C’était prévisible. Abdou Nguer est placé sous mandat de dépôt. Une décision fortement condamnée par beaucoup d’acteurs du monde politique. C’est le cas de Me Moussa DIOP qui n’a pas manqué la dernière sortie du secrétaire du gouvernement sur le décès de l’ancien ministre Moustapha DIOP. « Aucun acte n’a été posé lorsque le porte-parole du gouvernement a affirmé que l’ancien ministre Moustapha Diop a été tué. Il en est ainsi juste parce que ce dernier est membre de PASTEF ». De l’avis de Me Moussa DIOP, si le chroniqueur se retrouve dans cette situation juste parce qu’il dérange: « Le problème est que c’est Abdou Nguer qui dérange. La preuve, toutes les vérifications ont été faites et aucun élément n’a été trouvé. Ils sont allés jusqu’à arrêter le propriétaire du compte, objet de cette procédure. Et malgré tout, ils ont décidé de l’envoyer en prison juste pour faire plaisir à des militants du PASTEF ».
Me Moussa Diop : « Le problème est que c’est Abdou Nguer qui dérange »
Un argument que semble, aussi, partagé l’ancien député et président du mouvement « Agir ». Réagissant à cet emprisonnement, Thierno Bocoum parle de « symptôme alarmant d’un pouvoir fébrile. L’arrestation d’Abdou Guer illustre une fois de plus la fébrilité du régime actuel, incapable de tolérer la moindre critique. Cette panique, teintée de revanche et d’intolérance, révèle une incompétence manifeste, incapable de tenir des promesses, même celles sans coût financier ou dont les délais sont déjà dépassés ».
Thierno Bocoum: « L’arrestation d’Abdou Guer illustre une fois de plus la fébrilité du régime actuel, incapable de tolérer la moindre critique »
Thierno Bocoum a rappelé qu’ « après avoir emprisonné Bougane Gueye Dany, Abou Diallo, Bah Diakhaté, Moustapha Diakhaté, Oumar Sow, Ahmet Suzanne Camara, Ardo Gningue, Assane Diouf…et envisageant probablement d’autres arrestations, le régime franchit une ligne rouge ». « Comment justifier l’amnistie de ceux qui ont incendié des maisons, détruit des édifices publics, insulté des citoyens honnêtes, et volé des biens, tout en emprisonnant ceux qui osent exprimer une opinion divergente ? », s’interroge l’ancien député qui souligne que « lorsque des dirigeants, condamnés pour contre-vérités avérées, sont tolérés, ils devraient avoir la décence de ne pas museler leurs compatriotes sous prétexte de diffusion de fausses nouvelles ».
Thierno Alassane Sall: « Abdou Nguer agace parcequ’il n’a ni la vulgarité des chroniqueurs du Projet, ni leur servilité aveugle »
Pour sa part, le leader de la « République des valeurs » ne semble pas étonné. Selon lui, « tous les Sénégalais savaient que son arrestation n’était qu’une question de jours. Abdou Nguer agace parce qu’il n’a ni la vulgarité des chroniqueurs du Projet, ni leur servilité aveugle. Ce qui le rend insupportable, c’est qu’il allie une (im)pertinence caustique à une maîtrise de ses sujets qui insupportent au plus haut point l’exécutif, le Pastef et bon nombre de ses militants, pourtant habitués à en proférer des vertes et des pas mûres. Après bien d’autres, le voilà désormais aux prises avec le procureur.
Au Sénégal, seuls les tribunaux pour mal-pensants tournent à plein régime. Pendant ce temps, l’économie piétine, les entreprises se languissent, et l’enseignement supérieur accumule près d’une année de retard. Qu’on se rassure pour la croissance économique : ces procès politiques qui font tourner les tribunaux à plein régime nous hisseront sans doute à des sommets encore jamais atteints ».
Anta Babacar Ngom: « Rien ne saurait justifier le bâillonnement des consciences au nom d’une prétendue “tolérance zéro’’ »
« Trop, c‘est trop », dira Babacar Ngom. Dans un post sur sa page Facebook, la députée a indiqué que « rien ne saurait justifier le bâillonnement des consciences au nom d’une prétendue “tolérance zéro”. Oui à l’esprit de responsabilité, mais dans un État de droit, on enquête avant d’interpeller. On prouve avant d’accuser. La liberté est la norme. L’arrestation, l’exception. Le Sénégal n’a pas vocation à devenir une démocratie d’apparence gouvernée par la terreur. Ce peuple a trop souffert pour ses droits pour les voir piétinés dans le silence. En tant que parlementaire, je m’élève avec force contre cette mécanique d’intimidation qui menace l’équilibre de notre République. J’exige la libération immédiate et sans condition d’Abdou Nguèr, ainsi que la fin de ce cycle préoccupant de persécution politique. Le respect des libertés n’est pas une option. C’est une exigence démocratique ».
Actusen.sn