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Ces détenus qui ont toujours réussi à se faire la belle : avec ou sans la complicité de leurs “anges gardiens”

Ils ont eu des démêlés avec Dame justice et ont été incarcérés pour différents délits. Il s’agit de prisonniers ô combien populaires et qui ont inscrit leurs tristes lettres de noblesse dans le cercle restreint des fugitifs qui ont réussi à se tailler, sous le nez et la barbe de policiers ou de gardes pénitentiaires. Censés, pourtant, veiller sur leur sécurité.

Actusen.com plonge ses internautes dans l’univers d’une catégorie de détenus pas comme les autres et dont la facilité déconcertante à se tailler des prisons est synonyme de ruse devant les matons mais parfois aussi de complicité.

Malheureusement, dans ce lot, Actusen.com retrace le croche-pied des plus malchanceux de ces fugitifs qui ont perdu la vie, en tentant de prendre la tangente. 

Les Maisons d’arrêt et de correction du Sénégal (Mac) sont souvent l’objet de fait insolite : l’évasion de détenus à la carapace dure et à la célébrité certes triste, mais aussi à toute épreuve. Et cette capacité de ces prisonniers à se tailler de taule ne date pas d’aujourd’hui. En effet, depuis des décennies, des détenus ont toujours réussi à prendre la poudre d’escampette. Soit en échappant à la vigilance des matons. Soit, avec la complicité de ces derniers.

Du coup, ces prisonniers se sont forgés une cote de popularité née de leur savoir-faire, en termes d’évasion de leurs cellules. Ces figures tristement emblématiques ont marqué l’Administration pénitentiaire et l’opinion sénégalaise. Au point que Actusen.com ait estimé rafraîchir la mémoire à ses internautes.

bouba chinoisBouba Chinois : le maniaque qui a passé la quasi-totalité de sa vie entre quatre murs

Bouba Chinois, pour le nommer, a été condamné par la Justice sénégalaise pour plusieurs délits. La dernière condamnation en date remonte à juste quelques mois. Jugé pour tentative d’assassinat, il a écopé de 5 ans de travaux forcés pour coups et blessures volontaires contre la perpétuité qui était visée par le Procureur de la République.

Mais cette peine purgée avant sa comparution devant la Chambre criminelle de Dakar, il a, aujourd’hui, recouvré la liberté. Bouba Chinois, à l’état-civil Boubacar Sy, la soixantaine passée, n’est pas méconnu des Services pénitentiaires. C’est en 1973 que les portes de l’hôtel zéro étoile vont s’ouvrir à lui, pour la première fois.

De la prison pour mineurs (Ford B) au Camp pénal, en passant par celle de Rebeuss, ce père de sept enfants ans a toujours fait parler de lui, à travers ses différentes condamnations. Très vite, les quatre murs de la prison ont fini par l’étouffer. Il fait, ainsi, partie des premiers à s’évader d’une prison au Sénégal.

Un 16 janvier 1988, alors qu’il était détenu à la prison du Cap Manuel, avec ses autres co-détenus, Bouba Chinois a versé une dose de somnifère dans la tasse de café du garde pénitentiaire M. Sène, avant de s’éclipser.

Bouba Chinois et la dose de somnifère versée dans la tasse de café du pénitencier M. Sène

Une fois dehors, un couple libanais a eu la malchance de tomber sur le groupe d’évadés. Ces détenus vont faire user de la force, pour s’emparer de leur voiture.

Même si leur cavale a réussi, la Police finira par mettre la main sur eux. Boubacar Sy et sa bande sont, cette fois-ci, poursuivis pour évasion, prise d’otage, coups et blessures volontaires, avec préméditation et administration de substance invisible.

Après ces différentes incarcérations, Bouba Chinois, qui hume aujourd’hui l’air de la liberté, a tout simplement vieilli. De son visage, paraissent ses traces vietnamiennes héritées de sa mère et ses cheveux poivre-sel.

innoAlex et Inno : un duo de feu que seule la mort a séparé

Ils ne sont ni frères ni jumeaux, mais partagent le même destin, le même triste “job” : voler, quitte à user des pires formes de violences. Inno et Alex, devenus au fil du temps, très amis, partagent aussi le même vice : l’évasion.

Inno, de son vrai nom Alioune Abatalib Samb, n’est pas méconnu des Services pénitentiaires, pour avoir séjourné, plusieurs fois, derrière les barreaux. C’est dans les années 90 que l’homme s’est révélé à la Gendarmerie et la Police.

