Que les migrants sénégalais, gambiens, ghanéens, nigérians, algériens, tunisiens et ivoiriens, récemment venus en Italie, se le tiennent pour dit. Désormais, tout migrant débouté du droit d’asile en recours, et dans l’attente de leur potentielle expulsion, devra verser une caution de 5 000 Euros, soit plus de 3 millions F Cfa, sous peine d’être envoyés en centre de rétention, encore connu sous le nom de Centre permanent de rapatriement (Cpr), pendant l’examen de leur dossier. Cette caution, considérée comme rançon, sonne comme une garantie financière et semble être une manière pour le Gouvernement de Giorgia Meloni de décourager les migrants de venir sur son sol.
Les Sénégalais, aux côtés de leurs frères ghanéens, ivoiriens et gambiens dont les pays sont dits « sûrs » par le Gouvernement italien et récemment venus en Italie, après le mois de mars dernier, ne dorment plus du sommeil du juste. Désormais, la protection spéciale, un permis de séjour délivré au requérant asile qui ne peut pas obtenir la protection humanitaire internationale, mais pour lequel la Commission territoriale estime que le risque de persécution ou de torture existe en cas de retour au pays d’origine, n’est plus délivrée aux nouveaux migrants, après la date du 11 mars dernier, coïncidant avec la signature du Décret de ‘’Cutro’’, qui trouve son nom dans une ville de Calabre tristement connue après le naufrage d’une embarcation de migrants fin février et où plus de 80 personnes parties de Turquie avaient perdu la vie.
D’après le décret de ‘‘Cutro’’, les ressortissants des pays dits sûrs ne peuvent en principe prétendre à l’asile en Italie
Selon nos renseignements, les migrants, qui viennent du Sénégal, de la Gambie, du Ghana et de la Côte d’ivoire, du Nigéria, de l’Algérie et de la Tunisie, considérés comme des pays sûrs par le Gouvernement italien, et dont les ressortissants ne peuvent pas en principe prétendre à l’asile, ne peuvent plus bénéficier d’une protection spéciale à compter de la date du 11 Mars 2023. La seule alternative pour ces migrants est de postuler pour bénéficier d’une protection humanitaire internationale – la protection humanitaire vise à prévenir, réduire et répondre aux risques et conséquences des violences, privations et abus dans les contextes humanitaires – ou d’une protection subsidiaire, attribuée à l’étranger qui ne remplit pas les conditions d’obtention du statut de réfugié et qui prouve qu’il est exposé dans son pays à l’un des risques suivants : peine de mort ou exécution.
La rondelette somme de 5000 Euros fixée comme caution à chaque migrant qui veut séjourner en Italie, en attendant l’examen de son dossier de recours
Désormais, tout migrant venu de ces pays dits sûrs et qui voit sa demande d’asile rejetée ne peut plus séjourner sur le territoire italien. A défaut, il peut commettre un avocat pour engager un recours, à condition de verser au Gouvernement italien une caution de 5000 Euros, soit 3 250 000 F Cfa. En effet, c’est la dernière mesure en date lancée par l’Italie pour décourager les migrants de venir sur son sol. Ledit décret, publié le 21 septembre dernier au journal officiel, prévoit que les exilés en attente d’une décision concernant le recours de leur asile devront verser une caution de 5 000 euros, sous peine d’être envoyés dans un centre de rétention (Centre permanent de rapatriement -Cpr) pendant cet examen.
Cette garantie financière, de 4 938 euros précisément, est censée couvrir les frais de logement et de subsistance pour une personne pendant un mois, ainsi que le coût de son rapatriement en cas de rejet définitif de sa demande, explique le site d’information ‘’Informigrant’’. Aussi, sera-t-il exigé des personnes ayant tenté de se soustraire aux contrôles à la frontière ainsi qu’à celles provenant d’un pays dit « sûr » et qui, en principe, ne peuvent donc prétendre à l’asile. D’ailleurs, même si le requérant « disparaît indûment », la caution dont il s’est acquitté sera prélevée, précise le texte.
Centres permanents de rapatriement : Les Centres de rétention ou prisons des migrants
Il faut dire que la rétention (détention ?) des demandeurs d’asile en recours est en ce moment au cœur des préoccupations du Gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni. La semaine dernière, une autre annonce a prévu de porter à 18 mois la durée maximale de rétention des demandeurs déboutés, contre 40 jours renouvelables actuellement (138 jours maximum). Rome entend ainsi éviter que les autorités italiennes soient légalement contraintes de relâcher des étrangers frappés d’une décision de reconduite à la frontière, au cas où la procédure d’expulsion n’aboutit pas dans le délai imparti.
Amadou DIA