeu grimpe.

La scène se passe à Granby, à une vingtaine de minutes de route à l’est de Montréal. Nous sommes à la fin du mois de juillet. Denis Shapovalov traine son spleen. La veille, il a remporté le Challenger de Gatineau, et s’apprête à affronter Marko Matinsevic, 401e mondial, au 1er tour du tournoi local. Tout seul dans son hôtel de banlieue, avec un wifi en rade, Shapo s’ennuie, donc. Il a l’impression que tout ça n’est plus vraiment pour lui. Il rêve d’autre chose. Cet autre chose qu’il vient d’effleurer à Wimbledon où, trois semaines plus tôt, il a effectué ses premiers pas en Grand Chelem.

“Tout me manque, de Wimbledon. Les lounges sympas, les hôtels sympas, et surtout l’atmosphère, les grands joueurs, confie alors le jeune Canadien à nos confrères de Sportsnet, venus lui rendre visite à Granby. Gatineau, c’est un bon tournoi, bien organisé, mais ça reste Gatineau. “Ce qui me motive, c’est de passer au niveau supérieur, je travaille dur pour ça parce que je veux passer à autre chose que les challengers, je veux retourner dans les jolis lounges et les beaux hôtels”, avait-il souri. En plaisantant à moitié.

Masters 1000, Grand Chelem, c’est son truc

C’était il y a à peine un mois et cela s’apparente aujourd’hui à la préhistoire de la carrière de Denis Shapovalov. Gatineau et Granby resteront peut-être les deux derniers challengers de sa vie. Depuis, tout a changé. Depuis, tout le monde connait son nom et sa tête. Depuis, il a atteint les demi-finales du Masters 1000 de Montréal. Il a battu Rafael Nadal. Il a battu Jo-Wilfried Tsonga en night session sur le plus grand court du monde, en Grand Chelem. Il y a un mois, il était au-delà de la 160e place à l’ATP. Il s’apprête à intégrer le Top 50. Tout ça à 18 ans et quelques mois.

Une ascension fulgurante qui n’est sans doute pas achevée, loin s’en faut. Car au-delà de son talent repéré depuis un bout de temps maintenant, et de sa jolie patte gauche, ce qui saute aux yeux, c’est à quel point Shapovalov aime les grandes scènes et les grands combats. De quoi penser qu’il ne sera pas seulement un excellent joueur, mais qu’il porte aussi en lui les attributs d’un futur champion.

Une statistique dit d’ailleurs tout de ce tempérament : sur le grand circuit, le Canadien d’origine russe a gagné huit matches pour l’instant depuis le début de sa carrière. Huit, dont sept en Grand Chelem ou Masters 1000. Huit, dont un contre Nadal, un contre Kyrgios, un contre Del Potro, un contre Tsonga et sept face à des joueurs du Top 50. Quand l’adversité et l’enjeu croissent, Shapovalov s’élève. C’est un signe.

Plus il y a de fous, plus il rit

Ce fut particulièrement frappant mercredi face à Jo-Wilfried Tsonga. On attendait avec impatience de le voir à l’œuvre en étant aussi attendu qu’il ne l’était, dans une session nocturne, sur le Arthur-Ashe. Difficile d’imaginer contexte potentiellement plus impressionnant. Mais cette démesure-là lui sied à merveille. “Je suis resté calme, tranquille, a-t-il confié après son match contre le Français. Oui, c’est intimidant. C’est tellement grand, tout est immense, même les écrans. Il y a des gens qui bougent et qui parlent, mais c’est sympa. J’aime ça et je prends beaucoup de plaisir.” Plus il y a de fous, plus il rit.

En ce sens, il y a du Kyrgios en lui. Comme l’Australien, il ne semble jamais aussi brillant que dans un contexte taillé pour les grands. Mais la comparaison s’arrête là, en tout cas pour le moment, entre ces jeunes gens. Pourtant, l’épisode de la Coupe Davis en début d’année pourrait inciter à opérer un autre raccourci entre Kyrgios et Shapovalov.

Frustré lors de son match contre Kyle Edmund, l’Ontarien avait balancé violemment une balle qui avait malencontreusement fini dans l’œil de l’arbitre français, Arnaud Gabas. C’était stupide, impulsif, mais la manière dont il a géré ce regrettable incident en dit paradoxalement assez long sur sa maturité. Shapovalov est très jeune et il a commis là une erreur de jeunesse. Mais elle ne l’a pas freinée, bien au contraire.

” Denis a une maturité nettement supérieure à son âge réel”

Au fond, Shapovalov, c’est l’anti-Kyrgios. L’instabilité de l’Australien, à l’investissement sinusoïdal, est à des années-lumière de l’engagement total du Canadien. Le temps de l’usure viendra peut-être un jour, mais, pour l’heure, Shapovalov s’est engagé sur la voie qui est la sienne en toute connaissance de cause, comme l’explique Andrzej Kepinski, son manager.

Ce dingue de tennis le soutient financièrement depuis ses 13 ans. “Denis a accepté les contraintes de son métier, explique-t-il. L’éloignement de la famille, de la maison. Il l’a accepté et depuis, il met tout en oeuvre pour atteindre ses rêves. Pour un jeune comme ça, le circuit est très difficile, très exigeant. Mais Denis a une maturité nettement supérieure à son âge réel et ça a toujours été le cas.”

Pas de doute, Denis Shapovalov sait ce qu’il veut. Il sait aussi ce qu’il vaut. Il a un colossal respect pour un Nadal ou un Federer. Mais il sait le laisser de côté quand il s’agit de les défier. Montréal a révélé une anecdote très parlante à ce sujet. Pendant le Masters 1000, a dévoilé CBC, Shapo créchait chez son pote Felix Auger-Aliassime, 17 ans depuis le 8 août, l’autre petite merveille du tennis canadien. Dans la chambre de “Felix tennis” trônait un poster de Nadal. Avant d’aller se coucher, Shapovalov a demandé à Auger-Aliassime d’enlever ça du mur. Le temps n’était plus à la déférence. Le soir-même, il terrassait Nadal pour signer une des sensations de l’année.

Avec Eurosport.fr

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