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Affaire des journalistes de Allo Sénégal : lettre ouverte de Ibrahima Lissa Faye au Ministre, Mame Mbaye Niang

Monsieur le Ministre,

Faute de pouvoir vous joindre au téléphone malgré mon insistance via SMS et appels, je m’invite dans vos bureaux par voie épistolaire afin de vous demander très humblement d’accorder la clémence au personnel de la chaîne YouTube Allo Senegal. Je vous prie de retirer votre plainte et de faciliter avec les autorités compétentes leur élargissement.

Maniane Lo et ses collaborateurs sont fautifs. Ils l’ont reconnu publiquement depuis le 12 novembre, à travers un visuel où ils présentent leurs excuses. En sus, le contenu a été retiré comme le prescrit le Code de la presse et les autres textes qui prévoient et organisent les conditions de rectificatif, de diffamation et autres atteintes à l’honneur et à la considération d’une personne.

Ce qu’ils ont fait est inacceptable et gravissime. Sans doute, ils ont atteint votre honneur, votre honorabilité et votre dignité d’homme et de père de famille. Toutefois, la leçon a été bien comprise par l’équipe de Allo Senegal, mais aussi par tous les vaillants jeunes qui s’activent dans la création de contenus. Cette faute grave est à mettre au crédit de leur jeunesse, de leur insouciance, mais surtout cette folie du buzz. Il n’y a rien de politique ou de personnel après avoir échangé avec des membres de leur famille et proches.

Monsieur le Ministre

Ces jeunes doivent être pardonnés parce qu’ils font partie de ceux qui ont décidé de rester dans leur pays et de batailler ferme pour s’en sortir et servir de chef ou de soutien à nos familles si élastiques avec des pressions interminables. Ils auraient pu braver les vagues et marées de l’océan où les déserts. Ils l’ont pas fait.

Par ailleurs, certes ces jeunes sont fautifs mais nous tous nous avons une part de responsabilité dans cette bourde. Nous n’avons pas le droit de laisser ces jeunes créateurs de contenus appelés communément «YouTubers» à leur sort. Nous n’avons pas le droit de les laisser s’embourber dans l’insouciance avec le buzz sans encadrement nécessaire. En effet, ce rôle de formation, d’encadrement et de professionnalisation de cette catégorie socioprofessionnelle de la presse incombe plus à l’organe de régulation prévu par le Code de la presse de juillet 2017. Malheureusement, il tarde à voir le jour et les conséquences et nuisances liées à l’absence d’un organe aussi central qu’important pour la régulation du milieu contribue à désacraliser, à détruire un métier aussi noble. Cela ne dédouane pas pour autant le ministère de la Communication qui devrait prendre le relais pour recenser, outiller et former ces vaillants jeunes qui sont leur propre employeur et qui arrivent tant bien que mal à participer à leur manière à la lutte contre le chômage.

Pour ce qui concerne notre responsabilité en tant qu’acteurs de la presse en ligne, de l’écosystème de l’Economie numérique, je m’engage solennellement à travers cette lettre ouverte, à mobiliser les éminentes personnes ressources de l’Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en ligne (APPEL) qui sont experts et formateurs dans les domaines du journalisme et des nouveaux médias à élaborer un programme de formation pour ces jeunes YouTubers. Avec l’appui du ministère de tutelle, d’autres partenaires ou de bonnes volontés, nous allons renforcer leurs capacités, organiser et encadrer ces créateurs de contenus pour que ces dérives ne se reproduisent plus.

Aujourd’hui, vous êtes la victime, Monsieur le ministre, mais prochainement une faute professionnelle et pénale du genre peut constituer l’étincelle qui met le feu aux poudres. Et très sincèrement, nous ne devons adopter l’expectative jusqu’à ce que ces nouveaux médias soient la prochaine radio mille collines. Notre responsabilité nous tous (Etat, Médias, Société civile, partenaires) est engagée.

Espérant pouvoir compter sur votre grandeur et votre esprit de dépassement pour une libération rapide de toute l’équipe de Allo Senegal, je vous prie, Monsieur le Ministre, de recevoir mes respectueuses salutations.

Ibrahima Lissa FAYE

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