ACTUSEN
A LA UNENewsPolitique

Indemnisation des victimes des dernières manifestations : une décision qui divise le Parlement

De quel crime l’État du Sénégal est-il l’auteur ? C’est la question qui taraude l’esprit de l’honorable député Mbaye Dione, responsable politique à l’AFP, élu sous la bannière de la coalition Jamm Ak Njarin de l’ancien Premier ministre Amadou Ba.

« Alors que nous attendions un projet de loi abrogeant la loi d’amnistie, le gouvernement du Sénégal nous prend à la renverse, en annonçant ces indemnités qui seraient reversées aux « victimes » du Pastef », soutient-il, notant un précédent, en sus d’être dangereux, qui consacre la prime à la casse au mépris des dispositions du Droit positif en vigueur.  « Il piétine l’État de droit, à même de garantir la liberté d’entreprendre, qui veille sur la protection des investissements et assure aux entrepreneurs la sécurité de leur environnement. C’est dire qu’au-delà de ce qui s’apparente, de toute évidence, à une justice des vainqueurs, des balafres portées contre notre institution judiciaire, cette décision gouvernementale fait peser une lourde hypothèque sur la cohésion sociale et l’équité entre les citoyens », insiste le maire Ngoundiane.

Prenant la défense du gouvernement, l’honorable député Amadou Ba, de Pastef, dira : « Qui ose considérer qu’une assistance de 10 millions de F Cfa pour des parents qui ont perdu un fils, décédé dans des circonstances atroces, relevait d’une récompense politique à des pilleurs ? » Pour lui, « ou ils sont ignorants, et c’est inquiétant pour leur stature et carrière politique, ou ils sont malhonnêtes, et cela montre qu’ils ne méritent pas le statut d’homme d’état. »

La réponse cinglante de Amadou Ba n’a pas empêché Mbaye Dione de poursuivre sa logique : « Qui va indemniser ces entrepreneurs sénégalais victimes collatérales d’une idéologie de la haine des français, pour avoir eu le tort d’acquérir des franchises d’enseignes françaises telles que Auchan ou Total, des professeurs et des employés de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui ont vu leurs véhicules incendiés, des centaines d’acteurs du secteur informel : vulganisateurs, menuisiers, ébénistes, petits commerce,… » A son tour, Amadou Ba n’a pas manqué de répondre. Et c’est pour dire : « L’indemnisation de toutes les victimes, citoyens comme commerces, avec une évaluation objective de chaque préjudice, sera certainement prévue à travers le règlement définitif de la loi d’amnistie qui ne comporte pas de mécanisme d’indemnisation. »

Mais Mbaye Dione n’est pas pour autant convaincu. « Au demeurant, il importe pour ce gouvernement de garder toujours à l’esprit que la République ne peut faire l’économie sur la vertu. Que la vertu est ce qui améliore l’Homme.  Ce faisant, il nous importe tous de garder à l’esprit les enseignements de Socrate lorsqu’il excipe qu’ « on ne rend pas le méchant meilleur en cherchant à lui nuire : si la vertu est ce qui améliore l’homme, alors le juste doit faire du bien à ses ennemis comme à ses amis, sans quoi la justice ne serait pas une vertu. » », dira le banquier. Non sans formuler des prières : « Puisse la raison guider nos actions et nous inspirer à sublimer les vertus républicaines, sans lesquelles aucune concorde nationale, moins encore de cohésion sociale ne peuvent être envisagées. »

Toutefois, Amadou Ba, dans ses réponses, a aussi évoqué la question de l’indemnisation des Forces de l’ordre, soulevée par certains opposants. « Il existe en effet un régime spécial de prise en charge des membres des forces de l’ordre victimes de dommages corporels lors de manifestations à travers la Loi n° 2009-18 du 9 mars 2009 relative au statut du personnel de la Police nationale, notamment son art 9 », rappelle l’honorable député de Thiès, non moins juriste de formation. Ledit article, ajoutera-t-il, dispose : « En plus et indépendamment de la protection à laquelle les membres de la Police nationale ont droit, conformément aux règles fixées par le Code pénal et les lois spéciales, l’Administration est tenue de les protéger contre les blessures, coups, menaces, outrages, injures et diffamations dont il peuvent faire l’objet dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en résulte, dans tous les cas non prévus par la réglementation sur les pensions (Art. 9.) » Amadou Ba reconnaîtra aussi que « les membres de la Police nationale dont les effets vestimentaires ou objets personnels ont été détériorés ou perdus ont droit à la réparation pécuniaire du préjudice subi dans la mesure des justificatifs apportés, et dans l’une des circonstances suivantes : acte de dévouement dans un intérêt public ; sauvetage ou tentative de sauvetage des personnes ou de leurs biens ; lutte soutenue ou attentat subi en service ou à l’occasion du service ; accident, sinistre ou agression survenus en service ou à l’occasion du service. »

Amadou DIA (Actusen.sn)

Leave a Comment