Inno et sa bande ont, en effet, longtemps dérangé la quiétude des Sénégalais, n’hésitant pas à s’emparer de leur butin, quand l’occasion se présente à eux. Jugé et condamné, Abatalib Samb réussit une première évasion, qui va le mener en Belgique, alors qu’il n’avait pas plus de 20 ans.

Mais il est vite rapatrié au Sénégal, où il va reformer son propre gang, dont le cerveau principal était son ami Alex. Alors qu’il est, activement, recherché par les services de renseignement de la gendarmerie, l’homme est vite neutralisé au cours d’une opération de la police et remis en prison.

Son pote Alex, qui a réussi, ce jour-là, à échapper aux hommes en tenue, sera également arrêté quelque temps après, à Ross Béthio, dans la région de Saint louis.

A peine a-t-il été acheminé à Rebeuss, qu’Inno tentera une seconde évasion, avec la complicité, dit-on, de quelques responsables de la Maison d’arrêt et de correction, ce qui a, d’ailleurs, secoué l’Administration pénitentiaire.

Alex, alors, resté en prison, tentera, également, plusieurs fois, de s’éclipser, mais c’était sans compter avec la vigilance des matons qui le surveillaient comme de l’huile sur le feu. Alassane Sy de son vrai nom ainsi que 5 autres détenus sont jugés et condamnés pour, entre autres délits, celui d’évasion.

Entre temps, les recherches pour retrouver le fugitif Inno se poursuivent et finiront pas porter leurs fruits. Devant le juge, il dit: ” je serais sincère pour vous dire que, si l’occasion se présentait à nouveau, je m’évaderais”.

Poursuivant, il ajoute : “à 100 mètres, les conditions de détention sont difficiles, c’est pourquoi je m’étais évadé. Avant tout, je suis un être humain. Après mon arrestation, j’ai fait 38 jours de cellule. Je suis interdit de cour et on me refuse les soins. Ma dignité humaine est bafouée dans la détention”. Comme pour dire qu’entre Inno et l’évasion, c’est une histoire de longue date.

Blessés au cours de leur seconde évasion, Inno et Alex n’auront d’autre choix que de se conformer à la vie carcérale. Celle du premier nommé commence alors à prendre une autre tournure quand en prison, il va faire la rencontre d’Abdou Latif Guèye.

Ce dernier, qui était le président de l’ONG “Afrique Aide Afrique” apporte un soutien moral et matériel à Alioune Abatalib Samb. Qui changea au fil du temps, au point de se familiariser avec le Coran.

Hélas pour lui, les sévices corporels dont il a été victime, à la suite de ses différentes évasions, finissent pas lui ôter la vie. Evacué au Pavillon spécial de Le Dantec, Inno meurt des suites d’une insuffisance rénale.

Pendant ce temps, Alex a presque perdu la mobilité de ses jambes, croupit à la prison du Camp pénal de Liberté 6, où il a été condamné, pour, entre autres délits, viol collectif, vol avec des circonstances aggravantes et association de malfaiteurs. N’ayant plus les moyens de s’évader, Alassane Sy va devoir prendre son mal en patience, car il a été condamné à la perpétuité ; et par conséquent, restera en prion jusqu’à sa mort.

thialéThialé: Depuis le 25 décembre 2015, Thialé, à l’état-civil Mansour Diop, est activement recherché. Après qu’il a, tout simplement, fondu dans la nature.

Après son évasion de Rebeuss, Thialé, à la gâchette facile, court toujours

C’est du mur de la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss que le détenu a réussi à s’évader, alors qu’il devait comparaître devant la Chambre criminelle de Dakar, pour vol avec violence commis la nuit, détention d’armes à feu, rébellion…

Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce fugitif, activement, recherché, fait partie du gang qui a attaqué et dépouillé de ses biens l’artiste Waly Seck, alors qu’il revenait d’un enregistrement à la Sen Tv.

Son arrestation en 2013 n’a pas été de tout repos pour la Police. En ce moment encore, les recherches pour le retrouver se poursuivent et tenez-vous bien, Thialé n’hésite jamais à se servir d’arme pour commettre ses délits.

bangaly kantéA l’image de Bangaly Kanté, ces prisonniers, qui ont trouvé la mort, au cours de leur évasion

A l’image de Inno et Alex, ce groupe de jeunes de la région de Tambacounda était méconnu de l’opinion publique, jusqu’au jour où il réussit à voler, à coup de plus de 250 millions F Cfa, un commerçant de la région, dans le courant du mois de juillet 2014.

