Elle fut infernale, la traversée de ce long et pénible désert. Que de critiques essuyées.
Que de coups bas encaissés. Tellement de manoeuvres de la part d’auteurs tapis dans l’ombre, dont les desseins souvent prohibés par la morale et la société pour attenter à l’honneur d’un homme qui s’investit pourtant corps et âme pour sa nation.
La densité des coups en dessous de la ceinture et la fréquence des attaques
atteignirent des proportions inquiétantes qui frisent quelques fois même le ridicule. Beaucoup à défaut d’être en mesure d’occuper le poste, et de voir en sus les revers se succéder, en veulent terriblement au coach qui inéluctablement pour eux, demeure la cause principale des échecs répétés de l’équipe. Alors que certains n’hésitent pas à user de voies illégales pour parvenir à leur triste fin.
Quid des dirigeants du football affligés, quid des joueurs se sentant lésés, quid même des supporters révoltés, chacun a essayé à sa manière de blâmer, juger, critiquer, condamner j’en passe, le coach; le mettant dans une posture vraiment inconfortable alors que lui, avait seulement besoin de quiétude, de synergie et d’ondes positives pour évoluer d’une manière qui permette à l’équipe de prétendre sérieusement à des succès retentissants. Mais rien n’y fit.
L’atmosphère s’est électrifiée ces derniers mois et le débat sans fond véritable, est allé dans tous les sens au grand dam de l’équipe et des joueurs sur qui, pesait une pression inutile. On aurait dit qu’au Sénégal, il y a 16 millions d’entraîneurs et 16 millions de consultants en football.
Par curiosité, je suis tombé avant hier sur un post d’un concitoyen qui proposait à Aliou Cissé un système de jeu en 4-4-4, omettant que l’effectif d’une équipe en football se limite à 11 acteurs. Un autre déclinait son souhait de voir Tony Sylva, dans les buts ou encore de classer El Hadj Diouf. L’excès de passion prît clairement le dessus sur la raison. Et la mission dès lors devenait plus ardue encore pour le coach qui en plus des performances footbalistiques sur le terrain devait gérer des émotions afin de préserver l’état d’esprit de ses joueurs en les tenant loin des futilités après s’être bien sûr, mis lui-même hors d’atteinte de tous ses assauts malveillants et haineux.
Mais comme il se définit assez souvent, Aliou a su en « homme structuré » garder sa sérénité, implacable sur son chemin pour imprimer sa marque quels qu’en soient les résultats et les conséquences. Et pourtant ses chiffres à la tête de l’équipe nationale sont plus qu’évocateurs de la qualité de son travail. Installé à la tête de la sélection nationale le 5 Mars 2015, le technicien de 43 ans a disputé 44 matchs à ce jour.
Obtenu 27 victoires, 11 matchs nuls contre seulement 5 défaites. Soit un ratio de 61% de succès. Il a réussi dans la foulée à qualifier l’équipe au mondial 2018, après 16 ans d’absence. A la CAN 2017, il parvient à franchir la phase de groupe après 11 ans de disette.
En 2019, CAN en cours, il hisse le Sénégal en démi-finale de la compétition élargie à 24 nations 13 ans après. Sans compter le classement fifa du Sénégal dans le top 25 des meilleures nations de football du monde et la première nation africaine quasi indéboulonnable à cette station depuis un bon moment.
Cerise sur le gâteau, son effectif le plus complet ces dernières années des sélections africaines est plus que jamais enviable grâce à ses joueurs de renom tels que Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gana Gueye, la liste est loin d’être exhaustive.
En somme Aliou est statistiquement parlant le meilleur sélectionneur sénégalais de l’histoire! Mais n’eut été son mental d’acier, point de performances à mettre dans son escarcelle. Car l’ambiance morose et tendue ne s’y prêtait pas. Aujourd’hui que la voie se dégage beaucoup arrivent enfin à lire les messages forts qui suintent du visage noyé derrière les dreadlocks de ce personnage emblématique.
Jamais sur la défensive, il préfère toujours arborer le manteau du silence et s’exposer pour laisser les rumeurs couler à flots sur sa personne pendant que lui se concentre sur son objectif. Ce qui fait qu’il soit très froid dans ses choix même si critiqués. Cissé séduit en outre par son humilité qui se traduit jusque dans son coaching. Le fait juste de refuser le statut de favoris pour son équipe à cette CAN prouve qu’il est modeste et ne veut pas sportivement presser ses joueurs qui se devaient d’entamer la compétition dans la plus grande sérénité, match après match.
Aujourd’hui plus que jamais, lui et son groupe ont besoin du soutien de tous pour libérer enfin ce peuple soif de trophée qui court, investit et travaille depuis des années pour goûter au sacre final. Vivement!
Unissons-nous !
Papa Ibrahima Diassé