Des tirs ont été entendus lundi 27 janvier jusqu’au centre-ville de la capitale du Nord-Kivu, le groupe M23 et des effectifs des forces spéciales rwandaises étant présents dans plusieurs quartiers de Goma. La veille, le secrétaire général des Nations unies António Guterres a directement mis en cause Kigali après une nouvelle journée de combats dans l’est de la RDC. Une réunion d’urgence de la Communauté d’Afrique de l’Est aura lieu « mercredi » 29 janvier, les présidents rwandais Paul Kagame et Félix Tshisekedi ayant « confirmé leur participation », a annoncé le président kényan William Ruto.
Le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine annonce tenir une « session d’urgence » mardi sur la situation dans l’est de la RDC
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine tiendra mardi une « session d’urgence » sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo, en proie à des combats entre les forces congolaises et les combattants du groupe armé M23 et soldats rwandais, a annoncé lundi à l’AFP l’organisation panafricaine.
« Il y aura une session d’urgence du Conseil de paix et de sécurité demain (mardi) à midi sur la situation dans l’est de la RDC », a déclaré Paschal Chem-Langhee, porte-parole du CPS, alors que Goma, principale ville de l’est de la RDC, est secouée par des tirs d’artillerie lourde.
La situation reste tendue, à Goma et à la frontière, l’accès humanitaire est quasi impossible
Des tirs résonnent encore en ce moment dans plusieurs secteurs de Goma. Autour de l’aéroport, au centre-ville, dans les quartiers périphériques comme Ndosho, Mugunga et Buhene, les échanges de tirs et les détonations se multiplient. Même dans les quartiers du centre-ville, comme Le Volcan et Himbi, la population vit dans la peur, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Difficile d’avoir une vision claire de la situation, mais la présence du M23 est visible dans plusieurs zones
La frontière rwandaise est aussi sous tension. Des chars rwandais sont déployés, et certains tirs congolais ont atteint le territoire rwandais, selon plusieurs sources.
Sur le plan humanitaire, la situation est alarmante. Des intrusions non armées ont été signalées dans des bases d’ONG. Cela alors que plusieurs hôpitaux, comme l’hôpital Charité et CBKA Virunga, ont été touchés par des bombes.
L’accès aux camps de déplacés reste impossible en raison de l’insécurité.
Le Programme alimentaire mondial (Pam) de l’ONU a suspendu temporairement ses activités au Nord-Kivu. Une décision qui laisse, selon l’institution, plus de 800 000 personnes prioritaires sans aide alimentaire. « Nous prévoyons de reprendre dès que les circonstances le permettront », précise le Pam.
Le sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est se tiendra mercredi, Paul Kagame et Félix Thisekedi « ont confirmé leur participation »
La présidence kényane œuvrait pour un sommet extraordinaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) dédié à la situation chaotique dans l’est de la RDC. Ce dernier se tiendra mercredi 29 janvier, a annoncé le président kényan William Ruto. Cela en présence des présidents rwandais Paul Kagame et congolais Felix Tshisekedi.
« J’ai discuté de tenir la réunion mercredi avec à la fois le président Paul Kagame et le président Félix Tshisekedi, et les deux ont confirmé leur participation », a déclaré lundi devant des journalistes celui qui assure actuellement la présidence de l’organisation régionale. Le lieu du sommet n’a pas été précisé.
Pour William Ruto, « il n’y a pas de place pour une solution militaire dans l’est de la RDC ». Le président kényan demande donc des discussions avec le M23 et « toutes les parties » sans plus de précisions, rapporte notre correspondante à Nairobi, Gaëlle Laleix. Interrogé sur la présence de troupes rwandaises dans l’Est de la RDC et le risque que cela compromette les discussions, le président botte en touche : « La situation est déjà très compliquée, donc la présence de forces de sécurité, d’où qu’elles vienent, ne rend pas les choses plus complexes », a-t-il esquivé lors d’une conférence de presse.
Le Kenya a déjà tenté, de jouer les médiateurs dans le dossier de l’est de la RDC. Mais le processus de Nairobi, lancé en 2022 par le président de l’époque, Uhuru Kenyatta, a fait chou blanc l’année dernière : Kinshasa suspectait le Kenya d’avoir pris le parti de Kigali.
Rfi.fr