Billet Jour de vérité

Une présidentielle, trois campagnes, deux scrutins et des contentieux

C’est aujourd’hui l’ouverture de la chasse aux signatures pour le parrainage des candidats à l’élection du président de la République le 24 février 2019. Ce sera aussi la première d’une série de tournées nationales qui s’imposeront aux candidats et à leurs équipes. Premières dépenses de campagne aussi. Selon Mamour Cissé, candidat déclaré, il faudra compter entre 50 à 60 millions CFA pour couvrir les frais nécessités par cette épreuve éliminatoire. Le leader du Psd/Jant-bi était l’invité du journaliste Pape Alé Niang à «Ça me dit mag» du 18 août 2018. Il a annoncé, au cours de cette émission, avoir déjà reçu la visite d’intermédiaires qui lui proposaient l’achat de signatures (des cartes nationales d’identité contenues dans des sacs) à acheter pour le parrainage.

D’autres étrangetés surviendront au cours de cette cueillette à laquelle les Sénégalais ne sont pas préparés et qui va remettre au goût du jour des habitudes électorales aussi courantes et néfastes que les achats de consciences. On peut compter sur l’inventivité politicienne pour, malheureusement, exposer l’âme des citoyens, singulièrement, les plus pauvres et les moins instruits en français, à des tentations multiples et variées.

Des contentieux en nombre sont, donc, déjà prévisibles alors qu’on n’en sera même pas à l’ouverture de la campagne pour le premier tour de scrutin. Va se poser ensuite la question du sort des recalés de la participation à l’élection. Ils vont, selon toute vraisemblance, négocier leur redistribution parmi les candidats, qui  ont surmonté l’épreuve. Le temps va manquer si l’on tient compte des délais drastiques de dépôt des candidatures et d’ouverture de la campagne.

Jusqu’ici, le discours électoral est marqué par un unanimisme anti-Macky Sall porté par l’ensemble des adversaires du candidat sortant. Si ce n’est que de la comédie, les masques vont alors tomber et chacun ira vers son camp véritable. Ces transactions avaient lieu pendant l’entre-deux-tours. Ce n’est pas la seule perturbation consécutive à l’introduction du parrainage. Il faudra aussi compter avec la confusion qui va qu’installer parmi les électeurs dont les votes risquent d’être pris en otage alors qu’ils n’auront offert que leurs parrainages.

La collecte identitaire est aussi un risque auquel il va falloir faire attention. Beaucoup vont se ruer vers leurs terroirs et communautés pour solliciter des parrainages en faisant appel à des variables dont la manipulation démagogiques peut mener à des dérapages. Il ne faut se voiler la face devant l’émergence de discours qu’il est urgent d’éradiquer. La région et l’ethnie détiennent encore, sous bien des aspects, un pouvoir de solidarité voire de mobilisation que la Nation n’égale pas.

Le travail de sensibilisation nécessaire à sécuriser les acquis de la Nation n’ont pas été suffisamment mis en œuvre. Pas par rapport à un événement électoral qui, par expérience, montre sa capacité à dérégler les choses au Sénégal et en Afrique. La religion est plus que jamais un acteur politique de premier plan, du fait de données sociologiques évidentes. Un contexte mondial hostile la met sur ses gardes et la rend méfiante à l’égard du processus politique qu’elle peut chercher à neutraliser si elle n’en maîtrise pas le déroulement et les clairs objectifs. Cela peut commencer par le parrainage.

Mame Less Camara (Actusen.sn)

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