Les propos du président de la République sur les tarifs de l’autoroute à péage, ont suscité une vague d’indignations, toutes aussi virulentes les unes que les autres. Et celle du leader du Pastef/les patriotes figurent dans le lot. Dans une déclaration qu’il a intitulée ‘’un lion égaré en pleine savane’’, Ousmane Sonko n’a pas caché son écœurement. D’emblée, pour qualifier les déclarations de Macky Sall, il parle de «tristes propos sortis de la bouche d’un homme « élu » par un peuple pour assurer une offre de biens et services publics satisfaisante et équilibrée à tous».
«Cette fois-ci, il renvoie tout simplement ses administrés, qui n’auraient pas les moyens d’honorer les tarifs exorbitants de l’autoroute à péage, à leur situation de «misérables damnés de la République»
Pour le patriote en chef, « après avoir menacé la population dubitative d’aller faire don de leurs vaccins contre la Covid-19 à d’autres pays, voilà que monsieur Macky Sall frappe à nouveau ! Cette fois-ci, il renvoie tout simplement ses administrés, qui n’auraient pas les moyens d’honorer les tarifs exorbitants de l’autoroute à péage, à leur situation de «misérables damnés de la République», tout juste bons à endurer les secousses éreintantes des routes «alternatives» périlleuses qui, si l’on suit sa logique, ne méritent aucune attention de l’État». Ce qui lui fait dire qu’«au-delà de la forme, déplorable comme souvent, monsieur Macky Sall a totalement faux dans le fond».
Car, explique-t-il, «certes, il est tout à fait admis qu’un péage soit la rémunération, la contrepartie d’un investissement public ou privé offrant un gain de temps à l’usager. Sauf qu’une autoroute n’est pas forcément payante car partout dans le monde, il existe des réseaux gratuits de qualité à côté des péages. Ce que monsieur Macky Sall ignore, c’est que les concessions d’autoroutes n’exonèrent pas les pouvoirs publics (États et collectivités locales) de leurs responsabilités par ailleurs, mais au contraire, doivent leur permettre de mieux se consacrer à l’amélioration des infrastructures secondaires. La réalisation d’une autoroute à péage peut prendre la forme d’une concession, par laquelle l’État délègue à un concessionnaire la charge totale de l’infrastructure (financement, construction, exploitation et entretien) évitant ainsi au contribuable de payer impôts et taxes».
«Les chiffres montrent que le contribuable sénégalais, usager ou pas, supporte en réalité presque la moitié de l’investissement (49,39%)»
Pour le cas de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, précise-t-il, «il s’agit d’une grosse arnaque contre le citoyen sénégalais. Son financement se répartit selon les éléments ci-après (Origine du financement, montants en FCFA, (Pourcentage de participation), [Part réelle de l’État/Eiffage]) : État du Sénégal 181 500 000 000, (49,39%), [83,40%]; Banque Mondiale: 52 500 000 000, (14,29%); BAD : 33 200 000 000, (9,03%); AFD : 39 300 000 000, (10,69%); EIFFAGE : 61 000 000 000, (16,6%), [16,6%]; TOTAL : 367 500 000 000, (100,00%), [100%].
Les chiffres montrent que le contribuable sénégalais, usager ou pas, supporte en réalité presque la moitié de l’investissement (49,39%). Il révèle ensuite que l’usager, supposé rembourser les prêts (34,1%) et la participation du concessionnaire (16,6% seulement), supporte, lui, les 50,7% du coût de l’infrastructure. À rappeler que les 16,6% du concessionnaire Eiffage ressortent du montage financier suivant, que tout consortium national aurait pu mobiliser avec le soutien de l’État».
«Le concessionnaire se taille la part du lion dans la répartition du tarif de 1 000 francs payé par l’usager»
Droit dans ses bottes, Ousmane Sonko affirme, sans langue de bois que «en dépit de cette configuration du financement, l’usager-citoyen-contribuable, qui a financé cette autoroute par ses impôts, son péage ou ses redevances, subit une facturation exorbitante qui ne se justifie point. Ainsi, il est obligé de payer, pour 32 kilomètres seulement, 1 400 F Cfa pour les voitures et taxis, 800 F Cfa pour les motos, 2 000 F Cfa pour les ”cars rapides” et minibus, 2 700 F pour les autobus et camions». À titre de comparaison, ajoute-t-il, «l’usager de l’autoroute Casablanca-Rabat, exploitée par la Société nationale des Autoroutes du Maroc sur 95km (le triple du trajet Dakar-Diamniadio), paye un tarif de 21 dirham, soit 1050 F Cfa ; largement en deçà des tarifs du concessionnaire Senac S.A. ». Face à cette triste réalité, c’est le concessionnaire qui «se taille la part du lion dans la répartition du tarif de 1 000 francs payé par l’usager, qui est réparti comme suit : 31% pour les impôts et taxes, 25% pour l’exploitation, l’entretien et le renouvellement et 44% pour l’amortissement de l’investissement ».
Et le plus triste, dira Sonko, «est que lorsque des citoyens s’organisent pour combattre cette usure et exiger la transparence dans les revenus générés par cette autoroute, leur président « élu », coléreux, adepte des menaces futiles contre son peuple dont il n’est jamais capable de défendre les intérêts, n’a que mépris et dédain à opposer. Le peuple sénégalais ne mérite pas ce président».
Ainsi, martèle-t-il, «nous exigeons la publication des contrats, initial et complémentaire, ainsi que celui renégocié, la confirmation de l’existence (ou non) d’un protocole d’accord qui porte sur plusieurs points dont l’augmentation de 5 ans de la durée de la concession de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-Aibd et la fusion des deux contrats».
Actusen.sn