En tournée européenne, le leader de La République des Valeurs a été l’invité, jeudi dernier, du JT de la chaîne francophone TV5 Monde, après son passage chez France 24. Interpellé d’emblée sur la mise en accusation des anciens ministres devant la haute cour de justice, Thierno Alassane Sall dit ne pas être surpris. « La majorité parlementaire allait de toute façon, automatiquement, envoyer ces autorités devant la haute cour de justice. Il est vrai qu’il y a un rapport de la cour des comptes de l’époque de l’ancien président Macky Sall, datant de 2022, qui pose des faits assez troublants. Et sur ce rapport, la reddition des comptes ne nous pose aucun problème mais il semble qu’à l’état actuel des choses, il y a également comme un air de règlement de comptes. D’abord, je vous ferai observer qu’il ya d’autres rapports tout aussi incriminants et accablants qui concernent le Conseil économique social et environnemental (CESE) de 2020 », soutiendra-t-il.
Poursuivant, Thierno Alassane Sall dira avoir constaté que d’autres rapports sont “mis sous le coude” par le nouveau régime. « Il y a une affaire qui concerne l’ONAS où un véhicule de 80 millions francs a été offert au directeur général et avec son nom inscrit sur la carte grise. Et quand l’affaire a éclaté, le DG a accusé le ministre d’autres malversations tout aussi graves. Personnellement j’avais porté plainte mais sans suite », explique l’opposant. Thierno Alassane Sall se désole du débat actuel dans sa forme “judiciaire” alors que pour lui, le pays vit un contexte économique catastrophique, indiquant que le Sénégal est confronté à des situations économiques très graves. “Ils ont été élus pour respecter le minimum démocratique qu’ils ont trouvé sur place. Les députés ont boycotté dernièrement l’Assemblée nationale qui fonctionne sous un mode régressif par rapport à l’ancien parlement, qui était déjà un problème. Vous ne pouvez pas ignorer les lois et les règles élémentaires de démocratie en refusant une proposition légitime de ma part pour abroger l’amnistie et en utilisant des entourloupes puis en mettant une loi interprétative que tout le monde prend pour une loi modificative”, dénonce le leader de la RV. Et d’ajouter : “Quand du haut de l’Assemblée nationale, vous dîtes que vous allez réduire l’opposition à des résidus. Quand vous faites une chasse aux journalistes et que vous fermez des organes de presse pour les empêcher de travailler normalement, vous êtes en régression démocratique.”
Quant au dialogue sur le système politique, Thierno Alassane Sall estime qu’il s’agit en réalité un piège. “Ce qui apparaît clair est que l’objectif recherché de ce dialogue n’est pas une progression de la démocratie sénégalaise. L’objectif est de modifier les lois électorales, limiter les partis politiques, et trouver les moyens et mécanismes pour asseoir davantage leur pouvoir », dira-t-il.
Répondant à la non-participation de RV à ce dialogue national, Thierno Alassane Sall estime que le processus électoral au Sénégal n’est pas parfait mais il est loin d’être mis en cause. Pourquoi dire que Pastef tend vers l’autoritarisme ? Et à cette question, sa réponse tombe sèche : “C’est d’abord le refus de toutes formes de critiques. Des chroniqueurs sont mis aux arrêts parce que leurs critiques ont été plus virulentes. PASTEF et Ousmane Sonko ont utilisé les réseaux sociaux, et des chroniqueurs pour accéder au pouvoir, maintenant ils veulent casser cette échelle pour que plus personne ne l’emprunte. Des gens de Pastef qui profèrent des insultes à l’endroit de l’opposition ne sont pas inquiétés.”
Amadou DIA (Actusen.sn)