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Hassan Kone, initiateur du projet E-Hospital : «le risque d’implosion est bien présent…»

Titulaire d’un doctorat en administration des affaires et de certification financière professionnelle en gestion des risques et courtage boursier, Hassan Koné  a mis en place un projet innovant qui va faire gagner du temps aux soignants et aux patients. En cette période de Covid-19, E-Hospital permettra d’améliorer de façon remarquable, avec une fiabilité accrue, le dispositif de riposte.

Vous voulez mettre en place un projet pour les structures sanitaires, en quoi consiste-t- il ?

Pour résumer, le projet E-Hospital englobe une source de financement et une solution technique qui ont pour but de moderniser le système de santé au Sénégal. La source de financement est destinée principale- ment à la rénovation et aux besoins d’investissements des infrastructures sanitaires. La solution technique est basée sur un progiciel qui offre une gestion numérisée des informations personnelles et antécédents médicaux des patients et une centralisation des données hospitalières sur le plan national ; le tout géré par le Ministère de la Santé et les managers des établissements concernés. Ce système serait mis en place par un partenaire technique aguerri et reconnu sur le plan international, en collaboration étroite avec l’expertise locale. Concrètement, la plateforme E-Hospital permettrait la prise de rendez-vous, la consultation des dossiers médicaux électroniques et la possibilité de rappel des dates de consultation par email ou mes- sage. Pour le personnel médical et paramédical, le gain de temps et la disponibilité d’informations fiables seraient un grand atout pour la qualité de service. Les données cliniques pourraient être transférées à un autre hôpital ou à d’autres médecins, sous validation du patient. Quant aux directeurs hospitaliers et au Ministère de la Santé, ils bénéficieraient d’une vision transparente et d’une gestion allégée des structures grâce au système de rapport suivant les périodicités choisies. Ce projet offre une clairvoyance et une rapidité d’action qui fait défaut à ce jour à notre système de santé. Patients, soignants et autorités administratives y gagneraient.

Vous y soulignez également un apport en termes de prévention. Cependant, en plein milieu de crise de la Covid-19, quel impact E-Hospital pourrait avoir ?

Aujourd’hui, les cas augmentent, les décès sont de plus en plus fréquents, et nos braves médecins ne cessent de nous mettre en garde. Le risque d’implosion est bien présent. Dans l’urgence, nous pourrions bénéficier de plus de lits chauds pour nos malades, de nouveaux appareils de réanimation et d’équipements de protection pour le personnel soignant.

Le relèvement du plateau technique ne freinerait pas l’expansion du virus mais pourrait jouer un rôle important dans la rapidité de guérison et dans la prise en charge des cas graves, facteur déterminant dans l’évolution du taux de mortalité. Avec les possibilités offertes par une solution telle que E-Hospital, notamment avec la synchronisation des données, le recensement des personnes at- teintes et le partage rapide des informations entre les acteurs, l’efficience de notre dispositif de riposte serait améliorée de façon remarquable, avec une fiabilité accrue. Nos autorités seraient à même d’évaluer en temps réel, objectivement, la capacité des services d’urgence proportionnellement à la demande. La gestion des tests effectués au plan national, l’estimation des ré- serves en médicaments et en sang seraient accessibles en temps réel aux professionnels de la santé et au Ministère via la plateforme. De plus la mobilisation, le déploiement du personnel de santé, et également la gestion de leurs besoins seraient plus aisés. Loin de moi la prétention de régler tous les problèmes du secteur… Cependant, nous pourrions renforcer grande- ment nos armes par rapport à cet ennemi invisible et omniprésent…

Pensez-vous que le Sénégal est capable d’adapter ce pro- jet si l’on sait que la technologie n’est pas très avancée ?

En terme de technologie, le Sénégal n’est peut-être pas au ni- veau des grandes nations du monde mais des efforts nationaux sont consentis et la jeunesse se forme et se perfectionne très rapidement. Le gap tend à se réduire. Pour revenir sur ces efforts nationaux, le dernier discours à la nation du président de la République (le 29 juin) l’atteste par la mise en place, sur la période 2020-2024, d’une ambitieuse stratégie de modernisation du secteur de la santé et de l’action sociale, à travers le Plan d’investissement pour un système de santé et d’action sociale résilient et pérenne, dont une composante dédiée à la télésanté. E-Hospital pourrait être un pilier de cette composante. Et il faut rappeler également que notre projet prend en compte le financement des équipements, installations, connexions, et formations complémentaires de toutes les parties concernées. Quant aux populations, la mode du digital fait désormais partie intégrante du quotidien. Le téléphone portable est utilisé dans les villages les plus reculés du Sénégal, et le message vocal a permis à ceux qui ne savent pas écrire de pou- voir s’exprimer. Je suis persuadé que si les efforts sont concentrés, nous ne pouvons qu’obtenir les résultats escomptés.

Quelles sont les structures sanitaires qui peuvent en bénéficier ?

Le système informatique pourra être déployé sur l’ensemble du territoire, surtout dans les zones reculées avec prise en charge de toute la logistique.  Le projet offre par ailleurs un finance- ment pour la rénovation de certains hôpitaux régionaux publics ainsi que de certains SAMU, le centre d’appareillage orthopédique et le centre national de transfusion sanguine. Par rénovation, nous entendons celle des infrastructures et la mise à dis- position d’un plateau technique selon les besoins (urgence, réanimation, imagerie de pointe – PET Scan -, radiothérapie, lits spécialisés, matériel chirurgical, etc.). Nous sommes nombreux et ce, dans tous les secteurs d’activité, à élaborer des projets innovants d’envergure nationale ; des projets qui, pour la plupart, ne verront jamais le jour.  En outre, quatre années de procédure ne m’ont pas suffi à faire valider E-Hospital. Et si je dispo- sais d’autres solutions à basse échelle pour le mettre en œuvre, nous l’aurions déjà lancé. Cependant dans les projets de cette envergure, l’engagement de l’État est indispensable. Je reste persuadé que le président de la Ré- publique n’ignorerait pas volontairement une initiative citoyenne constructive et salvatrice en ces temps de restructuration. Ce que la mondialisation a de beau, c’est de nous permettre de nous inspirer des exploits des autres nations et de les adapter à nos réalités socio-environnementales. Et de ce phénomène, je retiens que les plus grandes réalisations sont celles où le peuple et l’État travaillent d’une seule main.

Entretien réalisé à L’As

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