Billet Jour de vérité

Les crocodiles vivent longtemps (Par Mame Less Camara)

Robert Bourgi est l’un des acharnés de la Françafrique. Pour lui, la saga continue même si la suppression de la «menace communiste» et l’arrivée de la Chine sur le continent ont totalement changé la donne. La fin de mission de la France en Afrique est signée malgré les efforts du président François Mitterrand de créer de nouveaux liens au sommet France Afrique tenu à la Baule en 1990. Le natif de Dakar, Jaffar de son prénom musulman de naissance, se découvre une passion pour le président Macky Sall, en cette période toute entière tournée vers l’élection présidentielle de février 2019. En guise d’offrande d’amitié, il lui  prédit une brillante victoire au premier tour et, bien entendu, le naufrage collectif de tous ses adversaires. Bourgi  prend les Sénégalais, le président y compris, pour de bien naïfs acteurs politiques. Le président Sall va être assailli, s’il ne l’est déjà, de flatteurs de cette engeance. Mais c’est lui-même qui les attire, à force de proclamer ce besoin presque vital d’être réélu.

 Sur le terrain, les déclarations de candidatures hostiles se multiplient. Celle du maire de Dakar, annoncée du fond de son cachot, est la dernière en date. Elle s’ajoute à celles de trois anciens Premiers ministres, au moins deux anciens ministres, un juge et un capitaine de l’armée, tous deux démissionnaires, un ancien Directeur  des Douanes, un Inspecteur des Impôts renvoyé pour activités politiques, un ancien Inspecteur général d’Etat, un ancien Bâtonnier du Barreau de Dakar et d’autres encore -dont le candidat du Parti démocratique sénégalais- que le parrainage ne découragera pas. Tous ces gens sont très loin du menu fretin et sont, au moins, de même niveau que le candidat sortant, ingénieur en géologie de son état.

La Présidentielle toute proche s’annonce comme une élection ouverte, malgré la multiplication des obstacles sur le chemin des challengers.  Mais cette «ingénierie électorale»  risque de buter sur le simple bon sens : ceux qui seront empêchés de participer au vote feront voter en faveur des adversaires du Président sortant. Le parrainage conçu comme rationalisation du scrutin risque d’être contre productif, s’il tourne à la motivation d’un vote-sanction.

Le schéma le plus probable qui va se mettre en place, après l’élimination  des candidats qui n’auront pas réuni le nombre de signatures imposé par le parrainage, est la constitution, dès le premier tour,  des alliances qui se sont tissées après, en 2000 et 2012, années d’alternance. Et, dans ce cas, aucune hypothèse n’est interdite. Le camp présidentiel serait peut-être avisé de laisser un petit volet entrouvert et ne pas embarquer tous les alliés dans le même bateau pour un voyage unique. Parmi les raisons qui ont fait perdre le pouvoir à Abdou Diouf puis à Abdoulaye Wade c’est l’absence totale de réserve de voix au second tour.

Tout cela participe à l’enrichissement d’une expérience démocratique qui, si elle survit aux abus dont elle est victime, ne pourra que se renforcer. Il serait impardonnable de laisser ce processus unique pour notre pays à la merci de crocodiles qui ont écumé tous les marigots politiques. Entre autres victimes politiques de Bourgi, on peut citer François Fillon, Sarkozy, De Villepin etc. l’homme qui se présente comme fils de Foccart appelait aussi «papa» Feu le président Omar Bongo. Il soutient avoir assisté à la remise de valises d’argent à des politiciens français. Il cite Abdoulaye Wade parmi les donateurs. Les autres seraient Bongo, Houphouët-Boigny, Sassou Nguesso et Compaoré. Parce Bourgi raconte tout et en rajoute sûrement.

Chronique Mame Less Camara (SOURCEA)

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