Les malfaiteurs ont, en effet, démonté le toit de la quincaillerie du commerçant, avant de s’emparer de son argent, dont la grande partie lui avait été confiée par des fils de la région installés à l’étranger.

Près de trois mois plus tard, l’enquête ouverte et menée par la Brigade de recherche de Tambacounda porta ses fruits : trois jeunes dont un mineur sont mis aux arrêts. Alors, détenus à la Mac de Tamba, ils profitent de la prière de la fête de Tabaski, pour tenter de prendre la poudre d’escampette.

Ils opposent une résistance farouche aux gardes pénitentiaires, qui n’ont pas d’autre choix que de dégainer leurs armes sur eux, occasionnant ainsi des blessés. Le moins chanceux, Bangaly Kanté, succombe à ses blessures, pendant que son co-détenu est transféré à l’hôpital pour des soins. Son séjour sur place sera de courte durée, puisque des Eléments Polyvalents d’Intervention (EPI) viendront le cueillir, direction la prison centrale de Rebeuss.

Boy Djinné: Le jeune homme n’est plus à présenter, dans le paysage médiatique sénégalais. En l’espace de quelques mois seulement, l’on peut dire que Boy Djinné est devenu le prisonnier le plus populaire du Sénégal, après l’ancien détenu Karim Wade.

BOY DJINEBoy Djinné ou le Michael Scofield sénégalais, celui dont l’évasion réussit toujours

Modou Fall, à qui on a fini de coller le sobriquet de Michael Scofield sénégalais, a plus d’une fois réussi à s’évader de prison et d’un Commissariat de police où il était gardé-à-vue. C’est en 2009 qu’il va tenter sa première évasion, bien évidemment, réussi au Commissariat central de Dakar, où il était gardé à vue. D’après le policier qui était en garde, cette nuit-là, “le fugitif s’était transformé en margouillat”, renseignait Libération, il y a de cela quelques semaines.

Il sera rattrapé par la Division des Investigations Criminelles (DIC) et remis en taule. Une fois sa peine purgée, le Michael Scofield sénégalais va continuer à dérober les pauvres citoyens de leurs biens. C’est ainsi qu’il est arrêté à Ziguinchor avant que la DIC ne soit chargée d’aller le cueillir dans la région du Sud du pays.

Seulement, dommage pour les flics, puisque Boy Djinné a réussi à s’éclipser, avant leur arrivée. Une cavale qui va le mener jusque dans sa région natale, Diourbel où il sera cueilli, une énième fois. Bref, entre l’évasion et Boy Djinné, c’est une longue “idylle”. Dans la mesure où ce dernier s’est évadé des Commissariats de la Médina, des Parcelles Assainies et de Diourbel.

BOY DJINNESa récente évasion à la prison centrale de Rebeuss est tout aussi spectaculaire que les autres. En effet, le détenu, alors qu’il était en isolement, a tenté un coup réussi. Il sera porté disparu, pendant plusieurs mois, avant d’être signalé en terre gambienne, où il est cueilli par les limiers du pays de Yaya Jammeh.

Qui, refusent de l’extrader vers le Sénégal. Une attitude qui a suscité les commentaires les plus fous à Dakar et environs. Boy Djinné se la coule douce chez Jammeh et se tape même une épouse sur place. C’est à Kalifourou plus précisément, non loin de la région de Tamabacounda, qu’on a mis fin à sa fuite, à quelques jours de la fête de korité.

A la prison de Rebeuss où il dort depuis qu’il a été placé sous mandat de dépôt, Modou Fall a entraîné, cette fois-ci, dans sa chute, son épouse, une de ses sœurs et son mécanicien.

Les évasions de Boy Djinné, Bouba Chinois ou encore de Thialé, toujours en fuite, ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Plusieurs autres détenus des prisons du Sénégal ont réussi à se faire la belle. Les uns rattrapés dans leur course poursuite avec les hommes en tenue, les autres ayant trouvé la mort ou tout simplement réussi à se fondre dans la nature.

Il faut, aussi, noter que ces détenus, qui ont toujours eu la prouesse de réussir leur coup, pour justifier leurs actes, avancent, la plupart du temps, les mauvaises conditions de détentions, dans les Maisons d’arrêt et de correction qui peuplent le pays.

Ndèye Awa BEYE (Actusen.com)

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