Juste après sa nomination comme Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), ce vendredi, dans la capitale française, par son homologue français, Macky Sall a aussitôt partagé l’information pour s’en réjouir. « Je remercie le Président Emmanuel Macron pour son invitation au Forum de Paris. Devant les pays et institutions partenaires, j’ai accepté avec plaisir sa proposition d’être l’Envoyé spécial du Pacte de Paris pour la Planète et les Peuples (4P), afin d’aider à la mise en œuvre, avec l’assistance du Secrétariat général de l’OCDE, des Conclusions du Sommet de Paris de juin 2023 pour un nouveau pacte financier mondial», a écrit le président sénégalais sur ses pages officielles.
Devant le pupitre pour prononcer ensuite son speech, Macky Sall réitère ses remerciements à Emmanuel Macron, Président français, pour son accueil, non sans remercier dans la foulée les panélistes pour les échanges intéressants sur les acquis depuis le Sommet de Paris pour un nouveau Pacte financier mondial, et les perspectives en direction de la COP28. S’agissant du suivi des Conclusions du sommet, Macky Sall estime qu’il nous faudra être à la fois volontaristes et réformateurs pour changer de paradigmes, si nous voulons sortir des sentiers battus.
«C’est par volontarisme que le G20 a pu admettre l’Afrique en son sein, et que les pays membres du FMI, lors de leurs dernières Assemblées, ont décidé d’augmenter les ressources du Fonds et d’octroyer au continent un 3e siège au Conseil d’Administration. Voilà deux bonnes raisons de croire que la réforme de l’architecture financière mondiale est possible », argumente le Président sénégalais devant l’Assemblée. Se voulant plus explicite, il ajoute : « Au fond, il ne s’agit pas de prôner une révolution, mais une évolution de la gouvernance économique et financière mondiale afin qu’elle soit plus inclusive et reflète mieux les réalités de son époque ». Car, rappelle Macky Sall, « l’objectif du Sommet de Paris était de baliser la voie pour la réforme du système financier international, l’amélioration de la protection de la planète et la mobilisation de ressources en faveur des pays les moins nantis par des financements à faible coût».
Macky Sall indique la voie à suivre : «les banques multilatérales de développement devraient davantage simplifier leurs procédures d’approbation pour mieux répondre aux besoins, souvent urgents des pays bénéficiaires»
Face aux limites de l’aide publique au développement, Macky Sall soutient qu’il est nécessaire de travailler à la révision des conditions d’accès au crédit export, en assouplissant les règles de l’OCDE sur les taux du crédit et la durée des délais de grâce et des périodes de remboursement. «Cela permettrait de mobiliser plus de ressources pour le financement des projets de développement et le soutien à l’investissement privé, pour une croissance et une prospérité partagées», dira-t-il.
Toujours dans les habits d’un acteur clé à la recherche de solutions, Macky Sall ajoutera que « les banques multilatérales de développement devraient davantage simplifier leurs procédures d’approbation pour mieux répondre aux besoins, souvent urgents des pays bénéficiaires ». C’est pourquoi d’ailleurs, il a tenu à faire ce plaidoyer : « Il me semble nécessaire d’accentuer la lutte contre les pratiques fiscales abusives (congés fiscaux abusifs) et illicites (évasion fiscale) qui privent les pays d’importantes ressources internes pour le financement du développement ». Toutefois, le Président sénégalais estime qu’ « il est heureux que l’OCDE ait donné le ton sur ce sujet en adoptant en octobre 2021 l’Accord historique sur l’impôt minimum mondial de 15% ».
«Protéger le climat en aggravant son fardeau de la dette, alors qu’on pollue le moins et qu’on subit le plus les effets du réchauffement climatique est une vraie injustice», dénonce M.S
Arborant dans la foulée son écharpe d’activiste pour le climat, notre Président dira qu’ « il y a la question inévitable de la justice climatique », pour donner un autre ton ». « Les pays en développement s’endettent pour financer leurs projets sobres en carbone et résilients au changement climatique. Protéger le climat en aggravant son fardeau de la dette, alors qu’on pollue le moins et qu’on subit le plus les effets du réchauffement climatique est une vraie injustice ; surtout que, pendant ce temps, nous peinons à mobiliser les 100 milliards de dollars par an convenus pour soutenir le financement de l’action climatique des pays en développement », dénonce Macky Sall devant des représentants d’États, d’organisations internationales, d’entreprises, de banques de développement, de fondations, d’ONG et d’autres acteurs du monde entier. A leur endroit, il rappelle par ailleurs que nombre de pays africains font des efforts significatifs en matière de transition énergétique et de financement de projets verts. « A titre d’exemple, 31% de nos capacités électriques installées du Sénégal proviennent de sources d’énergies renouvelables ; et nous avons l’ambition de porter ce taux à 40% d’ici 2030 avec le soutien de nos partenaires du JETP », signale-t-il.
Il faut dire que le président de la République prend part au Forum de Paris sur la paix dont les travaux portent cette année « sur le suivi du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial de juin 2023 ».
Amadou DIA (Actusen.sn)