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Clôture dialogue Zlecaf : les avis des acteurs

A l’issue du dialogue politique avec les associations d’entreprises sur la mise en œuvre de la Zlecaf, certains acteurs ont donné leur avis sur ces échanges de 48h.

Christophe Eken, Président Chambre de commerce d’industrie, des mines et de l’artisanat du Cameroun déclare à cet effet:

« Nous avons été conviés en tant qu’hommes d’affaires du secteur privé pour donner notre avis sur la mise en œuvre de la Zlecaf. Nous avons constaté que dans le préambule de la Zlecaf, ils se basent sur les supports des Comités économiques régionaux. Mais dans certains cas, certains comités régionaux ont du mal à fonctionner. Alors, on se demande s’il ne faudrait pas revoir le fonctionnement de ces CER. Nous avons également posé une question importante, à savoir, la monnaie de référence. Avec quelle monnaie cette zone de libre échange va fonctionner, parce que nous avons 55 pays avec une vingtaine ou trentaine de monnaies. Alors, on risque de se retrouver lier à des conditions extrêmes qui peuvent nous affaiblir. La question de l’infrastructure est tout aussi importante. Il ne peut pas y avoir de libre-échange entre pays sans infrastructures routières. S’il y avait par exemple une autoroute qui relie le Sénégal au Cameroun, je pense que les produits des deux pays se retrouveraient d’un côté comme de l’autre sans avoir affaire à un accord. La loi viendrait après pour tout réguler. Il est impératif d’avoir une communication fluide au niveau des voies routières, ferroviaires et maritimes. C’est pour cela que nous avons beaucoup insisté sur ce point. Nous avons cru comprendre qu’on compte beaucoup sur le secteur privé, mais dans la mise en place de la Zlecaf, le secteur privé ne jouera à peu près que 20%. Mais si on met les infrastructures en place, toutes les conditions sur le plan tarifaire, sur la circulation des biens et des personnes, tout pourra se faire. Alors, nos dirigeants doivent à tout prix, faire en sorte que les produits et les personnes puissent circuler aisément, en simplifiant les procédures des visas. Nous avons également insisté sur la considération qu’on devrait avoir pour les petites et moyennes entreprises. Si on n’en tient pas compte, on aura bâti une forêt qu’avec des baobabs, or ce n’est pas possible. Nous savons que ce sera difficile, mais nous nous efforcerons de léguer aux générations futures, une Afrique et non des afriques ! »

Ibrahima Aidara, Directeur adjoint Open Society Initiative For West Africa (OSIWA) section Sénégal

« Ce dialogue de 48h entre la Commission de l’Union Africaine et les associations d’entreprises africaines pour leur implication dans le processus de la mise en œuvre de la Zlecaf a été une rencontre très importante. La Zlecaf vise essentiellement à accroitre le commerce intra-africain qui ne peut se faire sans le secteur privé, ni sans la production africaine. Donc, il est très important d’impliquer dès le départ, le secteur privé qui doit être le moteur de ces échanges. Il est apparu qu’effectivement c’est plus que nécessaire quand on voit le degré de connaissance de ces acteurs du secteur privé du processus de libéralisation. Si on veut faire de la Zlecaf un succès, il serait très important que le secteur privé soit suffisamment impliqué et éduqué en matière de libre échange continental. Le commerce se pratique déjà. Maintenant, est-ce qu’on peut lever les contraintes majeures qui limitent le commerce entre pays africains d’ici à juillet 2020 ? C’est ça la grande question. Je crois qu’il faut être réaliste. Ce ne sera pas possible d’ici à cette date. On va y aller progressivement, et la date de juillet 2020 est un point de départ sur lequel tout le monde est sensibilisé. On doit également accroitre le commerce entre les Etats. C’est bien d’avoir fixé une date. Ce serait également bien de renforcer le plaidoyer, de lever les contraintes, car il est plus avantageux de commercer entre nous que de commercer avec le reste du monde. »

Mme Rooma Narrainen, Responsable de la promotion commerciale et des échanges internationaux de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Ile Maurice

« C’est une première réunion de travail pour identifier les priorités du secteur privé africain et aussi discuter de la mise en œuvre de la Zlecaf. Comme vous le savez, la Zlecaf est supposée entrer en vigueur le 1er juillet 2020, donc, le secteur privé a un rôle important à jouer dans la facilitation des affaires. Pendant ces deux jours d’échanges, nous avons pu identifier certaines priorités liées au développement des infrastructures, aux systèmes de paiement, aux réseaux d’informations qui permettent aux hommes d’affaires de se connecter et d’échanger. On a également discuté sur comment booster l’industrialisation et inciter les africains à produire, investir et exporter en Afrique, car le commerce intra-africain, à ce stade, est encore très faible. Il y aura une libéralisation graduelle sur une période de dix ans. C’est un processus qui débute l’année prochaine et le secteur privé se prépare pour voir comment exploiter les opportunités qui s’offriront à lui. C’est pour cela que le travail que nous avons fait est important, parce que c’est un début et on essaie de mettre une barre solide pour que le secteur privé soit cohérent et qu’il puisse parler d’une seule voix avec l’extérieur, mais aussi avec l’Union Africaine et les Etats africains. C’est un vide que nous venons de combler dans cette réunion, et c’est important. »

