Coup de théâtre. Plus d’un mois après la présidentielle du 22 mai en Autriche, la Cour constitutionnelle a annoncé, vendredi 1er juillet, l’invalidation du résultat en raison d’irrégularités dans le dépouillement de certains suffrages.
La plus haute juridiction du pays, a donné raison vendredi au recours du parti d’extrême droite FPO qui contestait la régularité de l’élection présidentielle après la défaite de Norbert Hofer, 45 ans, battu de peu par l’écologiste Alexander Van der Bellen.
Première conséquence de cette décision sans précédent : un nouveau scrutin devrait être organisé, probablement à l’automne. Un nouveau duel extrêmement serré s’annonce entre les deux candidats, que seules 30 863 voix avaient séparés.
Deuxième conséquence : Alexander Van der Bellen, qui était censé prendre ses fonctions le 8 juillet, ne pourra pas être investi comme prévu. Selon la Constitution, l’intérim à la tête de l’État sera assuré collégialement par la présidente et les deux vice-présidents du Conseil national, la chambre basse du parlement, parmi lesquels figure… Norbert Hofer.
« Je suis très confiant, nous allons à nouveau recueillir un large soutien », a malgré tout réagi Alexander Van der Bellen lors d’une conférence de presse à Vienne. « Si j’ai gagné une première fois dans des conditions adverses, je peux le refaire une seconde fois », a-t-il affirmé, soulignant avoir reçu des premiers dons pour sa campagne dès l’annonce de l’annulation du scrutin vendredi midi.
Accumulation de négligences
Ni fraude, ni manipulation du scrutin du 22 mai n’ont été diagnostiquées par les juges de la plus haute juridiction du pays, mais une accumulation de négligences dans le dépouillement des urnes et des votes par correspondance, qui entachent la validité du résultat.
Après avoir auditionné plus de 60 témoins en deux semaines, la cour constitutionnelle a confirmé que plusieurs dizaines de milliers de bulletins provenant du vote par correspondance avaient été dépouillés de façon irrégulière – soit en dehors des heures légales, soit par des personnes non habilitées.
Le dépouillement de ces votes n’était autorisé qu’à partir de 9h le lundi 23 mai, mais certains bureaux avaient débuté plus tôt, sous la pression de devoir délivrer le plus vite possible les résultats de cette élection scrutée dans toute l’Europe. « Nous avons toujours fait comme ça », ont justifié les scrutateurs et responsables des bureaux de vote interrogés par les juges, provoquant la stupeur croissante de la Cour au fil des auditions.
« Ni gagnant, ni perdant »
La décision de la Cour est « destinée à renforcer la confiance dans notre État de droit et dans notre démocratie », a expliqué Gerhart Holzinger, président de la haute juridiction, en rappelant que « les règlements électoraux doivent être respectés strictement, à la lettre ». Il a assuré que cette annulation ne faisait « ni gagnant, ni perdant ».
Au coude à coude le soir du scrutin, le 22 mai 2016, les deux candidats avaient été départagés par les votes par correspondance, une procédure très utilisée en Autriche, qui a représenté 16,7 % des suffrages exprimés. Alexander Van der Bellen, 72 ans, ancien patron des verts autrichiens, l’avait emporté avec 50,3 % des voix. Près d’un électeur autrichien sur deux avait voté au deuxième tour pour le FPÖ, arrivé en tête au premier tour.
Actusen.com avec france24.com