Contribution

Si j’étais Macky Sall, Président de la République du Sénégal ?

Si j’étais Macky Sall, j’aurais institué une journée où j’aurais fait un discours sur l’Etat de notre Etat- nation le Sénégal. J’aurais saisi l’opportunité de cette journée que j’aurais créée pour m’expliquer sur toutes les questions qui auraient touché la vie des populations qui m’ont élu. C’est le lieu où j’aurais expliqué ce que j’aurais réussi, ce que je n’aurai pas réussi et comment j’aurais envisagé de m’y prendre aux  fins que le peuple sénégalais puisse m’aider et m’accompagner dans ma quête quotidienne de recherche de solution aux problèmes auxquels ils auraient été confrontés.

Egalement, le discours sur l’Etat de la nation aura été le lieu où j’aurais parlé des avancées politiques, économiques et sociales que nous aurons faites, des obstacles que nous aurons rencontrés, des perspectives et des défis que nous aurons  relevés en tant que nation. Enfin, j’aurais érigé cette journée où le Président de la république aura fait  son discours  sur l’Etat de la nation en pratique républicaine à laquelle je me serai plié durant mon mandat en espérant que mon successeur  à moi  en fera de même.

Si j’étais Macky Sall, j’aurais cessé de m’adresser à la presse au salon d’honneur de l’aéroport à mes retours de voyage à l’étranger. Pourquoi ? Parce que lorsqu’on revient de voyage, on est souvent fatigué, pressé de rentrer à la maison pour retrouver sa famille et ses enfants, pour prendre un bain et grignoter quelque chose ou se reposer jusqu’au lendemain matin.

J’aurais arrêté de m’adresser aux journalistes au salon d’honneur de l’aéroport par ce que les journalistes avec qui j’aurai effectué le voyage, grâce aux technologies numériques auraient déjà fait les comptes rendus de mon voyage. Les sénégalaises et les sénégalais auraient été déjà informés de l’objectif  et des péripéties de mon voyage.

Au fait, qu’aurais-je dit de nouveau et de plus en s’adressant à la presse à partir du salon d’honneur  de l’aéroport à mes retours de voyage?  Rien de plus de ce qui n’aurait pas été déjà dit  par les journalistes lors de leurs différents comptes rendus. Voilà  pourquoi, je mettrai une croix sur cette rencontre avec la presse au salon d’honneur de l’aéroport.

Si j’étais Macky Sall, j’aurais mis en place un rendez-vous régulier (trimestriel ou semestriel c’est selon) avec la presse nationale pour échanger sur la vie de la nation au palais de la république ou ailleurs où je répondrai volontiers aux questions des journalistes.  Préalablement,  j’aurais demandé à mon service de communication d’étudier la question et de me faire des propositions. Je n’aurais pas peur de mauvaises surprises du genre  de ce qui était advenu à Me Abdoulaye Wade ancien Président de la république quand il avait reçu les journalistes au palais. La question de Babacar Justin Ndiaye journaliste politologue sénégalais relative à la crise casamançaise l’avait mis hors de lui. Depuis lors, cette expérience n’a jamais été renouvelée.

Je n’aurai aucune appréhension. Je suis chef de l’Etat.  Mon intention aurait été d’innover. De changer, d’approche, de méthodes  et de rapport  avec  le peuple par la presse interposée.  Il n’aura pas été question de changer pour changer mais changer avec une plus-value structurant qu’aura apportée  le changement dans la manière de communiquer.

Si j’étais Macky Sall, j’aurais réservé le 31 Décembre de chaque année à formuler uniquement mes meilleurs vœux à la nation. J’aurais enlevé de mon adresse à la nation toute connotation politique du genre, dresser un bilan de mes activités et de mes réussites .Pour le 04 Avril date de notre indépendance, j’aurais ajouté à mes activités de chef de l’Etat après le défilé militaire  ou la prise des armes ,un dépôt de gerbe de fleur à la tombe de nos morts du Camp Thiaroye ou à la tombe d’El hadj Malik SY ou à celle de Serigne TOUBA ou à celle de Lat. Dior, ou d’Alboury  NDiaye ou de Blaise de Diagne ou de Galandou Diouf pour ne citer que ceux-là pour leur sacrifice et pour lutter contre l’oubli.

 Si j’étais Macky, j’aurais demandé à chaque ministre de mon gouvernement de mettre sur pieds une cellule de communication dynamique dont la vocation entre autres sera de rendre visible les activités réalisées par son ministère. Car la communication gouvernementale est la somme de toutes les communications des départements ministériels  membres du gouvernement.

Si j’étais Macky Sall, j’aurai évité de parler de politique au sortir de mes audiences avec les khalifes généraux. J’aurai refusé de répondre aux questions d’ordre politique ou de faire des annonces politiques.  J’aurais  séparé en ce lieu et en cet instant, le spirituel du politique. Ce n’est pas parce que je n’aurai pas voulu accordé une importance à la presse non au contraire c’est parce  ma conviction est qu’il faut éviter de mélanger le  politique avec le spirituel. Quant aux journalistes, j’aurais répondu volontiers à leurs questions relatives à l’objet de ma visite au Khalife. J’aurais dit mes sentiments et mon attachement personnel à mon illustre hôte. Je n’aurais jamais oublié de préciser en qualité de qui je serais venu rendre visite au Khalife. À travers  la personne de Macly Sall, il y a le Président de la république et le musulman et talibé. Voilà pourquoi, j’aurais précisé  d’emblée, à qui aurait voulu m’entendre, qui  de la personne aurait pris la parole.

Si j’étais Macky Sall, je me serais empêché de parler aux medias étrangers en premier de mes décisions.

Les anciens Présidents Abdou Diouf et Me Abdoulaye Wade pour certaines décisions se sont adressés aux médias étranger bien avant les médias nationaux. Cela aura créée beaucoup de frustrations chez les journalistes.  Aujourd’hui, un courant de pensée existe et se développe dont l’objectif vise à  minimise cela.  Je crois que l’on doit rompre avec cette habitude qui n’honore pas notre pays, qui ne renforce pas la capitale confiance entre le Président et le peuple notamment avec la presse nationale.

Est-il possible qu’un Président français s’adresse au peuple français pour un problème qui les concerne à partir de Dakar ?

Est-il possible qu’un Président américain s’adresse au peuple américain sur une question qui les regarde à partir de Saint Louis ?

Est-il possible qu’un Premier ministre du Royaume Uni s’adresse  au peuple britannique sur une affaire qui les touche à partir de Diannah Malari ?

 À mon humble avis, la question est tellement importante qu’elle ne doit pas être prise à la légère advienne que pourra. Si j’étais Macky Sall sans verser dans le nombrilisme, j’aurais réservé la primeur de mes déclarations  et de mes décisions prioritairement à la presse nationale.  Au finish, je reste convaincu d’une chose, un peuple ne soutiendra jamais un Président dont il n’aura pas compris les intentions, le sens des paroles et  des actes.

Baba Gallé DIALLO

Email : bbgd70@yahoo.fr 

NB : Le 25 Mars 2017,  Macky Sall devient Président de la république du Sénégal. Depuis, il a changé plusieurs fois de conseiller en communication pour insuffisance de resultats malgré un bilan positif. Cette contribution a été publiée il y a quelques années de cela. La communication du Président Macky Sall ne s’étant pas toujours améliorée, ainsi, à l’occasion de l’an 5 de son accession à la magistrature suprême, j’ai décidé de publier cette contribution en la mettant au gout du jour  en changeant le titre mais en gardant intact les axes de ma réflexion d’origine.

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