En inaugurant pompeusement le Pont inachevé dit de l’Emergence, le Président Sall a livré un discourscreux aidé cette fois-cipar son fanfaron ministre d’Etat. On redécouvre un Président cassant, autoritaire voire intimidant dans des positions guerrières.
Monsieur le Président, il est temps de comprendre que votre fonction exige de la retenue, de la persévérance. Un Président de la république doit rassurer et non terrifier. Il doit convaincre et non contraindre. Mais, surtout la posture d’homme d’Etat exige un certain comportement. « La grandeur a des exigences » disait le Général De Gaulle. Pourquoi ne pas singer Mandela, Ghandiou encore Krumah pour se hisser à leur niveau c’est-à-dire distinguer en tout lieu et en toutes circonstances, ce qui fait la grandeur du leader :l’humilité et lamesure. Votre principale qualité doit être…la qualité d’attitude, celle-là qui permet de gérer sans rigueur excessive ni faiblesse coupable, sans regret ni rancune.
Mais vous devez aussi comprendrequ’un bilan n’est pas seulement la suite d’infrastructures inaugurées ou de pierres posées. Il est d’abord moral. Il découle d’un contrat de confiance basé sur la sagesse, le respect de la parole.Sur un rapport de vérité.
En inaugurant avec faste ce bout de pont laqué aux couleurs du parti, avec un groupe de militants et de courtisans, vous oubliez que ce pont appartient aux Sénégalais, à tous les Sénégalais. Pendant qu’il est temps, exigez alors de vos forces de sécurité que toutes les personnes qui l’enjambent, toutes les voitures qui le traversent soient parées de marron beige. Faites peindre les marchés, les stades, les routes, bref tout le pays au Gylatex chocolat. Le spectacle sera triste à voir car « trop de marron donne un air triste, ennuyeux » d’après le Code des couleurs.
Ces vaines gesticulations sont assez révélatrices de votre état d’esprit de président d’un parti ou d’une partie du Peuple. Vous manquez d’élégance en taxant de nullards ceux qui critiquent votre action, critiquant même sournoisement vos alliés socialistes auteurs du fameux pont Sénégal 92. Pourquoi avoir peur d’être critiqué et même d’être hué ? Ces critiques et ces huées sont des moments de remise en cause de votre action si nécessaires pour justement vous remettre en cause, vous ajuster, rectifier et accélérer la marche des choses. Car, vous n’avez pas le monopole du patriotisme encore moins de l’excellence. J’ai toujours pensé qu’un Président à l’intelligence modeste pour ne pas dire moyen ferait l’affaire. Parce qu’il gouvernerait avec conviction et non avec des certitudes comme ces « cracks » ou super diplômés, Agrégés es…qui n’écoutent finalement que leurs caprices.
Oui, il faut réveiller Léo. Nous avons besoin d’un lion debout. Le lion est symbole de dignité, de courage, d’agilité. Il est Roi parce qu’il est juste. Il est Roi parce qu’ilprotège et veille sur ses semblables contre vents et marées. Il ne dort qu’après avoir géré la « mifa »c’est-à-dire du sommeil des justes. Notre lion malheureusement dort toujours. Et du sommeil des paresseux. Réveilles toi Gaïndé ! Il se fait tard et il est temps de rugir…
Moussa TAYE