Mounir Mouakhar, Président Chambre de Commerce et d’industrie de Tunis

« En Afrique il y a de grandes opportunités qui s’offrent à l’ensemble des opérateurs économiques. Il y a un capital humain qui est très important, qui est en train de se développer. Il y a des ressources naturelles, il y a une industrie qui existe dans différents pays. Mais je pense que c’est une excellente opportunité, c’est un défi exaltant pour les opérateurs économiques qui souhaitent avoir plus d’opportunités et de visibilité sur le marché. La Zlecaf représente un milliard deux cents millions de consommateurs et représente alors une opportunité pour les différents pays africains qui n’ont pas tous le même niveau de développement, ni les mêmes opportunités, ni les mêmes facilités. Il est sûr que l’engagement ne peut pas être uniforme pour l’ensemble des pays. Mais je crois que si on veut développer ce continent, il faut qu’on compte d’abord sur nos propres ressources, il faut absolument qu’on développe nos relations sud-sud. Il y a des opérateurs qui ont de très grandes capacités qui se sont adressés à des marchés tiers. Alors, je pense qu’une des priorités c’est de pouvoir toucher le marché africain en priorité. Donc, est-ce qu’on est tous prêts ? Sûrement pas. Est-ce que c’est une opportunité ? Je pense que oui. Est-ce que demain la Zlecaf peut voir le jour de façon importante ? Il faut espérer.

A la clôture du Dialogue politique des associations d’entreprises africaines sur la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine qui s’est tenu à Addis-Abeba les 26 et 27 novembre 2019, les recommandations suivantes ont été formulées :

-Collaborer et travailler de manière collective et inclusive à la création du Conseil africain des entreprises.

-Les participants ont estimé que le secteur privé africain devrait s’organiser pour soutenir les États membres et ont appelé à la mise en place rapide de comités nationaux de la Zlecaf qui sont essentiels à sa mise en œuvre

-Les participants ont appelé à une rescousse des investissements transfrontaliers afin d’utiliser le plein potentiel de la Zlecaf et ont identifié le Forum africain sur l’investissement organisé par la BAD comme ayant un rôle clé à jouer à cet égard.

Il a été convenu que la facilitation des échanges était essentielle au succès de la Zlecaf et les participants ont appelé les gouvernements nationaux à réduire les barrières non tarifaires et autres obstacles à l’accroissement du commerce intra-africain, en particulier en ce qui concerne la gestion douanière et frontalière.

-L’importance des systèmes régionaux de paiement a été soulignée et le rôle clé du système panafricain de commerce et de règlement établi par AFREXIMBANK a été reconnu et salué.

– Il a été estimé que lorsqu’il serait pleinement opérationnel, l’Observatoire africain du commerce aiderait à combler les lacunes en matière d’information.

-Il a été convenu que le secteur informel et les petites et moyennes entreprises (PME), y compris les femmes, les jeunes et les personnes handicapées, jouent un rôle clé dans le commerce et le développement en Afrique et devraient être soutenus pour renforcer les capacités, accéder au financement, y compris le financement du commerce, aux systèmes de paiement et devraient faire face à moins d’obstacles dans le commerce transfrontalier.  Ils devraient également être intégrés dans les chaînes de valeurs régionales.

-Il a été souligné que la Zlecaf représente une occasion cruciale d’accélérer l’industrialisation rapide et d’ajouter des valeurs pour soutenir l’agenda «Made in Africa».

-Il a été estimé que le succès de la Zlecaf nécessitait des améliorations dans les infrastructures liées au commerce, en particulier les installations de transport et de logistique, et que les gouvernements ainsi que les banques de développement continentales et régionales devraient faire les investissements nécessaires dans ce domaine.

-Les participants ont convenu que la mise en œuvre rapide des accords de soutien à la Zlecaf était la base d’une opérationnalisation réussie de ses arrangements.  Le Protocole sur la libre circulation des personnes et le marché unique du transport aérien africain a été mentionné en particulier.

-L’environnement des affaires a été identifié comme étant la clé du succès du commerce et de l’investissement au-delà des frontières.  Il a été estimé que les parties prenantes, en particulier les gouvernements et les institutions panafricaines, devraient accorder une attention particulière à la réduction des coûts et des risques liés aux activités commerciales sur le continent.

-Les participants ont convenu que la Zlecaf a changé la donne pour le développement de l’Afrique et ont appelé à la conclusion rapide des négociations de phase 1 et de phase 2 avec la pleine participation du secteur privé.  Ils ont également appelé à l’activation rapide des institutions pour soutenir la Zlecaf, en particulier son Secrétariat.

-Les participants ont en outre demandé des études supplémentaires pour examiner l’impact de la dynamique économique mondiale sur la Zlecaf ainsi que les implications des accords avec des partenaires externes sur la Zlecaf.

-Il a été relevé également, la nécessité d’établir une solide campagne de sensibilisation du public pour éduquer et informer les gens sur la Zlecaf d’une manière conviviale.

Par Aminatou AHNE (Envoyée Spéciale d’Actusen.sn à Addis-Abeba)

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