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Situation à Dakar Dem Dikk : les contre-accusations de l’Intersyndicale contre la tutelle

Après les révélations du ministre El Malick Ndiaye sur la situation à Dakar Dem Dikk, l’intersyndicale des travailleurs de ladite société a tenu son Assemblée générale au détour de laquelle, les secrétaires généraux des syndicats ont apporté des réponses sur certaines accusations portées par le ministre des infrastructures, des transports terrestres et aériens. « C’est avec le cœur meurtri que l’intersyndicale des travailleurs de Dakar Dem Dikk a convié la presse à cette Assemblée générale pour évoquer et évaluer les 130 jours de gestion de notre directeur général, M. Assane Mengue. Nous souhaitons également apporter des éclaircissements aux propos politiciens de notre ministre de tutelle, M. Malick Ndiaye, concernant la situation de Dakar Dem Dikk », dira d’emblée le Secrétaire général Madiaw Khor Mbengue.

En effet, bien qu’étant une société juridiquement privée à participation majoritaire de l’Etat du Sénégal, la Société DDD assume une mission de service public, dont la dimension sociale est garantie par l’Etat. Ainsi, selon les syndicalistes, « ce contexte implique un soutien constant de l’Etat pour maintenir les prix des titres de transport, en dépit des réalités économiques fluctuantes. » Et en réponse aux récentes déclarations de M. El Malick Ndiaye, l’intersyndicale des travailleurs de Dakar Dem Dikk tient « à souligner que ses propos, tenus dans le cadre d’une conférence de son parti, ne reflètent pas la réalité ».

Selon le Secrétaire général Masseck Ndiaye, « Dakar Dem Dikk a une mission de service public, ce qui signifie que l’accompagnement de l’État doit être permanent. » A ce titre, il indique que « le déficit évoqué par le ministre résulte de plusieurs facteurs, dont la détérioration cyclique du parc automobile tous les trois ans, le maintien des prix des titres de transport à des niveaux datant de 1994, alors que le coût du carburant a considérablement augmenté, le non-versement périodique des compensations financières par l’État. »

Concernant l’appel des militaires lors des grands événements (Tabaski, Magal, Gamou etc…), Madiaw Khor Mbengue est formel : « le ministre n’a pas dit la réalité car Dakar Dem Dikk avait suffisamment de conducteurs pour convoyer tous nos bus qui étaient mis à la disposition des populations. » Ainsi, mettant au défi la tutelle, ils demandent « la publication de l’audit récemment commandité par le nouveau Directeur général ainsi qu’une présentation claire de l’évolution du déficit financier depuis la création de la société. »

Au sujet de la gestion interne de la société, l’intersyndicale se veut claire : « il est impératif que le ministre précise les accusations qu’il a portées, notamment en ce qui concerne la gestion des directeurs et des ressources de l’entreprise. » Le S.g Madiaw Khor Mbengue d’embrayer en ces termes : « Nous savons que plusieurs directeurs ont été mis à l’écart, contrairement aux déclarations du ministre. Par ailleurs, nous voulons savoir qui a financé les nombreux voyages effectués par M. Assane Mbengue depuis sa prise de fonction. Enfin, il est regrettable d’apprendre que M. Mbengue a réfectionné son bureau à coup de millions alors que celui trouvé à son arrivée était en parfait état. Pendant ce temps, les bus tombent en panne, faute de pièces de rechange, rendant encore plus difficile la mission de service public que nous devons accomplir. »

Demandant dans la foulée aux autorités de prendre leurs responsabilités en assurant un meilleur encadrement, une gestion transparente et un accompagnement financier adéquat pour permettre à la société de remplir pleinement ses missions, l’intersyndicale appelle également à un dialogue sincère et constructif entre la direction, les syndicats, et l’État pour résoudre ces problèmes qui minent l’avenir de Dakar Dem Dikk et de ses travailleurs. A ce titre, Masseck Ndiaye renseigne que le 18 juillet 2004, le Directeur général, M. Assane Mengue, a reçu tous les secrétaires généraux des syndicats de Dakar Dem Dikk, qui lui ont remis un mémorandum contenant 23 points de revendications, dont les points les plus urgents sont la signature de l’accord d’entreprise, l’amélioration des conditions de travail, l’épongement des dettes sociales, le paiement et la régularisation des primes dues aux travailleurs, et l’établissement d’un calendrier de rencontres périodiques avec les secrétaires généraux. « A ce jour, aucun de ces points n’a trouvé de réponse satisfaisante, malgré une augmentation du chiffre d’affaires, que le directeur général évalue entre 20 et 50 millions de FCFA par jour. Cette incapacité notoire à gérer les affaires internes de la société a aggravé le climat social, avec des mouvements d’humeur grandissants au sein des différents corps de métier », ajoutera le S.g Masseck Ndiaye, pour le déplorer. « Je tiens à saluer ici les techniciens, contrôleurs et receveurs pour leur engagement dans cette lutte. Malheureusement, d’autres corps, également victimes de conditions de travail inhumaines, menacent de rejoindre ce mouvement », prévient-il.

Amadou DIA (Actusen.sn)

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