Dans un rapport dévoilé pour l’année 2023, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a mis en lumière des pratiques douteuses qui entourent la gestion des soins destinés aux patients souffrant d’insuffisance rénale. Des révélations faites en 2020 par le porte-parole du mouvement des Insuffisants rénaux du Sénégal, Hamidou Diallo. Une enquête approfondie menée par les services de Serigne Bassirou Guèye a révélé un système complexe de «corruption passive et escroquerie à l’encontre de l’assistante, secrétaire de ICP (Institut clinique de performance) ; d’escroquerie portant sur les deniers publics à l’encontre de l’Administrateur de ICP».
Dans son rapport 2023 qu’il a publié, avant-hier, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a traité une affaire relative à des faits supposés de corruption, d’escroquerie, d’abus de confiance et de violation d’une convention état-privé dans le cadre de la prise en charge de la maladie rénale chronique (dialyse). Au terme des investigations menées, les contrôleurs de l’Ofnac ont retenu les délits de «corruption passive et escroquerie à l’encontre de l’assistante, secrétaire de ICP (Institut clinique de performance) ; d’escroquerie portant sur les deniers publics à l’encontre de l’Administrateur de ICP». Mais ce n’est pas tout, car «les enquêteurs ont également visé X en vue de l’approfondissement des investigations sur toute autre personne susceptible d’être impliquée dans l’affaire». Après en avoir délibéré au cours de sa séance du 06 décembre 2023, ajoute le rapport, l’Assemblée des membres a décidé à l’unanimité, la transmission du rapport d’enquête, au Procureur de la République de Dakar.
«Les contrôleurs de l’Ofnac ont retenu les délits de «corruption passive et escroquerie à l’encontre de l’assistante, secrétaire de ICP (Institut clinique de performance) ; d’escroquerie portant sur les deniers publics à l’encontre de l’Administrateur de ICP»
Tout a démarré au début du mois de janvier 2020, lorsque le porte-parole du mouvement des Insuffisants rénaux du Sénégal, Hamidou Diallo a fait une déclaration pour dénoncer les conditions de vie des malades insuffisants rénaux. Dans cette déclaration, il faisait état de la rupture des kits d’hémodialyse et dénonçait une mauvaise politique de gestion et de prise en charge des malades qui peinent à respecter les séances de dialyse. Dans ses propos repris par le rapport de l’Ofnac, Monsieur Diallo «dénonce une surfacturation des kits de dialyse que l’Agence de la Couverture maladie universelle (Acmu) achèterait à quarante mille (40 000) FCFA l’unité au lieu de huit mille (8 000) FCFA, soit un montant de quatre milliards (4 000 000 000) de F CFA par an dû à une surfacturation. En raison de ces difficultés un grand nombre de malades ne parvient pas à suivre correctement le traitement et les trois séances normales de dialyse par semaine».
Hamidou Diallo dénonce dans le rapport de l’Ofnac, «une surfacturation des kits de dialyse que l’Agence de la Couverture maladie universelle achèterait à 40 000 F Cfa l’unité au lieu de 8 000 F Cfa, soit un montant de 4 milliards de F Cfa par an dû à une surfacturation. En raison de ces difficultés un grand nombre de malades ne parvient pas à suivre correctement le traitement et les trois séances normales de dialyse par semaine»
A en croire toujours le rapport, Hamidou Diallo soutient également «des personnes tapies dans l’ombre détournent une grande partie des kits achetés par le programme de la Couverture maladie universelle (Cmu) qui est revendue en Gambie». Mais les enquêteurs de l’Ofnac dans le cadre des investigations, ont mené plusieurs diligences. Il s’agit, notamment «de l’audition du plaignant, de l’audition de responsables du ministère de la Santé et du secteur privé et d’une analyse documentaire approfondie». Toujours dans le rapport de l’Ofnac, le porte-parole du mouvement des Insuffisants rénaux du Sénégal, Hamidou Diallo rappelle que la subvention annuelle pour la dialyse était de neuf cent dix millions (910 000 000) FCFA en 2012 et qu’elle est passée à deux milliards sept cent quarante-cinq millions six cent mille (2 745 600 000) FCFA en 2013. «Ainsi, sur la base de cette subvention, l’Etat fournit le kit à tous les centres de dialyse, publics comme privés. En contrepartie, le Privé doit facturer la séance de dialyse à vingt mille (20 000) F Cfa», indique le document.
«La dialyse y est surfacturée le week-end à 120 000 F Cfa. Hamidou Diallo affirme que «la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) approvisionne par trimestre les centres, lesquels, ne déclarant pas les cas de décès, revendent le stock restant dans des pays étrangers tels que la Gambie»
Hamidou Diallo relève que «la fraude se situe en premier à ce niveau car les structures privées déclarent aux patients qu’elles n’ont pas reçu de kits de la part de l’Etat, de manière à pouvoir facturer le kit à soixante-cinq mille (65 000) FCFA pour une seule séance». «La dialyse y est surfacturée le week-end à cent vingt mille (120 000) F Cfa. Les agents se livrent ainsi à un chantage auprès des malades en prétendant qu’il manque un élément du kit, une manière de gagner de l’argent. De surcroît, il déclare que les kits non utilisés (soit, parce que le malade, faute de moyens ne peut faire trois (03) séances par semaine, soit parce que les bénéficiaires sont décédés) sont revendus par ces centres qui s’abstiennent de déclarer les décès», ajoute le document. Le rapport souligne que Hamidou Diallo a affirmé que «la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna) a approvisionné par trimestre les centres, lesquels, ne déclarant pas les cas de décès, revendent le stock restant dans des pays étrangers tels que la Gambie».
Mansour SYLLA (Actusen.sn)