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Thérèse Faye Diouf, Directrice Anpectp : «bientôt des programmes pour les tout-petits sur le Canal 20 de la Tnt»

Confinés en raison de la pandémie du coronavirus, les tout-petits ainsi que leurs parents subissent tant bien que mal cette restriction inopinée. Face à cette situation, la Directrice générale de l’Agence Nationale de la Petite Enfance et de la Case des Tout-Petits (Anpectp), Thérèse Faye Diouf compte bien accompagner cette couche vulnérable touchée par cette situation. Dans cette interview, elle a annoncé une continuité de la prise en charge nutritionnelle aussi bien pour les enfants des structures de développement intégré de la petite enfance que ceux des «daaras». Mme Diouf affirme également qu’une continuité pédagogique existe à travers des programmes bientôt disponibles sur la chaine «canal 20» de la TNT, mise en place en partenariat avec la RTS et l’UVS.

Madame la Directrice générale, pour freiner la propagation du coronavirus, le Président de la République a pris la décision de suspendre les cours dans toutes les structures scolaires. Cette mesure inattendue a-t-elle impacté la prise en charge des tout-petits ?

Tout d’abord, il faut reconnaître que la décision de fermer les établissements scolaires est une mesure salutaire parmi tant d’autres prises par le chef de l’Etat pour lutter contre la propagation du Covid 19. Il est clair aussi que cette mesure touche directement les enfants qui sont amenés, tout d’un coup, à rester à longueur de journée à la maison, souvent en face de la télévision, par moments en train de manipuler un smartphone ou s’adonnant à des jeux divers sans surveillance aucune. Les parents, les familles et les communautés sont également concernés par la mesure, car ils se retrouvent, de manière inopinée et inhabituelle, contraints, de jour comme de nuit, d’assurer bon an mal an la prise en charge des enfants qui, du reste, sont très vulnérables. Alors qu’ils ne sont pas habitués à être avec eux pendant tout ce temps et ne sont pas suffisamment préparés à leur offrir l’attention nécessaire, la stimulation et la protection qu’il faut. C’est dire que cette mesure inattendue, comme vous l’avez qualifiée, requiert des stratégies de notre part pour garantir une prise en charge continue et de qualité des enfants à la maison auprès de leurs parents qui, il faut le souligner, demeurent les premiers éducateurs à côté des personnels dédiés.

C’est pourquoi dès la prise de la décision, nous avons fait publier un communiqué et initié une circulaire pour inviter les personnels des structures de développement intégré de la petite enfance (Sdipe) et les parents à veiller au respect scrupuleux des règles d’hygiène édictées pour protéger les jeunes enfants contre le COVID-19. Par ailleurs, nous avons exhorté les parents à contrôler les enfants souvent enclins à rester longtemps devant les écrans et à les encadrer dans leurs apprentissages en privilégiant les jeux éducatifs, les contes, le langage, les mathématiques, etc.

Face à cette crise, que compte faire votre structure en termes d’accompagnement pour ces enfants d’autant plus que certains avaient l’habitude de se restaurer dans les cases des tout-petits ?

Effectivement, et je dois le rappeler que l’Agence Nationale de la Petite Enfance et de la Case des Tout-Petits gère 1678 structures de Développement intégré de la Petite Enfance (Sdipe). Parmi ces 1678 structures composées de 798 cases des tout-petits, 399 écoles maternelles publiques et 481 garderies communautaires (Rapport ANPECTP 2019), 471 structures assuraient, de manière régulière, un service de cantines aux tout-petits dans le cadre du volet santé nutrition, soit un taux de couverture de 31,80% (Rapport ANPECTP 2018). Ainsi, ces enfants bénéficiaient chaque jour d’un repas chaud et équilibré, améliorant ainsi leur statut sanitaire et nutritionnel.

Ce programme de cantine était étendu aux enfants âgés de moins de trois (3) ans qui fréquentent nos structures avec leurs mamans, d’où l’expression «couple mère-enfant ». A cette tranche d’âge extrêmement importante, une attention particulière lui est accordée, car l’adage dit bien : « tout se joue avant 3 ans ». En effet, ces enfants bénéficient de la distribution de farine améliorée dans les structures avec l’appui de nos partenaires, notamment de la Cellule de Lutte contre la Malnutrition (CLM). Ils sont également suivis sur le plan sanitaire et nutritionnel par les Conseillères familiales et pris en charge dans le cadre d’activités de stimulation et d’éveil précoces préparées par les personnels d’éducation et d’encadrement.

Tout compte fait, il faut relever que la cantine est un intrant de qualité indissociable d’une prise en charge et d’un développement harmonieux de l’enfant. C’est pourquoi des plans sont en train d’être concoctés et des stratégies mises en œuvre avec les acteurs et partenaires du sous-secteur de la petite enfance pour garantir la continuité de ce service. Un service sans lequel toute autre action en direction des enfants serait vouée à l’échec. Pour exemple, il est prévu, dans le cadre du Projet Investir dans les Premières Années pour le Développement Humain au Sénégal (PIPADHS), un appui nutritionnel (denrées de première nécessité, farine améliorée, etc.) pour les enfants des structures DIPE, les daaras. Les autres enfants vulnérables seront aussi concernés par cette intervention qui sera menée par les partenaires de mise en œuvre du projet notamment l’ANPECTP, la CLM, la Direction de l’Enseignement préscolaire, l’Inspection des Daaras et la Direction de la Promotion des Droits et de la Protection des Enfants.  Il s’agit donc par cette action fort appropriée, et à travers bien d’autres actions qui sont envisagées dans le contexte du COVID-19, de venir en appoint aux parents et aux familles afin d’assurer, au profit des enfants, la continuité de la prise en charge nutritionnelle dont ils bénéficiaient dans les Sdipe.

Un dispositif d’apprentissage à Distance a été également mis en place pour le suivi scolaire des élèves aussi bien dans les écoles que dans les daaras modernes, avez-vous prévu un procédé du genre si la situation ne se décante pas d’ici le 04 mai prochain ?

Je dois d’abord saluer l’heureuse initiative prise par le ministère de l’Education nationale consistant à mettre en place un dispositif d’apprentissage et d’éducation à distance, dénommé « apprendre à la maison » pour assurer la continuité pédagogique. Je dois le préciser, pour m’en féliciter, la petite enfance est bien prise en compte dans cet important projet. Et des programmes destinés aux tout-petits seront bientôt disponibles sur la chaine « canal 20 » de la TNT, mise en place en partenariat avec la RTS et l’UVS. Aussi, nos équipes continuent à travailler d’arrache-pied pour digitaliser et numériser certains contenus bien ciblés pour « occuper utilement et sainement » les enfants à la maison. Sur ce point, il n’y a donc pas beaucoup de soucis à se faire car la continuité pédagogique sera assurée. Et d’ailleurs, d’autres stratégies d’accès aux apprentissages sont également en cours de finalisation pour aider les parents à mieux accompagner les enfants.

Comme vous le savez le parent doit, plus que par le passé, jouer un rôle primordial dans ce contexte où il devient non seulement le principal mais surtout le seul éducateur/médiateur de son enfant. En attendant de franchir cette épreuve du coronavirus, restons tous avec nos enfants à la maison et aidons-les à bien profiter de ces moments en leur accordant du temps et de l’attention nécessaires à leur épanouissement.

Propos recueillis par Maguette Guèye DIEDHIOU (le Soleil.sn)

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