Trois (3) ans d’emprisonnement ferme ! C’est la peine qu’encourt le sieur Abdoulaye Cissokho. Poursuivi pour des faits d’escroquerie et d’abus de confiance portant sur la somme de 63.500.000 francs Cfa, il est traîné en justice par sa fiancée Lala Guèye.
Prévenu d’escroquerie et d’abus de confiance portant sur la précieuse cagnotte de 63.500.000 francs Cfa, le sieur Abdoulaye Cissokho faisait face, hier, au juge de la Chambre correctionnelle du Tribunal de Dakar. Il est attrait à la barre de cette Juridiction par la dame Lala Guèye. Selon l’économie des faits, cette dernière a fortuitement fait la connaissance du prévenu avec qui elle a échangé des contacts.
Ainsi, ils ont commencé à sympathiser et se sont fréquentés pendant 4 mois. Mais, ces liens amicaux aboutiront à une demande en mariage. Entre-temps, Lala était chargée par les autres membres de sa famille de vendre leur maison familiale. C’est ainsi qu’ils ont vendu la maison à Timoté, un Nigérian qui serait également un voisin du prévenu. La maison a été vendue à 93.000.000 de francs Cfa.
Selon la partie civile, Cissokho n’ignorait pas la transaction. C’est ainsi qu’il s’est rapproché d’elle, le jour du retrait, le 1er février, en lui faisant croire qu’il avait une opération urgente à faire et lui a emprunté 50.000.000 de francs. Sans arrière-pensée, celle-ci s’est exécutée en lui remettant un chèque. Le 2 février, elle a encore effectué un retrait de 10.000.000 de francs. Le troisième jour également, elle lui a remis 3.500.000 francs CFA. Depuis lors, Abdoulaye Cissokho s’est évaporé dans la nature et est resté injoignable.
Lors d’une perquisition, les policiers ont saisi 13 cartes SIM, 7 téléphones et 3.000.000 de francs
Lala s’est affolée et a déposé une plainte à la Gendarmerie, le 7 juin 2021. Elle a remis les deux numéros du mis en cause aux enquêteurs qui ont réussi à le localiser à Fann, avant de procéder à son arrestation. C’est à la Dic que Lala découvre le véritable nom de son escroc. Après perquisition, les policiers ont saisi 13 cartes SIM, 7 téléphones et 3.000.000 de francs. Interrogé, il soutient n’avoir reçu que 6.500.000 francs.
Après être revenue sur les faits, hier, à la barre du Tribunal correctionnel, la partie civile, Lala Guèye, se dit être envoûtée par le prévenu. «Je ne sais pas les raisons pour lesquelles je lui ai donné cet argent. Il m’a donné un habit où on a écrit des versets coraniques. C’est ce qui explique le fait que je lui remets de l’argent à chaque fois qu’il le souhaite», déclare la plaignante qui reconnaît à la barre que le prévenu lui avait promis de l’épouser.
Poursuivant, elle ajoute : «pour me mettre en confiance, il m’a d’abord confié 50.000.000 de francs Cfa. Quand je lui restituais cette somme, il m’a offert 100.000 francs. Je lui ai donné l’argent en trois tranches. Je lui ai remis 50.000.000 de francs Cfa chez moi. Pour les 10.000.000, la remise à eu lieu à Castors dans ma voiture. Il n’y avait personne dans le véhicule. Et, les 3 .500.000 francs, la remise a eu lieu à la mosquée du Point E », renseigne Lala Guèye.
Ayant fait croire à la partie civile qu’il s’appelait Abdourahmane Camara, le prévenu a tenu à éclairer, dès l’entame, que c’est un surnom que son grand-père lui a donné. Pour la demande en mariage, il l’a également réfutée, alléguant qu’il ne peut y avoir de projet de mariage entre eux, car il a 4 épouses. Alors qu’il avait confié à la Police qu’il voulait l’épouser. «Quand je suis allé chez Lala, elle m’avait fait part de son souhait de se marier et d’avoir des enfants. Elle avait même dit qu’elle s’est mariée à 2 reprises et n’a pas eu d’enfant», avait-il déclaré à la Police.
Pour les faits d’escroquerie qui lui sont imputés, il a reconnu avoir reçu de l’argent de la plaignante, mais minimise la somme déclarée par celle-ci. À l’en croire, Lala Guèye lui a remis 6.500.000 francs Cfa. Non sans revenir sur les circonstances dans lesquelles il a fait la connaissance de la partie poursuivante. «On s’est connus au mois de février, dans la circulation aux alentours de la mosquée Massalikoul Jinane.
Nos véhicules ont failli se heurter. On a même fait des blagues. C’est elle qui m’a donné son numéro», raconte le prévenu. Pour se défendre, il a tenté d’enfoncer la partie civile : « 4 mois après notre connaissance, je lui ai dit que je devais me rendre à Médina Gounass. Elle m’a ainsi dit qu’elle a eu écho qu’il y a de bons marabouts là-bas. C’est à mon retour qu’elle m’a donné 6.500.000 francs pour que je lui trouve un marabout. Elle voulait marabouter ses frères. Elle m’a même donné leurs noms. Cet argent je n’ai pas pu le donner à un marabout. L’argent je l’ai remis aux enquêteurs. Depuis que je suis né, je n’ai jamais détenu 63.000.000 francs . »
Pour l’avocat qui défendait les intérêts de la partie civile, Me Assane Seck, les manœuvres du prévenu ne souffrent d’aucune contestation. «Il s’est présenté sous le nom de Abdourahmane Camara, alors qu’il se nomme Abdoulaye Cissokho. On ne lui connaît aucune activité, mais il s’est permis d’acheter 2 maisons et des véhicules. Ce monsieur est un habitué», fulmine la robe noire qui demande au Tribunal de condamner le prévenu de rembourser la somme de 63.500.000 francs CFA en principal et de confisquer ses biens.
Pour la réparation, il a réclamé un dédommagement de 3.000.000 de francs pour le compte de sa cliente. Il a aussi sollicité que la contrainte par corps soit fixée au maximum. À la suite du maître des poursuites qui a requis contre Abdoulaye Cissokho une peine d’emprisonnement ferme de 3 ans, l’avocat de la défense, Me Ousseynou Ngom, a plaidé la relaxe. L’affaire est mise en délibéré pour jugement devant être rendu le 10 mars prochain.
Adja K. Thiam (Actusen.sn)