Les promoteurs de lutte s’impatientent de voir le montant que l’Etat va débloquer pour leur permettre de tenir leurs affiches. Dans cet entretien accordé à « SourceA », le patron de Leewtoo Production demande aux autorités de réagir. «L’Etat doit réagir avant la fin du mois pour que les gens soient fixés», a déclaré Pape Thialis Faye, qui a monté le choc Tapha Tine/Boy Niang. D’ailleurs, il estime que, sans appui financier de Macky, il serait impossible d’organiser de combats. «Moi, je dis que c’est quasi impossible de tenir des combats de lutte», a soutenu le promoteur de lutte.
« SourceA » : Vous avez déposé un rapport à l’autorité mais depuis il n’y a pas encore eu de réponse. Quelle est votre position par rapport à ce silence ?
Papa Thialis Faye : Il n’y a pas de position. Les promoteurs, ce sont des privés qui travaillent, ils ont des affiches. Aujourd’hui, la politique sportive revient à l’Etat, et avec cette pandémie, l’Etat ne veut pas que les gens fassent des activités sportives surtout avec la lutte qui draine beaucoup de personnes. Le Gouvernement a bien compris que les gens sont impactés, surtout les promoteurs de lutte. Vu qu’on ne peut pas faire la lutte sans la présence du public, ils ont demandé qu’on aille au niveau du Cng avec des propositions pour que l’Etat accompagne les promoteurs.
«Le président a promis de faire quelque chose, mais quel montant ? Est-ce que le montant qu’il va nous accorder va couvrir toutes les dépenses des promoteurs ? »
A ce propos, on a demandé à chaque promoteur de faire un budget par rapport à ses affiches qu’il compte dérouler dans la saison. Aujourd’hui, le ministre des Sports a déjà le document et il l’a transmis au président Macky Sall qui à son tour se dit prêt à accompagner la lutte. Donc, on attend que le président donne ses instructions au ministre. Il a promis de faire quelque chose, mais quel montant ? Est-ce que le montant qu’il va nous accorder va couvrir toutes les dépenses des promoteurs ? Ou bien est-ce qu’il va juste donner une contribution ? Toutes ces interrogations n’ont pour le moment aucune réponse et on attend l’Etat pour les avoir.
« SourceA » : Au cas où l’Etat ne vous donne pas une enveloppe consistante, comment allez-vous faire ?
Papa Thialis Faye : Si l’Etat ne donne pas une enveloppe consistante, il y aura des promoteurs qui ne vont pas organiser de combats. Si tu montes des affiches de 200 millions et que l’Etat ne t’accompagne que sur de petits montants qui ne couvrent même pas la somme que tu devrais gagner avec le public (billets), tu seras obligé d’attendre la fin de la pandémie pour organiser des combats car avec les perpeviews seulement, on ne pourra pas s’en sortir.
«J’ai dit au Cng, comme aujourd’hui on est en période de pandémie, d’aller discuter avec la structure qui détient le perpeview pour qu’au moins on puisse revoir le pourcentage… »
Aujourd’hui, le perpeview est détenu par une seule personne qui propose à chaque fois un partage de 50% au promoteur. J’ai dit au Cng comme aujourd’hui on est en période de pandémie, d’aller discuter avec la structure qui détient le perpeview pour qu’au moins, ensemble on puisse revoir le pourcentage de sorte que le promoteur détient les 75% et les 25% reviennent au perpeview. Si on parvient à trouver cet accord, ça bénéficiera à toutes les parties. De ce fait, même si l’Etat nous accompagne avec un montant dérisoire, on pourra régler nos problèmes.
« SourceA » : On est à 3 mois du ramadan, la saison de lutte n’est-elle pas perdue d’avance ?
Papa Thialis Faye : C’est possible d’aller vers une année blanche, mais tout dépend aussi de l’enveloppe que l’Etat va débloquer. Si l’Etat ne nous accorde pas une enveloppe consistante, c’est sûr qu’on va aller vers une année blanche. Dans trois mois on sera en plein ramadan, et durant ce mois on sait que ce n’est pas recommandé de faire des combats de lutte, des sports de combats. L’Etat doit réagir avant la fin du mois pour que les gens soient fixés. Il n’est même pas exclu de faire une sortie pour demander à l’Etat de réagir le plus rapidement possible. On a déjà perdu presque 4 mois.
« SourceA » : Vous avez des engagements vis-à-vis des lutteurs, est-ce qu’ils comprennent la situation ?
Papa Thialis Faye : Les lutteurs comprennent très bien la situation. Nous tous, sommes des partenaires et sommes appelés à nous entendre parce que nous vivons une situation extrême et exceptionnelle. Et quand on est dans une situation exceptionnelle, il faut toujours prendre des mesures exceptionnelles. Cette situation ne dépend pas de la volonté des promoteurs ni des lutteurs, donc il faudrait que les gens le prennent comme un cas de force majeure tout simplement. Et lors de la signature des contrats, on a bien précisé lorsqu’on est confronté à ce genre de cas de force majeure…
« SourceA » : Sans l’accompagnement de l’Etat, allez-vous prendre le risque d’organiser vos affiches ?
Papa Thialis Faye : «Non sans l’accompagnement de l’Etat, moi je dis que c’est quasi impossible de tenir des combats de lutte ».
Pape Djibril Gaye