News Société UNE

(Chronique de Alioune Fall “Àf”) Est-ce que ce monde est sérieux?

J’emprunte les propos de cet illustre rossignol parolier pour s’interroger sur le sérieux de ce monde. A mon tour je demande est ce que ce pays est sérieux ?

Essayer de comprendre est une rude épreuve. C’est le tournis, c’est une envie démentielle de s’étrangler, un désir de sommeil profond. On peut bien envier les toxicos dont les moments de lucidité sont on ne peut plus rares. Mais comme l’avait dit le légendaire Dany Crane « A la Nouvelle Orléans, le bas est le haut, et le haut est le bas ». J’en dirais autant pour notre cher pays. Un pays étonnant, peuplé de citoyens tout aussi surprenants. Et pour illustrer le paradoxe, remarquez l’inversion de l’échelle des valeurs et l’effondrement des références. Chaque jour qui passe, chaque déclaration faite par les élites nous rappelle notre absurdité.

Que personne ne s’indigne. De qui se moque-t-on pour oser vouer aux gémonies des personnes que nous avons-nous même portées en triomphe? L’absurde de Sisyphe n’est pas le fait de s’inscrire dans un éternel recommencent mais c’est depuis le commencement. Chaque commencement est empreint d’une parfaite conscience que son acte ne le mènera nulle part ; que son effort sera vain au faîte de la montagne. Sisypheen bon « doomijolof » sait qu’il est condamné. Il adhère à son chatiment ; c’est à cœur joie qu’il consacre toute son énergie à l’accomplissement d’un acte qui ne fait que l’abrutir davantage.

Bon… trêve de métaphore allégorique et de parallélisme, voyons simple et élémentaire. Si la mouvance présidentielle remporte une majorité de plus de 75% lors des législatives c’est que leur programme de législature a bien séduit les sénégalais. Qu’on ne se laisse pas distraire par la douleur que les députés nous infligent, ne le ressentons pas au premier degré. Patientons et résistons un tout petit peu, il en ressortira, au second degré une sensation jouissive. On en rira tant quand Moustapha Cissé LO soutient mordicus que Ousmane SONKO a tort de prêcher l’imposition des émoluments. N’hésitant pas à renvoyer le jeune député à l’école, il nous présente ce que l’hémicycle nous réserve de plus détestable : c’est l’ignorance. Une ignorance inacceptable puisque pour la plupart du temps, il ne leur est même pas demandé de comprendre ce qu’ils votent mais juste de les lire. Vous imaginez certainement Ousmane SONKO, se démenant tel un diablotin au milieu des génies, faisant des va-et-vient à la recherche des lumières des experts ou farfouillant ici et là dans les tiroirs des autorités pour nous gratifier des sorties légendaires. Bah non. Il en est loin. Je fais partie de ce qui pense que le nouveau député ne met à contribution qu’une infime partie des connaissances requises pour prétendre diriger une association ; mais qui sont assez suffisantes pour nous révéler le vrai visage de ceux qui prétendent parler au nom du peuple. L’ignorance s’excuse par moment. C’est la paresse qui est un vice. La paresse de lire ce qui est écrit sous les yeux. Si ce n’est cela, c’est le syndrome de la marmotte qui fait que même quand on lit pour eux, ils n’écoutent pas. Ils n’entendent pas parce qu’ils dorment. Logique. Ça arrive quand on nous raconte des choses qui ne nous intéressent pas. On ronfle en attendant la pause ou la fin pour encaisser des « PER DIEM » de 10.000.000 FCFA.

Nous ne sommes pas sérieux parce que nous ne savons que rire de notre sort. Très enclins à amener nos héros à la guillotine, nous caressons avec une main de velours ceux qui nous écrasent avec une main de fer. Prince d’hier et princes d’aujourd’hui. Courtisans d’hier et ceux d’aujourd’hui, d’un courage mal exposé ou d’un lapsus innocent, on nous présentait la fonction de Dircab sur un tableau peu reluisant « un suq » (subalterne). En bon « suq », il va au charbon pour son maitre, l’insulte à la bouche emportant tout sur son passage y compris les enseignants « maitre chanteurs ». Ceux qui chantent le font si bien, qu’en bons répondeurs automatiques et en chœur, ils prennent pour offense un simple appel au débat. Quoi de plus normal dans une démocratie. L’attitude qu’on a face à la contradiction détermine l’aptitude intrinsèque de la personne à pouvoir évoluer dans la République.

En feignant l’indifférence, les pontes du régime prennent très au sérieux le leader de Rewmi. Mots comme poignards, ses coups se font bien sentir. Un coup !  les courtisans répondent en chœur. Un coup ! le chef sort de sa retraite et minimise. Un coup ! le maitre décide de partir en campagne. Inauguration de route et échanges avec les acteurs économiques de la zone. Comme déjà vu ; campagne électorale déguisée et débauchage en vue et débauchage attendu. Filet tendu et poisson impatient d’y trouver un havre de paix. Que disent les wolof sur la concomitance des besoins entre celui qui cherche compagnie et celui qui est en quête d’abri. Si Bamba FALL rejoint les rangs de l’APR, ce ne serait, en rien, inattendu. Des scénarios plus inattendus sont survenus dans ce beau pays.

L’entente entre élites se passe comme dans une belle histoire d’amour. Artistes, intellectuels, politiciens, marabouts…un cartels des élites qui n’en ont, à vrai dire, que pour leurs intérêts, se distribuent et se partagent des occasions de gagner de l’argent. Dans un monde plus juste, les attitudes impitoyables telles que dépenser des dizaines de millions de francs CFA pour faire danser des populations qui « crapahutent » aux bords des puits pour étancher leur soif. Que dire des autres laisser-pour-comptes qui, en plus de la chaleur et de l’abondance des cours d’eaux dans leurs terroirs n’arrivent pas à se mirer dans un verre d’eau. Finalement, ce qu’il nous manque c’est de la pitié pour nos concitoyens. En attendant, les conclusions des avocats de Khalifa SALL ne changeront pas la donne. On s’y est trop embourbé pour que le maire sorte indemne de cette situation. Entre les deux éventualités, la moins pire est qu’il soit condamné. L’autre éventualité le sortirait grand gagnant et comme on veut le faire perdre, il se satisfera de la petite publicité qu’on lui a fait avec son séjour carcéral. Au prochain candidat ! Candidat à la chefferie de Reubeus. L’ex-alternative de Bamba FALL. Sacré Bamba toujours en quête de combinaison gagnante. Le Bon Dieu est pour les patients. Le Sénégalais pour les médiocres et les flagorneurs. Et s’il m’était donné de choisir une nationalité pour l’avenir, je resterai Sénégalais car, vu notre quotidien et à quel point nous sommes mal barrés, j’ose espérer avec force optimisme que notre sort ne peut que s’améliorer. Tel est le destin de tous ceux qui ont déjà touché le fond.

En 2019, la pierre va encore retomber et Sisyphe reprendra son mouvement.

Alioune FALL « Af »

Dans la même rubrique...

Accident de Koungheul : le ministre El Malick Ndiaye pousse un gros coup de gueule et fustige le comportement des chauffeurs

Actusen

14 morts et plusieurs blessés à Koungheul : le ministère de la Santé fait le point 

Actusen

Après l’accident de Koungheul : les nombreuses mesures annoncées par le ministre des Transports, El Malick Ndiaye

Actusen

Laissez un commentaire